Chapitre 7

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Après le repas, nous remontons chacun dans nos chambres respectives. Je me demande avec qui de Marthe ou Kris je vais devoir cohabiter. Avec toutes ces perturbations lors de mon arrivée, je n'ai même pas su. L'importance est moindre, elles sont toutes les deux sympas.
Moi qui était encore vide il y a quelques heures, j'ai à présent des tas de questions qui se bousculent, et des flots de sentiments qui me secouent sans que je puisse comprendre pourquoi.
Premièrement, j'appréhende la journée de demain, ma rentrée au lycée. De ce que j'ai compris, nous sommes tous dans le même établissement, mais je ne sais pas encore si un des jeunes de la villa sera dans ma classe.
De plus, j'ai accumulé un retard scolaire considérable... Mais bon, j'etais vraiment une bonne élève avant de décrocher suite à la mort de mon père. Je devrais reprendre vite mes marques. Je m'inquiète surtout des autres et de comment je vais pouvoir organiser une vie scolaire sociale, avec ce mutisme qui m'handicape. J'espère aussi que je trouverai moyen de continuer à pratiquer du violon, à l'ecole où en dehors. Depuis que je suis arrivée ici, avec tous ces évènements qui se succèdent, ces mouvements que je dois fournir, les journées reprennent un sens, et mes propres sens s'éveillent eux aussi. Tout ça m'a
vraiment envie de recommencer à jouer, le violon a toujours été un moyen de tout oublier et surtout de m'oublier moi, momentanément.
Plongée dans mes songes d'espoir, un étrange bruit questionne mon ouïe. Qu'est-ce que c'est que ce truc? Il y a sûrement un portable sollicité, car je distingue un bruit de vibreur étouffé
Je cherche un peu partout dans la chambre, guidée par mes oreilles, jusqu'à m'approcher du lit de ma colocataire.
Le son vient du sol, le vibreur résonne sous le parquet. Seule dans la chambre, et piquée d'une subite curiosité, je me penche vers le sol, et rive mes yeux sur un objet coloré sous le lit. J'essaie de l'attraper sans bien pouvoir le définir. Lorsque je découvre enfin l'objet, je le lâche brusquement, poussant un soupir d'étonnement, et peut-être bien de dégoût. Un joli god-michet d'un rose flamboyant trône maintenant au milieu de la pièce. Je n'ai même pas le temps de rire, que la porte s'ouvre.

- Mais qu'est-ce que... Je... Je repasserai plus tard, pour, pour tes fournitures, d'accord?

MERDE. Élise sort de la chambre, visiblement très perturbée parce que la scène lui a laissé comprendre. Je souffle un coup, et, pour la première fois depuis longtemps, prend un fou-rire incontrôlable.
Waouh, ça fait du bien.
Alors que je continue à glousser tout en ramassant le god à l'aide d'un chiffon, la porte s'ouvre à nouveau.
Putain si c'est encore une éducatrice, je vais vraiment passer pour une nymphomane solitaire.

- MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS AVEC JEAN-PAUL? me hurle Marthe.

Jean Paul? ... Est-ce que cette fille appelle son... " jouet" Jean Paul? Je sens mon fou rire toujours présent dans un coin, prêt à surgir.
Je fait signe de mon innocence à Marthe et lui montre où j'ai trouvé l'objet.

- Ah oui merde, j'ai oublié de le ranger et de l'éteindre la dernière fois. Et désolée d'avoir crier, je suis impulsive parfois.

Je repense aux cheveux de Kris et déglutit, je vais passer un sacré bout de temps dans la chambre de Marthe, j'appréhende "légèrement".
Élise refait surface dans la chambre, un peu gênée, un carton dans les bras.

-Alors ici, tu trouveras manuels, et fournitures scolaires pour toute l'année, et tu pourras t'appuyer sur Marion qui sera dans ta classe. Maintenant je vais te laisser te reposer, demain sera une journée un peu longue.

Génial , donc mon seul appui sera une ex-droguée, mythomane, constamment surexcitée. Je ne suis déjà pas "normale" d'après mon éducatrice mais là, niveau insertion, je pars avec un paquet de handicaps.
Fatiguée de tous ces évènements, je pars me coucher, mais je sais pertinemment que je ne trouverai pas le sommeil.
Pas très longtemps après avoir commencé ma recherche du sommeil, Marthe entame une belle symphonie de ronflements, qui s'accorderait bien avec mon violon.
Alors que je commence à sombrer, un bon moment plus tard, les vibrations recommencent. Je me tourne automatiquement vers Marthe, qui dort la bouche ouverte, toujours en ronflant. C'est peu probable que le bruit vienne d'elle.
J'écoutes plus attentivement et me lève de mon lit, en direction du bureau. Le vibreur vient de mon sac. Étonnant. Je fouille et retrouve mon vieux portable, inutilisé depuis une éternité. Je le dévérouille et un message s'affiche alors : de numéro inconnu "Bouge et vient dehors, passe par la fenêtre de la salle de bain, ne claque pas la porte derrière toi, je sais que t'arrives pas à dormir"
Je répond : " Mais qui c'est? " Alléluia, je peux au moins communiquer par écrit.
Mon portable vibre de nouveau : "C'est Marco."

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