Chapitre 9

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Nous rentrons par la fenêtre laissée entre-ouverte, et filons chacun dans nos chambres respectives. Je me glisse dans mon lit, le coeur battant.
Je repense à cette soirée, et j'ai du mal à en inscrire le souvenir dans ma réalité.
Si hier le temps semblait suspendu, à présent les secondes défilent à toute allure, et mon coeur bat à la même vitesse.
Cinq minutes plus tard, une éducatrice frappe à la porte, puis rentre dans la chambre:

-Allez les filles c'est l'heure, Gabrielle, première à la douche!

Marthe pousse un grognement, et j'imite un réveil pénible, comme après une nuit trop courte. J'attends que l'educatrice parte pour me lever, étant toujours dans mes habits d'hier, et fonce vers la salle de bain. Mes habits chutent au sol et je me hâte d'entrer dans la baignoire, l'odeur de mes vêtements elle, est à coup sûr réelle.
Alors que je me lave, je sens un regard posé sur moi. Je regarde vers la porte, mais celle-ci est bien fermée. Je poursuis donc mon décrassage, mais cette impression persiste et je me sens observée. Je lève alors la tête vers le ciel, et je remarque un velux, et un visage à travers, bien en train de m'observer.
Je pousse un cri, lâche le pommeau, et empoigne ma serviette à une rapidité éclaire.
La buée se dissipe et je découvre le visage du pervers. Oh merde, c'est le mec à tête de con qui m'avait déjà lancé des remarques salaces au dîner.
Il a l'air plutôt fier de lui et rit grassement, mimant des courbes généreuses avec ses mains, puis faisant signe d'approbation avec ses pouces. Il me répugne au plus haut point... Je lui fait signe de partir et lui lance un regard assassin, faute d'insultes.
Quelques secondes plus tard il a disparu. J'écourte un peu ma douche suite à l'intrusion du pervers, et rejoint ma chambre en serviette de bain.
Alors que je pousse doucement la porte pour ne pas réveiller Marthe, celle-ci se redresse brusquemment:

- Heeeeey pas mal la nouvelle, dommage que j'ai déjà quelqu'un...

Je resserre nerveusement ma serviette, sans cacher ma gêne, et attends que ma colocataire s'en aille.
Celle-ci s'éxcécute et laisse passer un regard de haut en bas sur moi. Une fois que je suis seule, je vérifie quand même les fenêtres et la porte, et expire un coup de soulagement.
Je fouille dans mes affaires fraîchement pliées, afin de trouver quelque chose de plutôt joli, histoire de ne pas paraître bizarre au premier abord. Au final, je me trouve avec un t-shirt gris, et un pantalon noir, comme tout les jours depuis 6 mois.
Alors que je m'apprête à descendre les escaliers, mon sac à dos à la main, je me fait violemment bousculer contre le mur. Je tente de me relever et entends quelqu'un descendez l'escalier, fracassant chaque marche de son pas. Je marche en frottant mon poignet, lequel a supporté  tout mon poids durant la chute. Lorsque j'arrive en bas, un éducateur contient la furie qui m'a bousculée, et Élise s'approche de moi.

- Ça va?! On t'as vu chuter contre le mur en haut, tu n'as rien?

Je montre mon poignet, devenu un peu bleu, et toujours douloureux.

- Aïe, prends ton petit déjeuner tranquillement, et nous te ferons un bandage  avant de partir.

Je m'assoie à table lorsque le fou à capuche se retourne. Putain.
C'est Marco.
Je le regarde, choquée et peinée de ce qu'il vient de me faire.
Il me regarde en retour, sans aucune once de pitié, le visage empli de rage et de colère, les poings serrés.
Je reste interdite, muette, et attends que le petit dejeuner passe, distraite et perturbée par l'incident avec Marco.

-Allez récupérer vos sacs et on y va!

J'exécute les ordres émis par l'animateur et entre par la suite dans le van de la villa.
Marion tire une tête d'enterrement en marmonant des jurons dans sa barbe.

-Dis Marion c'est pas fini tes chouineries là, ça fait deux ans que tu es ici, tout le lycée t'as vu arriver chaque matin dans ce van. Certes ce n'est pas un coupé sport, mais un moment il va peut être  falloir intégrer les choses. Vu?

Marion grogne, et prolifère quelques insultes, toujours incompréhensibles.
L'animateur démarre et nous partons vers le lycée.
Lycée Jean-Paul Sartre, d'après ce que les animateurs disaient.
Je sens ma gorge se nouer et le stress monter peu à peu. De plus, Marco est assis juste à ma gauche, il tape du pieds, et son impatience est flagrante.
Les arbres défilent, ma tête  tremble contre la vitre arrière... La ville est plutôt jolie, je projette dans un élan imaginaire de m'y rendre... En terrasse d'un bar avec des amis... Pfff quels amis au juste?
Mon imagination prend congé lorsque nous arrivons devant l'établissement. Une jolie façade, un peu de verdure, jouxté à un grand parc, le lycée parait vraiment accueillant.
Chacun récupère son sac et sors du véhicule, Marthe est désignée pour m'accompagner dans mes premiers pas au lycée.
Lorsque nous traversons l'allée qui sépare la cour en deux, je sens une vague de regards se tourner vers nous, ou vers moi.

- Ils nous ont tous regardé comme ça au début, mélange de curiosité, de moquerie, et puis un peu de peur aussi. Ça passera.

Je balaye rapidement la cour du regard, ocille entre les groupes très nombreux, et les solitaires. Je fixe un des groupes, ébahie, ils sont tous beaux. Enfin, pas littéralement, ils dégagent un vent de confiance, ils pouffent à tout va, et ont l'air à l'aise, parfaitement à leur place. Tout mon inverse en fait.
Une des filles attire particulièrement mon attention, elle est de dos.. outre le fait qu'elle ait des cheveux magnifiques, une silhouette délicate, un style sophistoqué, mais sobre a la fois, oui, outre tout ça, elle m'intrigue car je la connais. Je suis sûre  d'avoir déjà vue cette fille, de l'avoir déjà connue.
Mon regard se tourne alors que j'apperçois Marco s'approcher de la fille en question.
Il décide alors de mettre fin a mes interrogations et retourne la jolie blonde, jusqu'à ce qu'elle soit face à nous.
Il me laisse pas le temps de bien la reconnaître, il l'empoigne par la nuque et l'embrasse avec un enthousiasme pas vraiment caché.
Alors que j'essaie de faire abstraction de mon esprit qui insiste pour me montrer que je suis touchée, et bien sensible à la scène, les deux amants lâchent prise, je croise le regard de cette fille, et mon coeur lâche avec.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 24, 2016 ⏰

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