c'était nous ; jungkook [a.s]

Chapitre 1

Je devais monter sur scène, il était plus que temps désormais, je me devais de prendre sur moi et ne fallait surtout pas montrer ma haine et ma tristesse. « Contiens toi » c'était ce que je me répétais sans cesse. Taehyung était près de moi, essayant lui aussi d'oublier notre récente dispute. Il maîtrisait les traits de son visage avec professionnalisme, l'expérience me diriez vous. Pourtant, une poignée de minute auparavant, nous nous étions disputés et nos mots avaient fortement dépassé notre pensées. Seulement, voilà, tout le monde attendait de nous un comportement exemplaire.

Un pas, puis deux.
Une foule d'applaudissements.
Des cris, des pleurs.
Des fans passionnés par notre travail acharné et notre simple présence sur scène les rendait euphoriques.

Je me plaçais devant le micro, Taehyung faisait de même feignant l'enthousiasme avec son éternel sourire candide. Puis son visage changeait d'expression, prenant un air plus concentré, il fixait avec intensité son micro, ayant l'air de se demander un instant ce qu'il faisait ici.

Malgré tout, la mélodie commençait.

Je l'observais qui entamait les premières notes de notre duo, ses yeux clos lui permettant de faire abstraction de tout ce qui l'entourait. On ne voyait que des Bangtan Bombs à perte de vue qui se balançait au rythme de la musique. Le duo de Taehyung et moi était une surprise pour les fans, j'étais heureuse de voir que leurs réactions était le reflet de ce que j'éprouvais à ce moment précis : un immense bonheur. Je me laissais aller tout doucement, évacuant alors tous mes problèmes qui me pesaient lourdement la conscience.

Venait alors mon tour, j'y mettais tout mon coeur. En réalité, quand il s'agissait de chanter, j'oubliais réellement tout, m'abandonnant à la mélodie, au rythme et aux sens des paroles. Malheureusement pour moi, je revenais plus vite à la réalité que je ne l'aurais cru et ratait ma dernière note, un peu tiraillée par la présence semblant si loin mais pourtant si proche de sa personne. Taehyung paraissait tiraillé, je le pressentais lourdement et ma peine était immense que mon désarroi n'était plus possible de masquer. Je savais que les réactions négatives iraient à bon train dès notre sortie de scène, j'avais littéralement gâché le concert.

Je percevais faiblement les hurlements incessants des fans, on aurait pu croire qu'elles étaient en train de souffrir le martyre. Des mains venaient de s'emparer de mes épaules, souhaitant certainement me mener vers les coulisses au plus vite. Une voix chuchotait à mon oreille :
« Désolé. »

Je baissais davantage le visage, verrouillant mon regard. Il m'emmenait finalement dans les coulisses après avoir offert aux fans, son plus beau sourire afin de les inquiéter le moins possible. Il me portait, ignorant le staff qui nous ordonnait de revenir immédiatement, et se dirigeait tout droit vers la sortie afin d'appeler un taxi. Nous étions terriblement inconscients à cet instant. J'aurai voulu protester et espérer que Taehyung se montre docile et qu'il nous ramène là où nous devrions être mais je voulais désespérément fuir la réalité pour ce soir.

Nous montions sans dire mot, je n'osais pas l'observer, je le sentais en vérité tout aussi tendu que moi. Le taxi s'arrêtait finalement, et Taehyung prenait ma main pour nous mener jusqu'à sa chambre d'hôtel ou il attendait que j'y sois entrée pour refermer vivement la porte. Il exigeait une discussion entre nous, je le savais. Les mots se boulversait dans ma tête et je souhaitais lui promettre que mon coeur lui appartiendrait pour toujours et que c'était la seule vérité qu'il obtiendrait de moi. Mais rien ne sortait.

Il ne fallait pas plus de quelques secondes pour qu'il me prenne dans ses bras, un soupçon de quiétude nous envahissant progressivement. Rien ne semblait pouvoir intercepter mes pensées en cet instant, seulement préoccupée par les humeurs de Taehyung. Ce dernier m'embrassait doucettement la joue avant de se décaler légèrement de moi pour m'observer un moment.
« À quoi tu penses? soufflais je.

- Je me demandais juste comment je m'étais débrouillé pour qu'on arrive encore là.

- "Comment on s'était débrouillés" corrigeais je sans plus tarder, souriant doucement.

Et il souriait enfin. Il restait toujours affreusement beau malgré cet air incertain et cette mine affaiblie par l'effort produit par nos activités. Je taisais cependant mes pensées au plus profond de moi, ne voulant rompre ce sourire.

- Taehyung je suis désolée aussi, rajoutais je.

- Je sais.

- Non je suis désolée pour toutes ces choses, je ne veux plus t'y impliquer, ça nous coûte.

- Ce n'est pas à toi d'en décider.

- Au contraire, parce que je nous chérie je-

Il empoignait ma main et mes yeux rencontraient alors les siens de nouveau. Seulement, son regard était parleur de maux si profond que je ne savais continuer ma pensée à voix haute.

- Ne me regarde pas comme ça, reprenais je.

- Alors maîtrise tes paroles Alia, ce n'est pas le moment de rajouter des problèmes avec tout ce qu'il se passe en ce moment.

Il entrelaçait finalement nos doigts sans état d'âme comme pour approfondir ses mots et m'observait ensuite sans mot dire, comme si ses yeux dialoguaient pour lui-même. C'était finalement ainsi qu'il avait merveilleusement conclue cette conversation. Il m'orientait finalement de nos mains liées jusqu'au lit où Taehyung ne manquait pas de se débarrasser de tout superflus tandis que je retirais seulement ma veste par manque de volonté. Taehyung apportait de nouveau l'attention sur moi et s'approchait encore avec un léger sourire.

- T'as l'air d'avoir besoin d'aide non?

- Ça ira merci, souriais je en finissant par ne garder finalement qu'un débardeur que j'enfilais dans la foulée de ses paroles.

Il se penchait pour attraper son chargeur qui se trouvait sur ma table de chevet, derrière moi. Et c'était désormais face à moi qu'il me volait un baiser de son regard bienveillant et je profitais de cette proximité pour poser ma main sur sa joue un instant avant qu'il ne regagnait alors le lit, délaissant mon geste d'affection. Je ne disais mot. Cela faisait depuis longtemps que les choses s'opéraient ainsi entre nous et bien que je souffrais quoiqu'un peu de cette situation, préférant néanmoins me taire au risque de le voir s'évaporer. Si je ne le connaissais j'aurai pu songer qu'il s'en voulait à propos de notre précédente dispute, mais on le savait très bien tout les deux que la raison était bien plus reculée que celle-ci, bien plus ancrée qu'elle en devenait imprononçable.

Je le rejoignais presque immédiatement pour combler le vide qui commençait à creuser en moi. De ses mains, il tentait de quérir ma personne, ce qu'il ne tardait pas à trouver avant de m'envelopper sans plus tarder, trouvant de ce fait le sommeil dans mes bras.

Voilà ce que nous étions.

Merci de me lire,
Annyeong!