CHAPITRE 9: "je t'aime"

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Après être passés en caisse, Clara et moi attrapâmes le premier bus pour rentrer chez nous. Il avait l'habitude de déposer Clara dans son village et de passer ensuite par le mien ; nous n'habitions pas très loin l'un de l'autre mais cette distance suffisait à nous rendre malheureux...

Lorsque le bus se mit en marche, Clara posa sa tête sur mon épaule, elle semblait préoccupée... Je luis dis donc :

-C'est super d'avoir croisé ton père ! je suis ravi de l'avoir rencontré ! En plus j'ai l'impression que le courant passe super bien entre nous !

-Oh ça ! j'ai l'impression qu'il t'adore ! je ne l'ai jamais vu aussi complice avec quelqu'un ! Mais dis-moi, rien ne t'a choqué toi ?

-Heu... Non pas vraiment... Pourquoi ?

-Je ne sais pas, je le sentais pressé, mal à l'aise... Comme s'il mentait, comme s'il cachait quelque chose...

-C'est vrai qu'il avait l'air bizarre mais ne t'inquiète pas, il avait l'air bien.

-Mais oui je sais mais je sentais qu'un truc n'allait pas...

Elle prit ensuite un air mesquin : A ce propos ! pourquoi tu m'as demandé d'aller à l'autre bout du magasin si soudainement tout à l'heure ?

Je me mis alors à rougir et à bafouiller :

-Heu... Et bien.. j'ai croisé..... Une ancienne prof !

-Mais pourquoi tu m'as éloigné alors ?

-Ecoute, c'est une longue histoire, j'ai pas vraiment envie d'en parler...

-Mais qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi tu voudrais me cacher d'une ancienne prof ? Vous êtes tombés amoureux et vous avez fait des bébés ensemble ?

Sur ces mots, elle éclata de rire... Clara avait tout pour me plaire mais je n'avais jamais saisi son sens de l'humour décalé. Pour le moment, je reniais mes souvenirs... Je les effaçais de ma mémoire et je me mis à in-venter une fausse histoire ; pour le bien de Clara et le mien :

-Elle s'appelait Madame E...(j'étais sur le point de dire « Madame Ellys » mais il fallait effacer un maximum d'éléments véridiques...) Madame Es-mith... Une prof de..... d'espagnol ! Elle était complètement folle, elle en avait toujours après moi elle appelait sans arrêt mes parents et... c'est dur de parler de ça... Elle m'a menacé de mort le dernier jour...

Sur ces mots, je m'efforçai de faire couler quelques larmes provoquées par un mélange de peur et d'angoisse ; après tout, le théâtre a toujours été une passion pour moi !

-Mais c'est terrible ! pourquoi ferait-elle ça ?

-je n'en sais rien ! elle ne m'aimait pas et le dernier jour elle m'a attrapé par le col et m'a chuchoté : « C'est fini... je n'aurais plus à voir ta tête... en revanche, si cela devait arriver, je m'assurerai que ça soit la dernière fois que tu croises quelqu'un... C'est clair ? Ton cou est si fin que je pourrais le tordre comme une allumette... » Je n'ai jamais osé le dire à qui que ce soit, alors je fais tout pour l'éviter depuis...

A ce moment, je me sentais vraiment ridicule... Cette histoire ne tenait pas debout, mais Clara et moi ne nous sommes jamais menti donc elle m'a cru sur parole... Je me sentais mal, moche, sal de lui avoir menti mais c'était pour le mieux. Marine devait rester loin de tout ça, à jamais !

-Et tu voulais donc me protéger ! Mais comment j'ai fait pour te trouver toi! Un joli garçon, intelligent et en plus protecteur... sur ces mots, Clara vint cueillir mes lèvres avec une telle délicatesse que je me sentais voler... Tu comptes en parler à la police ?

-Oh non, comme dit mon grand-père, elle est juste un peu « pompée du bouchon », c'est une folle, elle va vite m'oublier...

Le bus arriva à l'arrêt de Clara et cette dernière, après m'avoir embrassé encore une fois, descendit en faisant bouger ses hanches telle une pan-thère sauvage. Les portes du bus se fermèrent et Clara m'adressa un clin d'œil avant de souffler un baiser dans ma direction. Ses lèvres se mirent ensuite à danser et je pus lire ce qu'elles disaient ; « Je t'aime ».

Cette phrase me fit un effet étrange. Le fait de voir ses lèvres prononcer ces simples mots, je voyais son visage transformé, ce n'étais pas Clara que je voyais, elle me rappelait quelqu'un d'autre, quelqu'un qui m'avait déjà adressé ces mots... Je connaissais la réponse, mais je n'osais à peine l'imaginer... Je lui répondis alors par le même baiser. Le bus démarra et nous sépara, jusqu'au lendemain matin.

Une fois arrivé chez moi, mes parents étaient sur le canapé et ils ne notèrent presque pas mon arrivée, comme ils avaient l'habitude de le faire. Le fait de voir ma famille si peu attentionnée me rappela immédiatement la rencontre chaleureuse avec le père de Clara. Sa famille paraissait si gentille... Par ailleurs, cette pensée tomba au bon moment car à ce moment précis, Mon téléphone sonna. C'était Clara, je laissai alors sa voix douce m'expliquer que son père souhaitait me revoir et que sa mère souhaitait me rencontrer... je me mis alors à sauter de joie ! Je devais aller dîner chez eux le samedi qui arrivait !!! J'allais enfin pouvoir échapper à ma fa-mille absente, mes parents démissionnaires pour concrétiser ma relation avec Clara et rencontrer le reste de sa famille... Je ne pouvais attendre ! je m'avançai alors vers mon calendrier et pointai la case du Samedi 28 Novembre et y nota : « 12H30, repas chez belle-famille ».


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