Rencontre

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     Je me dirigeai d'un pas trainant vers le réfectoire. L'annonce de mon binôme m'avait pourrit le reste de la journée. Stan. Non mais franchement. Ce type ne savait que draguer, draguer et re-draguer pour changer. Je ne décolérais pas. Je posai mon assiette sur la table où je mangeais seule comme à mon habitude. Mais comment j'allais faire pour m'entendre avec lui ? J'avais à peine commencé à manger quand je sentis une présence derrière moi. La personne s'installa et m'aborda :

      - Bon alors si je me fie à ce qu'on m'a dit, Kamila c'est toi !

     J'en conclu que Dmitri avait informé l'autre classe des duos et qu'il venait pour voir avec qui il allait passer le reste de l'année. Je ne pouvais pas lui reprocher ça, après tout à sa place j'aurai eu la même réaction. Mais malheureusement pour lui il était venu au mauvais moment : j'étais de très mauvaise humeur...

      - Je ne me rappelle pas t'avoir autorisé à t'incruster dans mon espace vital.

      - Non mais tu pourrai au moins me répondre.

     Et il me disait ça avec toutes ses dents dehors en plus. Je dévisageai le garçon assit en face de moi. Il était d'une beauté irréelle : ses cheveux blonds lui arrivaient en dessous des épaules et son visage n'avait aucune imperfection. Même pas un bouton d'acné et pourtant, il paraît que c'est la période chez les adolescents. Ce jour là, il portait un t-shirt gris et un jeans délavé qui mettaient son corps musclé en valeur.

     Mais le plus captivant chez lui, c'étaient ses yeux. Il m'était impossible de dire de quel bleu ils étaient : selon la luminosité ils ressemblaient soit à celui du ciel soit à celui plus profond des océans. Il parait qu'ils se couvraient comme un ciel d'orage et qu'ils pouvaient devenir totalement gris quand il pleuvait ou qu'il se mettait en colère. Il avait aussi une barbe de quelques jours.

     Cependant, je n'allais pas pas me laisser impressionner par son beau visage. La vie m'avait prouvé que les mecs étaient de parfaits connards et qu'ils avaient juste le minimum d'intelligence pour vous faire chier ou pour vous fourrer dans leur lit. Et plus ils sont beau, plus ils sont dangereux. Et évitez de me dire que pour le savoir je devait les avoir tous testés : je ne tiens pas à faire des cauchemars ce soir. 

     A ce moment je sortis de mes pensées et je vis Stan me regarder en souriant :  Aaaaaaah, il me prenait pour une de ces filles qui passent leur vie à le regarder avec des yeux éperdus d'admiration. Eh bien il allait être déçu: je n'en faisait pas et n'en ferrait jamais partie. Mais en voyant sa tête je compris qu'il n'avait pas l'intention de partir alors je me décidai à lui répondre:

      - Oui, Kamila c'est moi.

      - Ah d'accord, j'ai cru que tu étais muette.

     - Certainement pas.

      - Ou alors éblouie par ma beauté céleste ?

      - Alors écoute hein, évite de prendre tes rêves pour la réalité, ça me fera des vacances.

Énervée, je m'apprêtais à partir quand il me retins par la  main.

      - Bon d'accord, j'arrête. Je m'appelle...

      - Stan, oui je sais.

      - Et je peux savoir comment ?

     - Parce que la moitié des filles du lycée passe son temps à raconter à quel point tu es beau, fort, sexy, bon au lit, et l'autre moitié se transforme en limace sur ton passage. Peut-être qu'elles trouvent ça sexy.

     Et là, il a éclaté de rire. Non mais franchement, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez ce mec. Qui éclate de rire quand la personne assise en face d'elle te fait clairement comprendre qu'elle ne veut pas de sa présence ? Sérieusement ?

      - Bon ben au moins on peut dire que tu n'as pas ta langue dans ta poche toi. Et dire qu'on t'avais décrite comme une fille calme, effacée, timide et...

     Oh mais je suis une fille calme et effacée, mais les choses dans ton genre ont le don de me mettre hors de moi. Mais bon, je ne vais pas aller jusquà te le dire: je ne suis pas assez énervée pour ça, pas encore. Mais continue comme ça et ça va finir par sortir.

      - Abrège. J'ai pas que ça à faire.

      - Tu pourrais au moins faire comme si tu t'intéressais à ce que je raconte...

      - Je pourrais, mais le problème c'est que ta petite personne m'indiffère totalement.

Bon ben sur le coup, Mr Colgate à perdu le sourire et à enfin compris que je ne voulais pas de lui...

      - Je voulais juste savoir qui tu est et...

     - Eh bien maintenant tu sais, donc laisse moi tranquille.

J'étais tellement énervée que je ne l'avais même pas laissé finir sa phrase.

     -  Donne moi ton numéro au moins !

     - Désolée, mais je n'ai pas l'habitude de donner mon numéro à de parfaits inconnus. Bonne fin de journée Stan terminais- je en me levant.

J'avais préféré partir avant de lui dire une horreur. Pourtant la tête qu'il a fait en me voyant partir m'a fait un peu de peine. Le pauvre ne devait pas avoir l'habitude d'essuyer des refus. D'autant plus que ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi : normalement je laisse les gens faire sans réagir, même s'ils m'embêtent. Mais c'est plus fort que moi : ce genre de garçons sans aucune gène qui se croient tout permis parce qu'ils sont beaux ou populaires m'horripile. D'ailleurs, les trois quart de la gente masculine m'horripile...




Combats mes démonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant