4:Nico - Le lion est mort, ce soir

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Nico ouvrit les yeux et regarda par la fenêtre. Le Soleil était en train de se lever et sa sœur ronflait toujours dans son lit. Le jeune homme poussa un soupir et se redressa. Il savait, par expérience, qu'il ne pourrait pas se rendormir.

Nico s'habilla à la hâte, attrapant un pantalon et un tee-shirt au hasard dans son armoire. De toute façon, ils étaient tous noirs, donc il ne risquait pas la faute de goût. Il laissa un Post-it au-dessus de son lit, pour dire à Hazel où il était parti, au cas-où elle s'inquiéterait, puis il s'éclipsa silencieusement de la cabine d'Hadès.

Nico s'assit sur une dune et observa l'horizon. Regarder l'Aurore le faisait penser à son petit-ami. Lui qui se sentait autrefois tellement dans son élément dans la pénombre, préférait désormais beaucoup plus la clarté du Soleil. Quand Will n'était pas avec lui, les rayons de l'astre d'Apollon caressaient la peau de Nico ainsi que le faisaient les doigts du fils d'Apollon.

- Je savais que je te trouverais ici.

Nico sursauta. Dans son dos se tenait, souriant, le demi-dieu le plus séduisant que la Terre ait jamais porté.

- Tu t'assieds toujours au bord de la mer quand tu es préoccupé. Devrais-je me sentir jaloux de Percy ? ajouta-t-il ironiquement.

- Tu sais bien que Percy n'est pas mon type, répondit Nico en riant. Je préfère les demi-dieux blonds, grands et qui ont un don pour le tir à l'arc. Et si je viens ici, ce n'est pas tellement pour contempler l'océan que pour admirer le lever de Soleil.

- Ah ? Tu aimes le Soleil ? demanda Will en s'asseyant à ses côtés.

- J'aime ce à quoi se rapporte le Soleil, dit Nico en le regardant dans les yeux.

Pendant un moment, ils restèrent assis côte à côte, Will tenant la main de Nico, et la tête posée sur son épaule. La respiration régulière de Will réconfortait Nico. Puis, au bout d'un moment, Will se redressa et planta son regard dans les yeux de Nico.

- Tu es nerveux ?

- Oui, un peu, admit le fils d'Hadès. J'ai encore un peu de mal à m'habituer à mon rôle.

- Je sais bien. Mais n'oublie pas que tu fais ça très bien. Tous les pensionnaires sont d'accord pour dire que les cérémonies funéraires sont bien mieux depuis que c'est toi qui t'en charges.

- Je sais, c'est juste que ... Ce n'est pas n'importe quel pensionnaire. Evidemment, je m'implique beaucoup pour chaque demi-dieu tombé au combat, mais ... Mais là ...

- Mais, là, c'est Léo, compléta Will avec douceur.

- Oui ... avoua Nico douloureusement. Tu sais, on n'était pas particulièrement proches, tous les deux. Je ne lui ai jamais vraiment adressé la parole, je dirais même qu'il me tapait franchement sur le système, la plupart du temps. Mais c'était un des Sept. Un des membres de l'Argo II.

Il n'y avait pas que cela. Nico trouvait déjà difficile d'organiser une cérémonie funéraire pour un de ses amis, mais le fait que l'ami en question ne lui semblât toujours pas totalement mort rendait la chose encore plus douloureuse. Il avait l'impression d'être déloyal envers Léo, comme si la cérémonie devait à jamais effacer toute trace de lui, et ce malgré le doute qui planait sur sa vie ... ou sa mort.

Le fait de devoir cacher son sentiment au reste de l'Argo II était loin d'arranger les choses. Même Will ignorait cette histoire.

- Tsss ... Tout ça n'a aucun sens, chuchota-t-il pour lui-même.

- Bien sûr que si, ça a du sens, Death Boy, fit remarquer Will qui l'avait quand même entendu, mais n'avait, bien entendu pas compris de quoi parlait son petit-ami. Il te manque, ce n'est pas plus compliqué que ça.

- Mais comment est-ce possible, alors que je ne pouvais pas le supporter ?! s'emporta Nico.

- Je ne sais pas, avoua Will d'une voix douce. "Le cœur a ses raisons que la raison ignore" ...

- Toi et ta poésie, grogna Nico avec une mine faussement agacée.

- Tu n'aimes plus ma poésie ?! s'indigna Will en riant.

- Comment ne pourrais-je plus l'aimer ? Elle fait partie de toi, non ? Et je t'aime tout entier, poésie comprise.

- Nico di Angelo, quelle déclaration, pour un garçon si peu loquace !

- J'ai un bon professeur, souffla Nico en l'embrassant.

En allant prendre leur petit-déjeuner au réfectoire, Will et Nico ne purent s'empêcher de remarquer les visages soucieux de la plupart des pensionnaires. Beaucoup de demi-dieux avaient perdu la vie durant ce qu'on appelait déjà "la Bataille de la Colline des Sang-Mêlé", et la cérémonie qui se préparait pour le soir-même semblait raviver la douleur dans les cœurs de leurs amis.

Un groupe en particulier, rassemblé à l'écart et discutant à voix basse semblait plus préoccupé que les autres. Will serra tendrement la main de Nico qui s'était crispée dans la sienne et le laissa se diriger seul vers ses amis.

Piper avait les yeux rouges. Elle avait dû beaucoup pleurer la nuit dernière. Après la disparition de Léo, elle avait mis des jours avant de réussir à retrouver le sommeil et à arrêter de pleurer toutes les larmes de son corps. Hazel aussi avait les yeux humides, mais elle avait toujours eu un caractère plus fort que Piper, et Nico était bien placé pour savoir qu'elle s'était endormie dès qu'elle avait posé la tête sur son oreiller.

- Alors ça y est ? demanda Piper, la gorge nouée. Ce soir, il sera officiellement déclaré mort ?

Nico ne répondit pas. Il n'en avait pas besoin pour que Piper comprenne que, oui, Léo Valdez serait officiellement déclaré mort dans une douzaine d'heures.

- Je n'arrive pas à croire que le délai est déjà écoulé, remarqua Percy après un bref silence. C'est passé tellement vite ... J'ai encore l'impression que la bataille était hier. Et qu'il va revenir ce soir, couvert de cambouis.

- Je sais, dit Annabeth. Parfois, quand j'ai une idée d'invention qui nécessite l'intervention d'un mécanicien, il y a un instant où j'oublie que je ne pourrai pas aller lui demander de l'aide.

- C'est comme s'il mourrait une nouvelle fois, souffla Jason.

Personne n'ajouta un mot. Les sept Sang-mêlé se contentèrent de se rendre en silence dans le réfectoire. Malgré les regards ahuris de l'assemblée, ils s'assirent tous ensemble à la table du bungalow trois et mangèrent sans un mot, profitant simplement de la présence réconfortante des uns et des autres.


Bouhhh!!!!!LEO

Les Hérités de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant