Bad Larry.

4. Harry (partie 2)

Louis interrompit sa tâche pour se concentrer sur moi. Je hochai la tête. J'avais déjà envisagé de lui montrer mon dessin, comme me l'avait suggérer Liam. Mais cette proximité avec lui me donnait presque des palpitations, je ne pouvais m'empêcher de rester prudent. Il y avait une certaine intimité dans le fait de se faire tatouer. Je trouvais Louis attirant, surtout à cause de sa beauté presque sévère, et c'était plutôt perturbant. Alors passer plus de temps en sa compagnie ne ferait que renforcer mon intérêt pour lui, et le dessin que j'avais en tête n'était pas vraiment minuscule.

- Je serai ravi d'y jeter un coup d'œil, si tu veux passer au salon plus tard.

- Je vais y réfléchir.

Au bout d'un long silence je lui demandai :

- Depuis combien de temps tu es tatoueur ?

- Pas loin de six ans. J'ai commencé comme perceur, mais ce n'était pas pour moi.

- Pourquoi ?

Louis s'essuya les mains sur un chiffon propre et glissa mes cheveux derrière mon oreille en passant un doigt sur le contour. La rangée d'anneaux cliqueta faiblement.

- Un industriel t'irai bien, dit-il doucement.

Je frissonnai, même si j'avais soudain très chaud. Il fit un geste vers son visage et fit bouger ses viperbites sur sa langue.

- S'il n'y avait pas eu ce genre de choses, j'aurais pu rester perceur.

- Quel était le problème, alors ?

- Je n'étais pas assez sadique. Tout le monde n'est pas capable de transpercer la bite de quelqu'un avec une aiguille.

Par chance, je ne tenais rien de fragile quand il prononça ces mots.

- Ah ! ... Evidemment. Je n'avais pas pensé à ça.

Louis rit en voyant ma réaction.  

- J'ai été perceur pendant quelques mois avant d'apprendre à tatouer. Pendant un et demi, j'ai dû faire les deux. Une fois que j'ai eu une clientèle solide et une bonne réputation dans ce domaine, mes associés m'ont convaincu de les rejoindre pour ouvrir un salon.

- C'est ainsi qu'est né Inked Armor.

- Exact, et je n'ai plus jamais été obligé de faire des trous dans le baquemart de quelqu'un.

- Alors, tu n'es pas fan des corps percés de la tête au pieds ?

Une rougeur monta de ma poitrine jusqu'à mes joues. Je n'aurai jamais dû poser cette question, parce que toutes sortes d'images inappropriées me vinrent à l'esprit.

- Je n'ai pas dis ça.

J'ouvris la bouche en cherchant mes mots. Mais pas un seul ne me vint.

- Les piercings situés ailleurs que sur le visage ne sont pas simplement décoratifs.

Louis passa une main sur son torse vers la boucle de sa ceinture.

- Tu n'es pas du genre à te retenir quant tu as quelque chose à dire, hein ? Il sourit.

- Pas vraiment, non.

Je changeai de sujet.

- Alors, tu aimes être tatoueur ?

Ma curiosité était sincère, tout comme mon intérêt de longue date pour les tatouages. C'était l'une des raisons qui m'avaient poussée à suivre un master en sociologie.J'avais ainsi l'occasion d'étudier ce que la plupart des gens considéraient comme un comportement social déviant.