Chapitre 13

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- Marie, chuchota t-il.
- Papa, murmurais-je avant de me jeter à son cou.

   Il me sera si fort dans ses bras que je crus une seconde étouffer. En réalité, je savais que c'était seulement pour se rendre compte que j'étais bien réelle. Je le serrais alors, à mon tour, encore plus dans les bras : il m'avait horriblement manqué.

   Je me défie de notre étreinte quelques minutes plus tard, me souvenant tout d'un coup que nous n'étions pas tous seuls.

   Je me tournai légèrement vers Adélaïde et Delphine qui, tout comme moi, avaient les larmes aux yeux.

- Voici Adélaïde et Delphine, dis-je simplement.

   Honnêtement, je ne savais pas quoi dire d'autre.
Mon père ouvra la porte en plus grand pour nous laisser entrer. Il avait toujours eu ce don de savoir exactement ce qu'il fallait faire à la seconde où il fallait le faire. Cela avait toujours été très pratique en ce qui concernait mes résultats scolaires, mais aujourd'hui ça l'était plus que tout : en effet, je me voyais mal lui expliquer la situation sur ce palier, flanquée de mes récentes acolytes qui n'étaient que de simples étrangères à ses yeux.

    Je rentrai alors dans l'appartement. Malgré tout ce qu'il s'était passé, mon chez moi m'avait manqué ; mais le plus étonnant était le fait que je ne sache même pas combien de temps j'étais partie, car il était sûrement possible que ce que je prenais pour des semaines à Versailles n'étaient en fait que des secondes dans le monde réel.

    J'admirais alors le hall d'entrée, peint dans des nuances de gris. J'observais tout ce que je pouvais pour me sentir vraiment chez moi : le lustre noir ultra-moderne au-dessus de ma tête, la bougie noire et blanche posée sur une planche en bois à ma gauche qui elle, était fixée directement au mur, et même le porte-manteau noir à ma droite.

    Je suivis mon père jusqu'au salon, talonnée par Adélaïde et Delphine. Ma mère était assise sur le canapé noir, un plaid sur les genoux et l'air vraiment mal-en-point. Devant elle, un livre ouvert reposait sur la table en bois du salon, mais il était certain qu'elle ne le lisait pas. Elle était comme happée par ses propres pensées, les larmes prêtes à s'échapper de ses yeux.

    Je souris en voyant les quatre photos que j'avais pris l'an dernier à un stage de photographie suspendues au mur.

    Nous entrâmes tous dans le salon, faisant craqueler le parquet. Ce fut à ce moment que ma mère releva la tête. Son regard croisa le mien et une larme roula aussitôt le long de sa joue. Elle quitta hâtivement sa place assise et mit précipitamment le plaid de côté. Elle me prit dans ses bras une bonne dizaine de minutes, avant de reculer et de pointer son index vers moi.

- Tu étais où pendant tout ce temps ? me demanda t-elle en essayant de garder une voix pleine de reproches, alors que ses yeux brillaient de soulagement.
- Eh bien..., commençais-je, ce n'est pas aussi simple à expliquer. Et je vous le dis tout de suite, il est possible que vous ne me croyez pas.

   Et environ un quart d'heure plus tard, mes parents savaient pour Versailles. Ils avaient tout d'abord pensé à une blague mais après avoir entendu parler Adélaïde et Delphine en vieux français, ils avaient réalisé que toute cette situation farfelue était bien réelle. Ne sachant pas, eux non plus, comment tout cela était possible, ils m'incitèrent à apporter pleins de détails.

   Mais avant, je tenais tout de même à leur décrire la chute de Delphine, car je craignais que sous cet état rassurant, il y ait quelque chose de plus alarmant. Mon père, d'accord avec moi, se rua vers la porte d'entrée. En plusieurs secondes à peine, il se trouvait déjà devant sa voiture, Delphine à ses côtés.

Dans la peau d'une autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant