J'étais aux anges ! C'était puéril, mais intérieurement, je bouillonnais de bonheur. Les « je t'aime » d'Aymeric se faisaient rare, ce n'était pas une chose qu'il disait à la légère et cela me touchait d'autant plus. J'avais comme l'impression de sentir des vagues de chaleur et de bien-être ruisseler dans mes veines. Mes pieds ne touchaient plus le sol, je me sentais comme sur un petit nuage. Il était mon paradis.
C'était sûrement cet état d'euphorie qui m'avait empêchée de voir ce trente-trois tonnes nous foncer droit dessus...
J'avais appris plus tard que le chauffeur s'était endormi au volant et que son véhicule avait dévié de sa trajectoire. Le camion s'était alors retrouvé face à nous au détour d'un virage et avait violemment percuté la voiture d'Aymeric. Il n'avait rien pu faire, tout était allé si vite. Je n'avais même pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait lorsque j'avais été aveuglée par ses immenses phares, me déstabilisant juste avant l'impact. En un battement de cils, la moitié de la voiture s'était retrouvée écrasée comme une simple feuille de papier. Impossible de saisir ce que nous étions en train de vivre, sous le choc, je n'avais pas senti les nombreux morceaux de verre déchirant ma peau, la tôle froissée se resserrant contre nos corps, ni même l'os de ma jambe se fracturant avec violence. Je n'avais pas entendu le fracas chaotique du choc des deux engins, ou encore les crissements des pneus laissant leurs marques sur le bitume. J'étais sonnée, complètement assommée et abasourdie. J'avais réalisé l'ampleur de la situation uniquement quand j'avais entendu Aymeric chuchoter mon prénom. Apercevant son visage ensanglanté, je sortis de ma torpeur, me mettant à sangloter de panique en hurlant à l'aide lorsque je retrouvai la force de parler. Lui ne pouvait même plus crier. La voiture s'était retournée, j'avais les mains pleines de sang, le sien, le mien, je ne savais même plus. Des larmes roulaient le long de mes joues pendant qu'il me disait de me calmer. Il devait souffrir le martyre, mais il s'inquiétait pour moi plus que pour lui. Sa voix très faible et tremblante chuchotait mon prénom tentant de me rassurer. Il me disait que tout allait bien, tout son corps tremblait et sa voix se brisait, mais il continuait à tenter de me réconforter.
On m'avait sortie de la voiture en première et j'avais attendu des heures avant d'avoir de ses nouvelles. De terribles nouvelles qui m'avaient brisée. Je n'avais eu que quelques égratignures et une jambe cassée qui était aujourd'hui encore douloureuse par moment, comme un rappel de cette tragédie que je portais au quotidien. Aymeric, quant à lui, avait eu beaucoup moins de chance et je m'étais longtemps haïe pour cela. Ce soir-là, il avait pris la voiture pour me faire plaisir. Sans moi, il ne serait jamais allé dans ce restaurant, il ne se serait jamais retrouvé sur cette route à ce moment. Ou peut-être que si je n'avais pas été là il aurait été plus concentré sur la route et il aurait réussi à éviter ce camion. Peut-être que sans moi, il aurait pu continuer une vie saine et sans problèmes. J'aurais voulu échanger les rôles.
Mon petit ami avait été gravement blessé et souffrait de plusieurs hémorragies internes. Il avait dû subir de multiples opérations dont il ne s'était jamais réveillé. La dernière fois que j'avais vu ses yeux ouverts, c'était dans la voiture au beau milieu du chaos, avant que les pompiers nous sortent de cet enfer. Cette image me hantait jour et nuit. Depuis, il avait plongé dans un profond coma et les médecins n'avaient aucune indication sur le temps que durerait cette situation. De plus, Aymeric avait encore de graves séquelles. Tout au long de son coma, sa vie n'avait jamais été totalement hors de danger. J'avais plusieurs fois failli le perdre à cause des diverses complications liées à l'accident. Tous les jours passés loin de lui, j'espérais que son corps tienne le coup en retenant mon souffle. Et à chacune de mes visites, je me rassurais en vérifiant que ses constantes restaient stables.
C'était ma bouffée d'oxygène.
***
— Mia, j'adore ton balcon ! m'exclamai-je en soupirant d'aise.
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Reste - Tome 1 (Sous Contrat D'édition)
Romance« Jusqu'à ce que la mort vous sépare » Julia n'y croit pas, à cet adage. Pour elle, l'amour n'a pas de date de péremption. Pas de frontières. Du moins, c'est ce qu'elle croyait jusqu'au jour du drame. Jusqu'à ce que la vie décide de bouleverser tous...