Chapitre 14

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- Non, recommence.

Je poussai un grognement de frustration et recommençai encore. Assise en tailleur, j'essayai de protéger mon esprit encore une fois. Pour se faire, il fallait que je réussisse à créer une barrière, un "mur" comme l'appelait Jean. En suite, je devrais veiller à consolider ce mur et à l'avoir en permanence pour empêcher qui que ce soit d'entrer dans mon esprit. Je fermai les yeux et essayai d'imaginer une boite plutôt. La boite grossissait au fur et à mesure et devenait petit à petit une pièce. Ma chambre au Trous. J'allais vers la porte et la refermai avant de tourner les loquets. Je me retournai vers les murs et consolidai chaque petite fissure que j'y trouvais. J'y arrivais plutôt difficilement cette fois. Imaginer ma chambre et la fortifier demandait un effort mental difficile. Je sentais de légères gouttes de sueur perler sur mon front pendant que je m'évertuais à combler un trous dans le mur de droite. J'entendais la voix de Jean sans pour autant comprendre ce qu'il disait. Je me concentrai encore et arrêtai la fortification. Ma chambre était plutôt bien protégée. Quand soudain, des coups retentir contre la porte. Quelqu'un essayait d'entrer. Mon instinct me poussa à barricader la porte du mieux que je le pouvais. L'attaque contre la porte se faisait de plus en plus forte, j'avais du mal à la contenir. Puis, je ne sais pas comment, mais je sentais une boule d'énergie en moi. Je maintenais la porte tout en concentrant cette boule pour qu'elle grossisse encore. Une fois assez grande, je me préparai. Je n'allais bientôt plus pouvoir tenir. J'étais épuisée de devoir retenir à la fois la porte et me concentrer sur la boule d'énergie pour ne pas qu'elle explose en moi. Je retins ma respiration et ouvris la porte à la volé avant de balancer la boule d'énergie sur mon assaillant. J'eus à peine le temps de reconnaître un Jean souriant avant que l'énergie ne l'attaque de plein fouet. Un cris retentit et me ramena à la réalité. J'étais assise par terre dans un parc et Jean se tordait de douleur à mes pieds. Je m'affolai et paniquai en le rejoignant. Il se tenait la tête des mains, le visage torturé. J'essayai de lui parler mais il ne répondait pas, poussant de petit cris. Je ne savais pas quoi faire et me mis à pleurer de frustration et de panique. Le parc était désert, j'étais seule et ne savais pas quoi faire.

- Alix ? demanda une petite voix derrière moi.

Je me retournais brusquement et vis Faustine. Je n'eus même pas le temps d'être surprise de sa présence qu'elle courait déjà vers Jean.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demandais-je quand elle enleva les mains de Jean.

Elle s'agenouilla et posa la tête de Jean sur ses cuisses avant de poser ses mains sur ses tempes. Elle murmurait des incantations incompréhensibles et Jean commença doucement à s'apaiser. Il avait l'air de souffrir moins, au fur et à mesure qu'elle s'occupait de lui. Je me demandai ce qu'elle était en train de faire quand je me suis rappelée le jour de ma première transformation. Elle m'avait soignée le dos comme ça aussi. Je la regardais faire, ébahie. Quand elle se releva enfin, Jean dormait paisiblement. Elle se retourna enfin vers moi et me sourit.

- Il va bien.

Un vague de soulagement m'assaillit. J'avais tellement de choses à dire et à demander à Faustine que je n'arrivais pas à parler. Elle me surprit encore en se levant et en s'avançant vers moi, l'air fâchée.

- Il ne faut pas faire ça ! s'écria-t-elle. Tu as faillis le tuer !

Cette révélation me cloua le bec. J'étais horrifiée. Moi ? Moi, j'avais faillis tuer Jean ? J'avais faillis tuer un ange ?

- Tu es très forte mais il faut faire attention. Si je n'étais pas venue il aurait pu disparaître, continua Faustine. Il faut plus que tu recommences encore ! Il faut que tu ailles à Golgotha !

Je ne l'entendais presque plus, perdue dans mon esprit. J'étais effrayée et dégoutée de moi-même. J'avais faillis tuer Jean. Je n'en revenais pas. Mon esprit commençait doucement à dérailler, sous le choc.

NEPHILIMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant