Marie, Claudia, Pauline, Aurélie, Sylvia, Éléonore, Samia, Camille, Missy, Anne-Céline, Barbara et j'en passe. Les filles avaient défilé sous mes yeux au sein de l'appartement 208.
Bon sang, mais il est insatiable ce garçon !
***
— Allo Mia, je vais devoir annuler pour aujourd'hui.
— Non Julia ! Ça fait un moment que l'on n'a pas pu se faire une petite sortie à cause des cours. Pourquoi tu annules ?
Cela faisait à peu près un mois que j'étais entrée en fac de psychologie et que Mia avait commencé ses études au conservatoire d'art dramatique. Par conséquent, même si je passais toujours beaucoup de temps chez elle en dehors des cours, nous ne pouvions plus nous permettre de sortir aussi souvent que durant les vacances. Cependant, nous avions finalement trouvé un moment pour faire une après-midi shopping entre filles. Je m'en voulais d'annuler, mais je n'étais vraiment pas en état de faire autrement.
— Je suis désolée mais je ne me sens pas très bien. C'est sûrement un coup de froid, je crois que je suis un peu fiévreuse.
— Tu es allée chez le médecin ?
— Non, ça va aller. Je n'ai pas le courage de bouger pour l'instant et puis l'idée de patienter cinq heures dans une salle d'attente blindée ne me motive pas spécialement.
— Arrête de faire l'enfant, il faut te soigner.
— Je prendrai des aspirines. Et puis de toute façon ce soir, je passe à l'hôpital pour voir Aymeric, si ça ne va toujours pas, j'irai voir un médecin en même temps.
— Tu es vraiment impossible... J'arrive !
Je n'eus pas le temps de protester que Mia m'avait déjà raccroché au nez. Peut-être aurais-je dû simplement lui dire que j'étais fatiguée, cela l'aurait sans doute moins inquiétée. J'étais sûre qu'elle allait débarquer avec tous les médicaments qu'elle aurait pu se procurer sans ordonnance. Faire le tour des pharmacies lui prendrait sûrement du temps, j'avais donc tout le loisir d'aller prendre une longue douche pour tenter de me revigorer et de me sortir de cet état fiévreux. Je me levai pleine de courbatures et avançai vers la salle de bains en titubant. J'avais la tête qui tournait, des bouffées de chaleur et la nausée, mais j'essayais de me convaincre que mon mental était plus fort que cela et que j'arriverais à faire bonne figure devant ma meilleure amie. N'ayant même pas la force de rester debout dans la douche, je m'assis collant ma joue contre les murs de carrelage froid. L'eau tiède coulait sur mon corps nu et je respirais profondément afin de faire passer cette envie de vomir qui me tordait l'estomac quand soudain quelqu'un sonna à la porte. Je n'avais pas la force de bouger même un seul de mes membres lourds et j'espérais que le gêneur s'en irait rapidement. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'entendis une clé s'introduire dans ma serrure et la porte s'ouvrir.
— Julia ! Tu es là ? s'écria Mia depuis l'entrée.
J'avais complètement oublié qu'elle avait la clé de chez moi. Elle avança jusqu'à la porte de la salle de bains où elle avait dû entendre l'eau couler et réitéra sa question.
— Je sors dans deux secondes, répondis-je la voix cassée.
— Ok, je vais te préparer un lait chaud avec du miel pour ta gorge.
Je soupirai profondément. Ma meilleure amie était un ange, mais à cet instant, j'avais simplement envie de me rouler en boule et de ne plus bouger. Je m'arrachai donc difficilement à la fraîcheur du carrelage et enfilai des vêtements confortables avant de rejoindre mon amie dans la cuisine.
— Salut, lançai-je dans un sourire qui devait plus ressembler à une grimace.
— Oh mon dieu, Julia, tu as vu ta tête ? On dirait un zombie, je te jure, tu fais peur à voir.
Mon plan de faire bonne figure devant Mia n'avait apparemment pas bien marché.
— Merci, contente de te voir aussi, rétorquai-je ironique.
— Ton lait est prêt, tiens, dit-elle en me tendant une tasse fumante. Va t'allonger dans le salon, c'est un ordre.
Mon appartement était très petit, puisque je n'avais pas de gros moyen, mais les quelques mètres qu'il me fallait parcourir entre la cuisine et le salon me parurent insurmontables. Après seulement quelques pas, je m'affalais donc lourdement sur le canapé, presque essoufflée.
— Comment tu as fait pour arriver si vite ? demandai-je à Mia qui m'avait rejointe.
— J'habite à 5 minutes de chez-toi, tu te rappelles ?
— J'ai eu peur que tu fasses le tour des pharmacies avant de passer chez moi, souris-je soulagée de voir qu'elle s'était montrée raisonnable pour une fois et qu'elle n'en avait pas fait des tonnes.
— En fait... commença-t-elle légèrement gênée. J'étais pressée de voir si tu allais bien, du coup, j'ai forcé Sevan à aller à la pharmacie pour moi, avoua-t-elle à demi-mot, bien consciente que cette idée ne me réjouirait pas.
— Non Mia, gémis-je. Tu n'as pas fait ça ? Je t'ai pourtant dit que ça allait.
— Oui, c'est ça, ironisa-t-elle, tu as vraiment l'air en pleine forme.
— Oui, mais Sevan ? Il n'y avait pas d'autre moyen ? me plains-je à nouveau, mon état fiévreux me donnant un petit côté enfantin que je ne contrôlais pas.
— Il était là à glander à l'appart' alors, je l'ai envoyé faire des courses. Ne t'inquiète pas, ce n'est rien !
J'avais rarement croisé Sevan ces dernières semaines. Quand j'allais chez Mia il était soit en cours, soit sorti faire la fête. Les très rares fois où je l'avais vu à l'appartement, il était quasiment à chaque fois avec une fille différente. Parfois il n'avait même pas retenu leur prénom et il m'est même arrivé de voir sortir de sa chambre deux filles en même temps. Les quelques moments où on avait échangé deux mots, c'était pour se lancer des piques. Cependant, j'avais appris à ne pas le détester. Au fond, j'avais conscience qu'aucune de ses taquineries n'était destinée à blesser. C'était juste sa façon d'être. Et on ne se considérait de toute façon pas assez pour avoir un quelconque intérêt à blesser l'autre. Je n'en étais pas au point d'apprécier sa compagnie, j'avais même beaucoup de mal à le supporter, mais je pouvais comprendre pourquoi Mia l'aimait bien. Je savais qu'elle avait connu autre chose que son côté insupportable. Il était plutôt difficile à cerner. Très souvent, il m'agaçait, mais parfois son attitude avait le don de me faire sourire.
— Comment t'as réussi à le faire jouer le larbin ? m'enquis-je toujours dans le brouillard.
— Je suis sa petite sœur, la seule femme à qui il ne peut rien refuser, voyons ! sourit-elle malicieusement.
— Et ? insistai-je convaincue que ce n'était pas la seule raison.
— Et je lui ai dit que s'il ne le faisait pas je révélerais à toutes ses conquêtes que quand il avait huit ans il s'est plusieurs fois déguisé en fille, avoua-t-elle, un sourire malicieux au coin des lèvres.
Devant cette révélation, aussi malade que j'étais, je ne pus m'empêcher d'exploser de rire. Rire qui me fit grimacer par la suite, mes muscles courbaturés se faisant douloureux.
— Le pire c'est que j'ai des photos, preuve à l'appui ! ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
— Et c'est moi que tu traites de méchante, ironisai-je amusée devant ces révélations.
— Allez repose-toi, dit-elle en levant les yeux au ciel avant de déposer délicatement une couverture sur mon corps. Il ne va pas tarder à arriver avec les médicaments et ça ira mieux.
Et en effet, il ne tarda pas.
— C'est la dernière fois que je fais les courses pour toi la mioche ! maugréa-t-il en entrant dans l'appartement après que Mia lui ait ouvert.
Malgré ses plaintes, je ne pus que constater les sacs plastiques dans ses mains, semblant emplis de médicaments divers et variés.
— Merci mon grand frère chéri ! ironisa-t-elle sans prendre en compte sa remarque. Je vais te chercher un verre d'eau Julia, ne bouge pas de là, m'ordonna-t-elle tout en disparaissant en direction de la cuisine.
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Reste - Tome 1 (Sous Contrat D'édition)
Romance« Jusqu'à ce que la mort vous sépare » Julia n'y croit pas, à cet adage. Pour elle, l'amour n'a pas de date de péremption. Pas de frontières. Du moins, c'est ce qu'elle croyait jusqu'au jour du drame. Jusqu'à ce que la vie décide de bouleverser tous...