Chapitre 2

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Il avait tenu sa promesse qu'il s'était faite en détruisant ces locaux de malheurs, mais il n'avait pas eu le temps de fêter cela. Il avait bien éclairci les rangs de la meute de mitley et ce n'était pas fini. Il avait un loup-garou à traquer. 

L'obscurité l'aidait à se calmer, un peu. Il était toujours tendu, physiquement et mentalement. Tant pis. Il était fou, et alors ? Il le gérait du mieux qu'il pouvait, et c'était mieux quand il se jetait sur sa proie pour lui arracher son cœur. 

Il repéra sa victime au bruit de ses pas. Les loups-garous n'étaient pas connus pour leur grâce ni pour leur discrétion. Il s'approcha en silence. Dans quelques minutes il allait se venger une fois de plus. Le loup parlait avec quelqu'un... C'était une mortelle dont le sang avait un parfum délicieux. Heureusement qu'il s'était nourri une heure plus tôt...

Qu'est-ce que c'est que sa ?  se demanda-t-il en percevant une ombre derrière lui.

Était-il passé devant quelqu'un sans s'en rendre compte ? Le suivait-on ?

Ne baisse pas ta garde ! Ressaisit toi ! Ils sont partout ...

Abandonnant le loup-garou qu'il traquait, et dont il ne savait pas si il appartenait à la meute de Mitley, Dubrinski fit demi-tour. Il leva les yeux. Le bâtiment qu'il longeait n'avait que deux étages... il prit son élan et sauta. Comme il allait toujours pieds nus, il ne risquerait pas de glisser sur les tuiles. Il s'accroupit au bord du toit, telle une gargouille, et scruta l'obscurité à la recherche de l'ombre qu'il avait aperçut.

De l'autre côté du bâtiment, le rire du loup-garou fit écho au cliquetis des talons de la femme. Sa proie avait mordu à l'hameçon. Veinard ...

Tu n'as pas besoin d'une femme, tu veux juste te venger. 

Il n'était pas sûr que ce loup-garou fasse partit de la meute de Mitley et ne voulait pas tuer quelqu'un qui ne le méritait pas.

Alors qu'il s'apprêtait à se lever, l'ombre réapparut. Il suspendit son geste et sa pencha.

Il bondit avec une grâce qui le fit éclater de rire. Il lui arrivait d'oublier que sa folie s'entendait... Son rire alerta l'ombre, qui disparut entre deux bâtiments alors qu'il atterrissait sur les pavés.

Il pouffa encore, au grand désespoir de la part de lui-même qui n'avait pas perdu la raison.

Il s'était trahi....

Il s'empressa de se fondre dans l'obscurité et tendit l'oreille. L'odeur du loup-garou se mêlait encore à celles des gaz d'échappement, mais l'oiseau c'était envolé. La pauvre femme ne devait pas se douter qu'elle avait invité un animal dans son lit ... La lune n'était qu'à la moitié de son cycle: le loup-garou n'était pas obligé de se transformer. Il ne le ferais que si il en avait envie...

Oublie le loup ! J'ai envie de jouer avec l'ombre...

Il venait de repérer son odeur. C'était une femme.... et elle n'était pas loin. Le traquait-elle ?

Intéressant...

Il n'était pas allé au Club Black, ce soir. Les groupe de Hard rock qui y passaient lui faisaient oublier sa cacophonie intérieure. Chaque fois qu'il y mettait les pieds, les femmes essayaient d'attirer son attention, mais elles ne l'intéressaient pas.

Elles méritent toutes de mourir !

Que faisait-il, au fait ?

Tu joues avec l'ombre !

Ah oui...

Il suivit son odeur dans l'allée et la repéra, elle était adossée à un réverbère.Elle était plutôt petite et menue mais elle avait un regard attentif.

Il fila comme le vent. A l'instant ou elle perçut sa présence, il enroulait déjà son bras autour de sa gorge et saisissant son poignet. Ses doigts avaient effleurés un cylindre métallique, qu'il identifia parce qu'il en avait vu un semblable des années plus tôt.

Merde ! 

Elle était armée d'un... C'était impossible !

Elle s'appuya au réverbère de sa main libre et donna un coup de pied en arrière. Quelque chose de tranchant déchira son pantalon et s'enfonça dans sa cuisse. Il cria sans la lâcher.

Il voulait continuer à jouer avec cette proie ...

Une odeur de sang lui chatouilla les narines quand il lui serra la gorge. Des lames ? Il ne desserra pas son étreinte pour autant.

Comme elle tenait le cylindre moins fermement, il parvint à le lui arracher et le plaqua contre son épaule. 

-As-tu envie de mourir chasseuse ?

-Après toi !

Cette fois, il parvint à esquiver son coup de pied, mais cela le força à la lâcher. Il se jeta sur elle en riant, la plaqua au sol et plaça son pieu en titane contre sa nuque. Il n'avais jamais tué de mortel, mais il y avait une première à tout...

-Pourquoi me suis-tu ? lui demanda-t-il.

C'était une question stupide. Si elle était une chasseuse la réponse était évidente.

-Ou as-tu eu ce joli pieu ? reprit-il. On ne trouve pas ce genre de jouet dans une pochette surprise....

-Il est à moi ! grogna-t-elle en repliant le bras pour le frapper à l'aveuglette.

Sa nouvelle arme, un poing américain au arrêtes tranchantes, lui entailla profondément l'avant bras. Il s'écarta par réflexe, ce qui permit à la chasseuse de se retourner. Elle essaya de le frapper encore, mais il lui saisit le poignet avant de recevoir une nouvelles blessure.

Cette mortelle était forte et déterminée. Ses mèches lui couvraient  partiellement les yeux, des yeux qu'il pouvait à peine discerner dans l'obscurité. Elle avait un parfum de lumière et de courage. Les lames qui lui couvraient le cou brillaient au clair de lune.

-Tu appartient à L'ordre, reprit-il. C'est bien, petite fille... Je ne savait pas que l'ordre recrutait des femmes. Quel dommage que tu doive mourir ce soir.

-Si je meurs, je t'emmène avec moi !

Tout se tut autour de lui. Il entendit les battre le cœur de la chasseuse....Et son propre cœur, dont il n'avais pas perçut de battement depuis des années. Que ce passait-il ? Alors il eu l'impression que le regard de la femme le transperçait, et ce fut plus douloureux que les blessures qu'elle lui avait infligées.

Il écrasa son poignet et lui secoua la main pour lui faire lâcher son arme. Elle résista tant qu'elle put, ce qui lui procura une grande satisfaction. La plupart des femmes auraient criées et l'auraient suppliées de les épargner... Il avait envie de l'entendre le supplier.

-Supplie-moi de te laisser la vie sauve !

-Va te faire voir, suceur de sang !

-Tu es bien téméraire... Pourquoi me pourchasse-tu ? Je croyais que l'ordre ne s'en prenait qu'aux vampires qui menaçaient les humains. Je n'ai fait de mal à personne...

-Cette conversation est terminée.

Il ressentit une douleur fulgurante entre les omoplates. Elle venait encore de le frapper avec ses fichues bottes... et de lui reprendre son pieu. Il la lâcha pour bondir hors de sa portée.

Elle se releva aussitôt. Ses cheveux et les lames de son col brillaient au clair de lune. Ses traits étaient tendus mais ses lèvres si sensuelles...

Mais il n'avais pas le temps de s'attarder dessus.

-Adieu ma petite chasseuse !

 Il s'inclina, fit quelques pas de danse et bondit sur le toit le plus proche. Accroupi au bord du toit il lui lança un baiser.

-A la prochaine ! Ajouta-t-il avant de s'enfuir dans la nuit...

Le vampire et la chasseuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant