Chapitre 8

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Je reste devant le message quelques secondes et ne comprends pas. Ce mec m'a clairement envoyée balader il y a à peine une heure, et maintenant il veut que je l'accompagne faire le mur.
Je pars machinalement sur un à priori négatif, mais commence sérieusement à réfléchir: je n'arrive pas à dormir, ma voisine de chambre ronfle, je suis seule, Marco est intriguant, et plutôt séduisant pour ne rien gâcher.
Au final je ne réfléchis pas si longtemps et je pars enfiler un sweat et mettre des baskets.
Je suis les indications du jeune homme, et rejoint la salle de bain, il a laissé la fenêtre ouverte, je n'ai plus qu'à escalader le lavabo et à sortir. "Plus qu'à".
Vingts minutes plus tard mes pieds rebondissent sur l'herbe fraîche, vers l'arrière de la villa.
Je commence à m'avancer sur un chemin, lorsqu'une lumière se braque sur moi.
Merde, je me suis fait griller, dès le premier jour.
La lumière s'abaisse et je découvre le visage de Marco. La nuit lui donne un certain charme, que je ne saurai nier.
Il me prends par la main... " Il me prends par la main". Wow, ça peut paraître étrange, mais quand on a touché personne depuis 6 mois, le contact humain fait jaillir des sensations oubliées.
Tenue donc par la main, je le suis, enjambant les hautes herbes. Qu'est-ce que j'aime cette sensation de chaleur et de brise nocturne, surtout à la fin de l'été. Mes sens sont décuplés et le vent me souffle un brin de liberté. Putain ce que c'est bon.
Le soleil dégage une lumière rouge-rosée, les herbes nous arrivent à la taille, et le vent ne cesse de me porter.
Nous bifurquons sur un petit chemin de terre, qui s'enfonce dans un petit bois, pas très dense, plutôt léger et calme. Marco m'entraîne sous un grand arbre, je ne comprends plus rien. Il s'arrête ensuite net, et actionne un objet qui grince, j'ai l'impression que quelque chose envahit l'espace.
Tout à coup, quelque chose s'enfonce, et Marco disparaît, lâche ma main.
Une demi seconde plus tard, quelques dizaines de lumières colorés s'allument.
C'est magnifique. Mon coeur se manifeste et me fait signe d'entrer comme pour dire "C'est temps, entre dans l'autre pièce, entre dans ta nouvelle vie, vas-y".
J'entre alors dans une espèce de cabane en bois, bien construite, mais avec une douce saveur d'enfance.
Quelques tapis de mauvais goût son disposés au sol, une grande bâche recouvre le toit de la maisonette, empêchant toute pluie éventuelle de pénétrer.
Plusieurs couvertures, toujours d'aussi bon goût, sont entassées dans un coin, et un gros coussin géant est posé dans un coin. Je commence à regarder les guirlandes, comment peut-on avoir accès à l'éléctricité d'ici?

-Je l'ai faite moi même, enfin on l'a faite à deux, avec un ancien gars de la villa. Tous les objets ont été récupérés pour trois fois rien dans des braderies, ou juste avant leur fin à la décheterie. Les guirlandes, ont les a volées dans un magasin de déco, elles marchent à l'énergie solaire, elles étaient super chères.

Il me regarde alors, et voit mon air ébahi, je crois que je transpire de beaux sentiments, ce moment doit rester gravé.
Devant mon état intense, Marco sourit, visiblement satisfait.
Il me fait signe de m'asseoir, et sors des couvertures. Il prend un paquet de cigarettes dans un placard, et sors deux bières d'un petit casier à côté.
Ça fait une éternité que je n'ai pas fumé, et ce moment de bonheur doit bien être entaché par un plaisir coupable. Il me tend une cigarette et me tends un briquet, pendant que je l'allume, il décapsule mes bières.
Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer.
Le silence est divin. Nous nous allongeons en même temps que le sol, recouverts de tissus fleuris, oranges et verts, épais et doux.

Je sens une secousse brutale:

-Bouge, il nous reste vingts minutes avant le réveil des éducs, quarante minutes avant le réveil général.

J'ouvre les yeux et la lumière m'agresse, on a dormi ici. Dans moins de 2h, je fait ma rentrée au lycée.

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