Annie et ses rencontres merdiques

AOUT

Jess et moi... on a décidé de prendre ça relax... Je veux dire, après la merveilleuse soirée dans ses draps chauds de la fin juillet, on s'est dit qu'on avait peut-être sauté des étapes. Ouais, parce qu'après tout, on n'est jamais « sortie » ensemble! Pff! La preuve que cette idée d'Anna de sortir avec des gars pour rencontrer l'amour était une réelle perte de temps. En tout cas... Alors on y va tranquillement...

Je sens un truc humide et chaud commencer à glisser sur mon visage. Et cette odeur...

— BEURK! Doc, descends du lit! Tout de suite!

Ce chien! Il est insupportable! Il me fait ce coup chaque matin! C'est le Dalmatien de Jess qui s'amuse toujours à sauter dans le lit le matin pour me réveiller après que Jess se soit levé. (Quoi? J'ai dit qu'on prenait notre temps, pas qu'on arrêtait toute relation!)

Je le pousse en bas du lit (le chien, pas Jess), mais il est quand même tout excité.

Je me sens bien. Mieux que jamais, même. Tout va bien dans ma vie! Je suis encore sur un petit nuage, j'ai de beaux cheveux et tout va pour le mieux... même si je dois aller travailler aujourd'hui.

Je me lève et m'habille avant d'aller rejoindre Jess dans la cuisine. Il me sourit en me voyant arriver.

— Bon matin, Annie.

— Bon matin, Jess.

Je lui souris puis il dépose un léger baiser sur mes lèvres. C'est tout récent tout ça, mais je me sens déjà chez moi dans cette routine.

— Tu sais ce que l'on devrait faire? Une vraie sortie tous les deux... Allez au resto ou... lance Jess.

— NON!

Je crie presque cette réponse et il a l'air surpris. Je veux dire, il me propose de faire une vraie sortie de « couple » et je le tus quasiment en brisant ses tympans. C'est quand même normal qu'il soit surpris. Sauf que...

— Ne le prends pas mal, mais tous les rendez-vous au resto que j'ai vécu étaient... catastrophiques! Et j'ai peur que si on y va, la malchance s'abattre sur nous et que je découvre finalement que tu as tout plein de défauts qui m'énerve et...

Il pose un doigt sur mes lèvres pour me faire taire.

— OK. Que veux-tu faire alors?

Je lui souris.

— J'aimerais bien t'inviter chez moi. Je pourrais préparer à souper et...

— Tu cuisines?

Non... mais je peux faire un effort pour ce soir.

— Vous croyez que je n'en suis pas capable, monsieur le serveur?

— Oh, non. Je vous en crois totalement capable, madame club sandwich.

On rigole comme ça encore quelques minutes avant que je me prépare pour aller travailler.

Durant le trajet en métro, je repense à mon mois d'aout tout à fait génial ainsi qu'aux trucs bizarres qui me sont arrivés. On m'avait déjà dit un dicton qui voulait dire que lorsqu'on est en couple, on attire plus de gars... Ce qui est vrai, selon ce que j'ai vécu.

Pas que je sois « officiellement » en couple... mais un peu quand même. Je ne crois pas que le fait qu'on n'ait pas mis de mots sur la chose rend notre relation moins « vraie ».

Bref, il y a deux jours, dans ce même métro où je suis présentement, je me suis fait draguer. Ou plutôt mâter. Disons un peu des deux. Le gars me fixait de bas en haut avec un petit regard dragueur, comme ça, intensément, comme si j'étais un morceau de steak cuit juste à point et qu'il voulait en prendre une bouchée.