Chapitre 1

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C'est tellement lourd tout cet air qui pèse sur moi.
J'ai l'impression d'imploser, et pourtant je suis si vide.
Ça va maintenant faire quatre mois que je ne suis pas sortie de ma chambre, que je ne mange que par obligation, et que la seule vie qui m'entourre est celle de mon poisson rouge, Paulon.
Tristement, Paulon est également mon seul soutien. Il est également le poisson rouge le plus résistant que je connaisse puisqu'il vit avec moi depuis maintenant 6 ans.
Mon père est mort, mon frère est parti étudier au Brésil, ma mère est là sans l'être. Je suis seule, je suis desespérément seule et inexistante.
Je ne sais plus qui je suis, je n'arrive plus à me voir dans un miroir, si bien que c'est Élise, mon éducatrice pour les 2 prochaines années qui choisit mes vêtements.
Aujourd'hui je suis tout de noir vêtue, hier nous sommes allés à l'enterrement, et ensuite, plus rien.
Mon frère n'est pas venu, il ne pouvait, (ou ne voulait) pas revenir du Brésil, tandis que ma mère avait simplement écrit "enterrement Philippe" dans son agenda, comme elle aurait inscrit " coiffeur" ou " rdv banque". Elle avait déjà entammé une nouvelle vie depuis longtemps quand mon père a été diagnostiqué.
Sa maladie est arrivée si vite que je n'ai pas entendu mon coeur se briser avant qu'il ne cesse de battre.
C'est comme si j'étais sous aide respiratoire, et que je criais et implorais qu'on me débranche, sans qu'on veuille bien m'écouter. Ironiquement je n'ai produit aucun son depuis la disparition de papa.
En attendant que quelqu'un daigne m'accorder une écoute je vis encore chez ma mère. Mais dans moins de 24h, le mot "demain" va reprendre un sens, car ma vie va devoir reprendre, avec le reste du monde, et le temps qui file, et le coeur qui doit battre.

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