anneaux célestes

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Une bribe d'histoire, des mots qui me sont venu comme ça, un soir.

Elle était toute joyeuse, avec ses petites couettes brunes. Les sièges sombres du bus de l'école n'était pas les plus confortables des fauteuils, mais elle préférait ignorer le tissu qui lui grattait la nuque. On avançait doucement : le chauffeur avait les yeux fatigués et les mains lourdes. À travers les longues vitres de plexiglas, la lueur orange des lampadaires inondait le soir qui venait de tomber. Le ciel était recouvert de gros nuages, qui dévoraient la clarté des astres célestes.
Elle avait les jambes étendues devant elle, pieds nus. Au dessous de son siège, une paire de grosse bottes et de chaussettes rayés manquait de rouler à l'autre coté du bus, à cause du nombre de virages trop serrés que prenait le chauffeur. Il n'y avait personne d'autre dans le bus sur le siège qui lui était passager : à la place d'un être humain, il y avait une petite pile de journaux colorés. Sur leurs couvertures, des explosions de formes et de lettres figuraient, ne laissant pas un seul petit espace trop sobre.

Des comics.

Elle avait Thor entre ses mains, un sourire au visage et la tête pleine d'images. Voila ce qu'elle faisait pendant les deux heures de bus qui séparaient l'école de sa maison : elle lisait des comics. Sur chaque couverture, pour être certaine qu'elle les retrouverai toujours, elle avait tracé une étoile avec de l'encre, et elle avait inscrit en majuscules à côté : "LOU".

Elle gloussa joyeusement lorsque Thor abattu son marteau sur la tête d'un monstre. Les dessins du super-héros l'enchantaient. Elle ne s'ennuyait jamais avec des comics entre les mains : c'était tout plein d'aventures qu'elle n'aurait jamais l'occasion de vivre dans sa vraie vie, alors elle plongeait chaque jour, durant son long trajet de bus, dans le monde fabuleux êtres sur-développés et des dieux de l'univers.
Le bus freina, et le doux bruit des moteur s'atténua.
- Lou ? C'est pour toi.
La voix chaude du chauffeur sonna doucement à travers les rangées de sièges. Lou baissa son journal des yeux, et colla la tête contre la vitre pour apercevoir le dehors. Une petite maison se tenait tout droite, une boite à lettre rouge et cabossée qui poussait sur le trottoir, et un portail blanc que le temps avait dévoré, ne laissant plus qu'une vulgaire rangée de planches clouées à la verticale, repassées d'une couche de peinture claire et écaillée.
La jeune fille fourra sa pile de comics dans son sac, attrapa sa paire de bottes. Elle en pris une à chaque main, et pieds nus, elle se dirigeait vers la sortie en sautillant. Elle fit un grand sourire au chauffeur en lui annonçant :

- Merci, Max. À demain.
Elle posa ses orteils sur le trottoir trempé. Les portes du bus se refermèrent derrière elle, et le véhicule s'en alla en grondant, comme un gros ours d'une marche lente et lourde. Lou regarda les phares arrières du bus disparaître dans la nuit. 
On dirait des planètes, pensa-t-elle. Son petit sac plein de comics sur le dos, elle poussa la porte de sa maison. Elle s'avança, et tourna la tête vers son père qui était avachi sur le fauteuil, le journal du jour entre les mains.

1969. Ça pourrait presque faire une position de sexe à quatre, quand on y réfléchit un peu.

Homo SapiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant