- J'me sens pas bien. - Va prendre un panadol. - Non, c'est pas maladique, c'est philosophique. - Encore ta philosophie à deux balles. Qu'est ce que c'est, cette fois ? - C'est quelque chose qui a toujours été là. Y'a pas de "cette fois", c'est plutôt un "tout le temps". - Je comprend rien à ton charabia. - C'est pas grave. Contente-toi d'écouter. - D'accord. - Je ne me sens pas à ma place. Je suis partout, et en même temps, je suis nulle part. Je pourrais faire tellement de choses, mais je ne suis excellente à aucune d'entre elles. J'ai pas ma place dans ce monde, rien ne m'attire, à part le cul des mecs. Je dis que je veux être astronaute plus tard, mais c'est surtout pour aller voir ailleurs, dégager de cette planète. J'comprend pas les hommes. Je comprend pas le monde, et je veux pas en faire partie. En même temps, j'admire l'être humain. Il pense grand, l'être humain. Tu vois ? Je dis tout et son contraire. Je suis tout et son contraire. Ce que je dis ne sont que des mots en l'air, mais en même temps, ils ont tellement de sens... - Je t'ai perdu il y a longtemps. Mais continue. - Pascal, tu te souviens de Blaize Pascal ? Et bien, avant que je connaisse tout ses dictons, je croyais que j'étais la seule à tout dramatiser. Quand l'être humain s'ennuie, il pense à sa misère, à sa mort. C'est le divertissement qui le maintien en vie. Il réfléchit sur lui et sur sa nature, et il se rend compte qu'il n'est rien. Même si il devenait plus fabuleux que Albert Einstein, l'univers continuerai de tourner sans rien de nouveau. On ne peut pas laisser de marque dans ce monde, le temps a le pouvoir de l'effacer. C'est une peine à la fois ridicule et misérable, que je porte. Je ne sais plus où j'en suis, je ne sais plus ce que je dis. Je ne veux plus être sur Terre. Je pense trop. Je ne pense pas assez. J'en ai marre. - Regarde le ciel. - Je le fais déjà. - Tu aimes bien les nuages, toi, pas vrai ? - Je préfère les nuages de pluie. - D'accord. Penses aux nuages de pluie, alors. Ça te guérira pas, mais ça éloignera tes pensées hasardeuses pendant une ou deux minutes.
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dialogue, essai #2 Quelques minutes à réfléchir sur l'individuel.
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