Juin

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Jess...

Pourquoi je n'arrête pas de penser à lui? Sérieusement, j'en ai aucune idée! Franchement, c'est quoi mon problème? Oui... parce que ça fait un mois que je ne l'ai pas vu.

Après notre rencontre au bar, j'étais gênée de retourner au resto pour le voir. Je veux dire... peut-être que lorsqu'il m'avait proposé qu'on se revoie, c'était seulement une phrase gentille et qu'il ne le pensait pas vraiment... Enfin bref, durant la première semaine de juin, je me suis tenue tranquille. J'ai travaillé...

... et c'est pas mal ça.

Durant la deuxième semaine, j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée au resto, le vendredi, diner seule. (Et oui, mon courage a pris du temps à arriver alors je me suis rendue au resto qu'à la fin de la semaine.) Malheureusement, il n'était pas là.

J'ai presque demandé à un employé s'il était en pause ou je ne sais pas... mais je ne l'ai pas fait. Parce que je trouvais que ça faisait un peu... intense.

Je ne sais pas... finalement, j'aurais peut-être dû demander.

*soupire

Le lundi suivant, je me suis rendue de nouveau au resto. Et non, il n'était pas là. Le mardi, pareil. Le mercredi, le jeudi, le vendredi...

— Désolée?

Une serveuse s'est tournée vers moi avec un air dérangé.

— Oui?

— Je... Umm... Est-ce que Jess travaille toujours ici? Je ne l'ai pas vu de la semaine et...

— Il est en vacances.

— Oh...

— Il revient la première semaine de juillet.

— Oh...

— Vous avez besoin d'autres choses, madame?

— Oh... euh... non.

Elle s'est retournée et est partie... Et c'est là que j'ai réalisé que je devais tout de même sortir avec un gars ce mois-ci. (L'horreur ces défis du Nouvel An! Franchement...)

Avant de quitter le resto, je suis retournée voir la serveuse qui m'avait appelé madame (beurk! Quand même! J'ai l'air si vieille??) et lui ai donné un papier avec mon nom et numéro de téléphone. Elle m'a regardé un instant avec surprise et horreur.

— Pour Jess! Je me suis empressée d'ajouter.

Son corps a semblé se détendre à ces mots.

Elle m'a promis qu'elle ferait le message... j'espère juste que ce n'est pas une menteuse!

Bref. Alors voilà que je me retrouve à la dernière semaine du mois de juin avec le frère du petit ami de Carl. Et bon, j'ai tout le loisir de penser à ce que je veux en ce moment puisqu'on est au cinéma. (Ça fait changement du resto. N'empêche que je mange quand même. Je veux dire, ce popcorn est délicieux!)

Et bon, tout ce qui me tourne dans la tête, c'est Jess.

Ça m'énerve.

Je ne voulais pas sortir avec Florent ce soir (le frère du copain à Carl), mais on m'y a presque obligé. J'ai dit à Carl que j'allais me trouver quelqu'un toute seule, que j'étais une grande file, mais il a insisté.

Je suis une célibataire indépendante que tout le monde essaie de caser.

Mais n'est-ce pas ce que je veux au fond? Me caser?

Sérieusement, je ne sais plus.

Ce n'est pas la première fois que je vois Florent. Lors des soirées autour du feu qu'on fait parfois chez Carl, je l'ai souvent croisé. On parle, on rigole. C'est plaisant. Il ne me déplaît pas, mais je sais que je ne finirais jamais mes jours avec lui. Parce que...

pourquoi est-ce que je dois avoir toujours une raison de me justifier, hein? Je le sais, c'est tout!

Le film finit, on sort de la salle et il s'arrête à la sortie du cinéma.

— Alors... ton défi consiste en quoi au juste?

Je le regarde surprise.

— Qu'est-ce que tu veux dire?

— Ton défi, c'est de sortir avec un homme chaque mois... mais est-ce que tu dois l'embrasser... coucher avec lui...

— NON! Non... vraiment... seulement, sortir. Comme dans le mot « sortir ». Ça n'implique rien d'autre.

Un énorme sourire se forme sur son visage.

— Oh! Merci! C'est tellement un soulagement! Je veux dire, tu es belle et gentille et tout... mais je n'avais pas envie de faire ces trucs-là avec toi. Le problème, c'est que je te vois plus comme une grande sœur!

Oh là là!

Bon! Au moins, je ne serais pas obligé de me sentir coupable de lui dire que je n'ai pas envie de l'embrasser.

— Hahaha!

Ouais... c'est la seule chose que je trouve à dire.

Il me donne une accolade avant de partir. Je vais à ma voiture, démarre, conduis jusqu'à chez moi et enfile un pyjama confortable. Je ferme la lumière de ma chambre et me couche sur mon lit. Et là, j'entends le tic-tac de l'horloge et observe le plafond obscurci par l'obscurité.

Et dans ce silence total, dans cette atmosphère de solitude, je me mets à pleurer. Je suis bien, célibataire. Oui! Et je m'en sors plutôt bien, je trouve! Mais... y'a des soirs où j'aimerai tellement avoir des bras autour de moi pour me réchauffer. Ou une oreille pour écouter toutes mes gaffes de la journée. Ou quelqu'un qui me chuchote à l'oreille que je suis belle ou qu'il m'aime ou simplement un bonne nuit.

Je respire un grand coup et me reprends.

Je suis plus forte que ça!

Je suis plus forte que ça.


Annie et ses rencontres merdiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant