Le bonheur introuvable

10.

J'entrouvre difficilement les yeux et regarde autour de moi. Je semble être dans une chambre d'hôpital. Je n'ai aucun souvenir qui me remonte en mémoire et je commence à paniquer. Pourquoi est-ce que je suis ici ? Je tente de me lever mais ma jambe me fait mal. Je grimace et essaie une nouvelle fois. Je parviens à m'assoir et appelle une infirmière. Celle-ci arrive après quelques minutes et je lui demande pourquoi je suis ici.
- Vous avez eu un accident mademoiselle. Un accident de voiture. D'ailleurs, votre ami va bien.
Alex. Ça y est, la soirée de hier me revient en mémoire et je demande à la jeune femme si je peux le voir.
- Vous êtes encore fatiguée.
- Non je vais très bien. Je veux le voir.
- Très bien.
Elle m'aide à me lever, et nous marchons dans les couloirs avant de nous arrêter devant une porte. Je toque puis entre. J'aperçois Alex, couché sur un lit. Je me presse vers lui et lui prend la main.
- Comment tu vas mon amour ? me demande t-il.
- Très bien. Et toi, qu'est-ce tu as eu ?
- Rien de grave, quelques points de sutures au bras gauche. Je suis désolé tu sais.
- Ce n'est pas de ta faute. C'est à cause de l'autre voiture.
J'arrive à me coucher à côté de lui. Je pose ma tête contre son torse et ferme les yeux alors que l'infirmière sort de la chambre.

- Merci.
Je referme la portière de la voiture du taxi et prend la main d'Alex. Arrivée dans l'appartement, je vais directement me laver, épuisée par cette fatigante journée que j'ai passé à l'hôpital. Cela fait deux jours que je ne vais pas à mon école, mais je compte bien y aller demain. L'eau qui glisse le long de ma nuque me procure une sensation de bien être et d'apaisement. À cause de l'accident hier soir, la voiture d'Alex est explosée. Il a dû l'envoyer à la casse. Il est maintenant couché sur le canapé en train de regarder la télévision. Je me couche à côté de lui et il m'entoure de ses bras. Le dos collé à son torse, je m'endors, la tête légère.

Lorsque j'ouvre les yeux, Alex est assis le dos contre le mur en train de me regarder. Je me redresse en souriant et dépose un baiser sur ses lèvres. Il me sourit à son tour et me montre le plateau de nourriture qu'il m'a préparé.
- C'est gentil.
- Je ne voulais pas que tu arrives en retard à ton école. Qu'est-ce que tu vas leur dire pour tes absences ?
- Je dirai que j'ai fais une chute et que je suis allée à l'hôpital.
Alex hoche la tête sans rien dire, et je commence à manger.

Alors que j'attend Alex devant mon université, ce n'est pas sa nouvelle voiture que je vois se garer devant moi, mais une blanche, avec Jarod au volant. Il ouvre sa vitre.
- Je te ramène.
- Désolé, mais Alex vient me chercher.
- C'est lui qui m'a demandé de venir parce qu'il a eu un empêchement, et il ne voulait pas que tu rentres toute seule.
Je n'ajoute rien et monte à côté de mon vieil ami. Il redémarre le moteur, et il prend la route de l'appartement à Alex. Il baisse le volume de la radio et brise le silence.
- Ta matinée s'est bien passé ?
- Oui bien.
- Tu sais quel genre empêchement à eu Alex ?
- Non. Il s'absente souvent en ce moment. Il ne m'a jamais dit pourquoi. Il me dit qu'un de ses amis a besoin d'aide. Je ne cherche même plus à comprendre.
Voyant que ce sujet m'énervait, Jarod décida de parler d'autre chose.
- Et ton école, c'est pour quoi ?
- J'ai eu mon bac S et c'est une école qui permet d'approfondir ses connaissances dans la médecine.
- Tu voudrais être médecin ?
- Pas exactement. Chirurgienne.
- C'est un beau métier.
- Oui. Après mon année dans cette université, je vais intégré une autre école, beaucoup plus prestigieuse. C'est pour ça qu'il faut que j'ai de bons résultats. Il y a très peu de places par rapport aux demandes.
- Je vois.
Il s'arrête derrière une voiture rouge alors que le feu passe au rouge.
- J'ai entendu dire que tu as eu un accident. Rien de grave ?
- Non, seulement quelques bleus pour moi et six points de sutures pour Alex.
- Tant mieux.
Toutes les voitures commence à avancer, et Jarod fait de même. Au feu suivant, il se tourne vers moi, une expression de tristesse dans les yeux.
- Tu sais, même si on n'a pas parlé du passé, je voudrais te dire que je suis super heureux de t'avoir revu. Mais une chose, pourquoi es-tu partie ? Tu m'as laissé seul, et je n'ai jamais su pourquoi.
- Je voulais une nouvelle vie. Je voulais oublier mon passé, alors j'ai décidé de partir. Je n'ai jamais voulu t'abandonner. Mais si tu venais avec moi, je n'aurai jamais pu oublier. Tu m'aurais rappelé trop de choses. Les bons souvenirs, mais surtout les mauvais. On a passé dès moments fantastique ensemble, et je ne t'ai jamais oublié Jarod. Tu est gravé dans mon cœur. Parce que sans toi, je ne serais pas là. Tu m'a permis de me relever, de ne pas abandonner, de ne jamais baisser les bras, et pour tout ça, je te dois la vie. Je ne te remercierai jamais assez pour tous les efforts que tu as fais pour moi, pour toutes les épreuves que je t'ai faite traverser. Tu es venu me voir un matin ordinaire, et tu as changé ma vie. Tu as illuminé ma vie. Tu m'as rendue heureuse. Tu m'as aider sans jamais me juger. Tu m'a encouragé, tu m'as appris le bonheur. Tu m'as appris à profiter des moments que la vie nous offre. C'est le destin qui m'a conduis jusqu'à toi. Tu es un don du ciel. Mais j'ai été égoïste. Je n'ai pensé qu'à moi quand j'ai pris la décision de partir. Je n'ai pas pensé à la douleur que tu as dû ressentir. Et je m'excuse.
Je relève la manche de ma chemise, ce qui laisse apparaître un bracelet aux couleurs délavées. Jarod me regarde en souriant.
- Tu l'as gardé.
- Je ne l'ai jamais enlevé. Ce bracelet s'était tout ce qu'il me restait de toi. Il y avait un bout de toi dans ce bracelet.
Jarod se détache et me prend dans ses bras. Les larmes coulent sur mes joues. Un frisson de joie me parcourt le corps entier. Derrière nous, une file de voiture klaxonnaient. En effet, le feu était de nouveau vert. Jarod démarre tout en attachant sa ceinture. Il s'arrête quelques mètres plus loin, sur une place de parking au pied de l'immeuble où je vis. Il coupe le moteur de sa voiture et me sourit.
- Je te raccompagne.
Nous prenons l'ascenseur, et nous arrivons devant la porte d'entrée.
- Tu veux boire un coup ?
- Je veux bien.
- Alex sera peut-être rentré.
J'ouvre la porte qui n'est pas fermé à clé. Alex est là. Nous entrons dans le salon et je cherche Alex. J'entre dans la chambre et je vois une jeune femme dans notre lit. Qui est-ce ? Je sors de la chambre lorsque Alex sort de la salle de bain. Il me regarde, comme surpris de me voir arriver si tôt. Les larmes me montent aux yeux et alors que Alex essaie de m'attraper par le bras, je cours vers Jarod et je lu demande si je peux aller chez lui.
- Qu'est-ce qui ce passe ?
- Je t'expliquerai dans la voiture. Je veux sortir de cet appartement.
Nous descendons les escaliers à toute allure avant de monter dans la voiture à mon ami. Il me regarde sans comprendre et je lui explique.
- Et bien il y avait une femme dans la chambre. Alex sortait de la douche. Je comprend mieux pourquoi il ne me disais pas ce qu'il faisait quand il partait. Il allait la voir. Sauf qu'aujourd'hui c'est elle qui est venue. Il me trompe, réalisai-je en sanglotant.
J'essuie les larmes et Jarod me prend dans ses bras.
- Tu restes chez moi le temps que tu veux.
- Mais il y a ta copine.
- On a deux chambres ne t'inquiète pas.
Depuis combien de temps ? Depuis combien de temps me ment-il ? Depuis quand est-ce qu'il la voit ? J'ai été tellement naïve. Je croyais que c'était l'homme parfait. Mais l'homme parfait n'existent que dans les films. Les hommes prennent les femmes pour des moins que rien. Quand ils en ont marre d'une, ils passent à l'autre. Rare sont les fidèles qui eux, prennent leur femme pour des bijoux, des diamants. Ces hommes là disparaissent.