Chapitre 4 : Réparer les cœurs brisés.

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Il arriva un moment, je ne me rappelle pas très bien quand ni comment, où ma petite Allie commença à changer, et avec elle, tout son monde de fantaisie.

Les murs de sa chambre d'une douce couleur rose bonbon de toujours changèrent pour qu'on y peigne à la place un rouge ardent et vif qui te brûlait seulement en le regardant. Les posters des odieuses princesses Disney furent arrachés et brûlés, remplacés par les images folles de groupes de musique comme My Chemical Romance ou Fall Out Boys.

Mais c'était sans doute elle la plus changée : elle ressemblait à une femme, bien qu'en même temps elle fût encore une enfant. Ma plus si petite Allie était devenue une rebelle et sauvage adolescente.

Elle troqua ses robes à fleurs pour des t-shirts noirs avec des logos sanglants et de macabres têtes de mort pirates associés à des pantalons denim bien ajustés, elle échangea ses petites chaussures pour des chaussures de sport et ses cheveux couleur chocolat avaient maintenant les pointes rouges.

Elle passait ses soirées à parler au téléphone avec vas savoir qui, pendant qu'elle me faisait des chatouilles sur le ventre et quand quelqu'un qu'elle connaissait venait à la maison, elle avait pour habitude de me cacher sous son lit comme si j'étais une peluche délinquante ou alcoolique qu'elle avait honte de montrer.

Je ne vais pas mentir, ces changements me terrifiaient. J'étais un ours inquiet, même si à première vue je n'en avais pas l'air et j'étais sûr qu'à tout moment ma petite Allie m'oublierait comme elle avait fini par le faire avec tous les autres. Mais mon travail n'était pas fini, pas encore.

Son nom était Bratt, le quarterback. Il avait les cheveux bruns et les yeux clairs, les mains très larges et le cerveau de Kingstone.

Une semaine plus tôt, Allie le ramena à la maison en oubliant qu'elle ne m'avait pas caché et d'une façon ou d'une autre ils avaient atterri dans la chambre à moitié dénudés et avec de dangereux verres en trop.

Ce fut une soirée pleine de baisers, caresses et sexe pour ma petite Allie, et pour moi un cauchemar que je ne pense pas pouvoir effacer de mon innocent esprit d'ours en peluche.

« Lâche là, sale vermine ! – je lui criai – Retire tes pattes d'elle ! »

Je me rappelle comment il attrapait ses fesses de ses mains sales et l'embrassait avec désir pendant qu'elle essayait de déboutonner son pantalon avec une de ses mains et cachait l'autre dans ses cheveux, s'accrochant à lui.

— Je t'aime – lui dit-elle, gênée.

— Je le sais, bébé – répondit-il –. Je le sais.

Et qui est-ce maintenant celui qui doit s'occuper de son cœur brisé, Bratt ? Comme toujours, cet organe délicat que les garçons détruisent était réparé par nous, les ours en peluche, les compagnons fidèles.

— Mon Dieu, Doudou – pleurait ma petite Allie –, je ne sens pas mon cœur.

Bien sûr, comment allait-elle le sentir ? Bratt le lui avait piétiné.

Tout son maquillage avait coulé et moi j'avais du mascara dans les poils, mais je m'en fichais. Ni cela ni le chocolat qu'elle était en train de manger pour remplir le vide de son estomac et qui changeait par endroit la couleur de mon pelage ne me dérangeait.

— Je lui ai confié mon cœur, je me suis livrée à lui... - se lamenta-t-elle.

Par malheur, cette dernière chose je la savais déjà.

Je ne savais pas comment lui dire que j'étais ici, avec elle, et que je serai toujours là pendant ses nuits les plus difficiles pour consoler son cœur et essayer de le réparer avec mes mains d'ours et un peu d'aide de la magie que ma Mamie m'avait accordée.

« Tu vaux plus que ça, ma petite – pensai-je –, ne gaspille pas une larme de plus pour cet idiot. »

— Comment ai-je pu être si aveugle ! – elle mordit avec force le chocolat –. Sacré fils de pute... – elle me regarda anéantie –.

Pour l'amour de Dieu, Allie, tu es complètement folle. Qu'est-ce que tu as à parler avec une peluche ? En fait, ce qui était assez préoccupant c'est qu'elle continuât de parler avec moi à dix huit ans. Mais je ne devais pas non plus beaucoup me prononcer sur le fait d'être étrange ou non, puisque j'en étais le meilleur exemple. En réalité, nous étions tous les deux tarés.

Elle s'allongea sur le lit et ensuite elle m'allongea près d'elle.

— Parce que tu es le seul qui m'écoute – répondit mon intelligente Allie elle-même.

« Élémentaire, ma petite, – répondis-je – parce que je suis le seul qui t'aime inconditionnellement. »

Je l'écoutai soupirer, une tentative de soupir qui fut accompagnée par un rire.

— Des fois, je crois que tu es vivant, mon petit compagnon de batailles – me confessa-t-elle –. Je devrais aller voir un psychiatre ? Sûrement.

« Et j'irai probablement avec toi, partenaire. »

Elle frappa l'oreiller avec force et recommença à rire.

— Vengeons-nous de Bratt, Doudou ! – s'exclama-t-elle avec un de ses sourires rêveurs – Vengeons-nous comme nous seuls savons le faire !

Elle n'avait aucune idée d'à quel point cette idée me plaisait. J'étais prêt à lui botter le cul, même si je pouvais seulement le faire avec des câlins.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 07, 2016 ⏰

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