Chapitre 5

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Cela faisait près d'une heure que j'étais là, assis sur le carrelage frais de cette cabine putride, verrouillée par un ingénieux système de verrous et de serrures rouillées.

Je ne pensais alors à rien de particulier, je laissais mon esprit divaguer et mes idées s'entrechoquer. J'étais immobile, à terre, fixant cette porte peinte d'un jaune usé et recouverte de graffitis. Soudainement, je me mis à penser à elle. Je la voyais, se déhanchant devant moi en se recoiffant, les sourires malins qu'elle avait autrefois l'habitude de m'adresser...Tout en cette femme avait le don de me faire rêver ; et tout en elle avait également la possibilité de m'anéantir. Je fixais donc cette porte, en ne clignant des yeux que très rarement, ce qui les emplissait de larmes. Je n'avais que faire de la douleur car à ce moment précis, c'était bien la seule chose qui pouvais me faire oublier ce qui venait de se passer.

Soudain, mes paupières devinrent lourdes et le sommeil tenta de me cueillir. J'étais sur le point de le laisser m'emporter lorsque j'entendis un bruit. Ce son ressemblait à un doux claquement de talons produit par une démarche féminine et assurée. Aucun doute n'était possible, c'était elle ! J'entendis le tintement hypnotique de sa démarche s'approcher, puis s'arrêter devant cette porte qui constituait le seul élément qui me séparait d'elle. C'est alors que Marine soupira puis, après une respiration hésitante, s'adressa à moi :

-Arnaud, je sais que tu es là.

Je décidai de ne rien répondre.

-Arnaud s'il te plait répond moi !

Encore une fois, je ne dis mot. Entendre sa voix prendre cette tonalité réconfortante me privait de l'envie de l'interrompre.

-Arnaud je... Je, je m'excuse ! Je suis désolée, je me suis emportée. Tu sais, je n'ai rien dit de tout cela pour te faire du mal, je voulais simplement te faire comprendre que tu ne peux pas sortir avec une femme qui a un mari, des enfants et le double de ton âge...

Sur ces mots, je décidai d'intervenir :

-Vous avez des enfants ? le simple fait qu'elle ait construit sa vie sans moi aurait dû me toucher mais je ne ressentis rien. Après tout, elle avait peut-être raison, peut-être que mon amour pour elle n'avait aucun sens...

-Tu sais Arnaud, l'idée de construire nos vies ensemble et de bâtir un avenir, a beau être absurde mais je dois te dire que je ne pensais pas ce que j'ai dit tout à l'heure, tu n'es pas repoussant ; tu es même un très beau jeune homme... Et puis, je dois te dire que je ressens plus que de l'amitié envers toi... Il ne s'agit pas d'amour, cela serait insensé mais d'une sorte d'attirance envers ta personne... C'est étrange je sais ; j'aurais dû m'en rendre compte. Pour tout dire je n'avais moi-même pas pris conscience de ces sentiments...

Sur ces mots, elle laissa échapper un petit rire de gêne et même de l'autre côté de la porte, je pouvais imaginer son sourire délicat. C'est alors que je me suis levé, je me suis approché de la porte et dans un grand moment de perplexité amoureuse, j'écoutais son souffle sensuel et soutenu qui, par sa faible fréquence, arrivait tout de même à déchirer le silence. Un court instant plus tard, Je ne savais certainement pas à quoi je m'exposais mais mes gestes furent plus fort que ma raison, je saisis le verrou du bout de mes doigts et ouvrit la porte en un mouvement hésitant.

Elle se tenait là, devant moi, elle semblait aussi hésitante que moi. Cette situation me fit presque rire, nous ressemblions à deux adolescents sur le point de découvrir leur sexualité pour la première fois. Cependant, en ce moment fatidique, je ne pensais à rien sauf à elle. Ce moment, j'en avais souvent rêvé mais je suppose que je n'ai jamais vraiment réalisé ce qui s'est passé ce jour-là. Je laissai donc mon regard se noyer dans le sien, ainsi que mes sens s'emparer de son image. Que devais-je faire ? Lui sauter dessus, la laisser faire le premier geste, lui prendre la main de manière rassurante ? Je décidai d'attendre et de profiter un instant de plus de cette merveilleuse vue que m'offrait son regard. Ce moment magique aurait pu durer une éternité mais c'est elle qui décida d'y mettre fin. Elle attrapa ma main, esquissa un grand sourire et m'adressa un regard langoureux. Je lui souris et attrapai son autre main. C'est alors qu'elle se rapprocha de moi. Nos souffles se croisèrent, nos lèvres s'épousèrent et nos corps se scellèrent pour ne faire plus qu'un.

Passion secrèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant