Chapitre 7

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   Le jour suivant, Adélaïde et moi nous nous retrouvâmes dans les jardins. Je la suivais à la trace, à l'empreinte, depuis le début, de peur de me perdre.

   Ensuite, j'eus comme une illumination. Tout était question d'évidence : nous nous dirigions vers ma grotte.

   Adélaïde n'était en fait guère une personne négligeable. Celle-ci avait de grandes ambitions et, du haut de ses vingt-quatre ans, elle semblait vouloir aller de l'avant, dans n'importe quelle circonstance.

   La femme de chambre m'interrompit dans mes réflexions et me fit part d'une nouvelle.

- La Cour de déplacera à Fontainebleau la semaine prochaine, dit-elle d'une façon neutre.
- Serez-vous du voyage, demandais-je, réellement curieuse.
- Seulement si vous le souhaitez, répondit-elle prudemment.
- C'est d'accord, décidais-je alors. Mais que ferons-nois donc ?
- Élisabeth Louise Vigée Le Brun peindra le château de Fontainebleau, puis elle viendra ici et vous poserez en habit de Cour.
- Magnifique ! J'adore cette peintre ! La duchesse de Polignac, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, m'avait antérieurement vanté les mérites de cette jeune fille ! m'exclamais-je avec une jovialité incroyable.

   Euh... Attendez... Cela ne pouvait définitivement pas être moi. Je le sais, ces mots n'auraient pas pu sortir de ma bouche. Et puis... qui était cette duchesse de Polignac, la Gabrielle Yolande dont j'ai oublié la suite du nom ? Je n'étais tout de même pas atteinte de la maladie d'alzheimer..., non ?

   Tout cela était très étrange. De plus, je ressentais comme un détachement complet par rapport à ma vie d'avant, ou ma vie dans mon monde moderne, mon présent. Seulement une once de souvenirs m'en restait.

   À nouveau, Adélaïde m'interrompit dans mes rêveries. Cette fois-ci, ce fut pour me poser une question.

- Si vous n'aviez point été Reine, qu'auriez-vous aimé faire ? me demanda t-elle.
- Disons seulement que vivre au jour le jour est ma devise. Être heureuse est donc ma priorité, expliquais-je devant une Adélaïde perplexe.
- Ne l'êtes-vous donc point ?
- Pas vraiment, non, lui répondis-je franchement. Mes parents me manquent, mes amis et aussi ce confort auquel je m'étais habituée. Pourtant tout cela, tout, à présent paraît tellement, tellement sans importance, dis-je lentement en cherchant mes mots.
- Je ne suis point sûre de vous suivre, Votre Majesté.

   Je décidai alors de tout lui raconter. En effet, je me sentirai moins seule, moins à l'écart, moins perdue. De plus, je n'avais pas revu Guilhem depuis la veille.
Et la nuit allait bientôt tomber.

   C'était donc décidé, Adélaïde allait savoir toute l'histoire de A à Z, avec des détails approfondis.

- Tout d'abord, je ne suis point Marie Antoinette, commançais-je en regrettant déjà d'avoir installer le sujet.

   Adélaïde était pétrifiée. L'angoisse et la peur se lisaient aussitôt sur le visage de la jeune fille, à contrario de ses yeux qui reflétaient et traduisaient une réelle curiosité. Néanmoins, elle voulut prendre ses jambes à son cou le plus rapidement possible.

   Hésitante, elle semblait peser le pour et le contre avec une extrême prudence. Finalement, d'une voix tremblante, elle osa demander :
- Qui êtes-vous dans ce cas ?
- Marie Scaron, 15 ans, habitante de Sèvres depuis toujours, énumérais-je avant d'être coupée.
- Mais qu'avez-vous fait de notre Reine, s'écria t-elle de plus en plus effrayée.
- C'est bien la question, justement, repris-je avec calme. Je me suis retrouvée dans ce corps qui n'est pas le mien par une quelconque façon dont je n'ai pas encore la raison.

   Elle parut d'adoucir.

- Tout ce que je demande pour l'instant, c'est de l'aide ! m'exclamais-je posément.

Dans la peau d'une autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant