Nocturna

Chapitre 3 : PDV Robin

  Ça y est, le grand jour était arrivé ! Un des mentors posa la copie d'examen sur ma table. Mon mentor était là aussi, me regardant avec un sourire en coin qui ne l'avait pas quitté de toute la semaine, persuadé que j'allais me planter. Mais je ne lui ferai pas ce plaisir ! Je descendais d'une lignée de voyageurs, je ne pouvais pas échouer ! Rien que d'imaginer la tête de mon père s'il l'apprenait, me donnait des frissons plus que désagréables. Je soufflai doucement en sentant la pression et le stress m'envahir progressivement jusqu'à sentir une boule se former dans ma gorge. Pas bon du tout ça... Penser positif, c'est ce que Mère m'avait conseillé. Ça faisait trois semaines que je passais mon temps à réviser. Toutes mes soirées étaient occupées à ça. La fatigue commençait à peser mais je devrais faire avec. Positif !

« Vous pouvez retourner les feuilles. »

Plus possible de reculer maintenant. Quatre feuilles recto-verso me faisaient face. Une centaine de questions à choix multiples. Quatre heures. Je devais mobiliser toutes mes connaissances acquises ces derniers cycles. Cette dernière semaine avait été éprouvante. Le mentor, après s'être remis du choc de ma révélation quant à mon intention de devenir voyageur, avait commencé ses petites piques quotidiennes. Je vous laisse imaginer le plaisir qu'il en résultait surtout quand vos camarades se joignaient à lui.

« Alors Robin, encore dans la lune ? »

Ou encore :

« C'est avec ça que tu comptes faire perdurer la lignée des Nocturniens ? »

Etc, etc... Lui, il me tapait sérieusement sur le système lunaire avec ses réflexions à deux balles (je n'avais jamais compris l'histoire des deux balles mais mon père disait souvent cela quand il était énervé et il s'avérait que c'était drôle à dire). Je me contentais de serrer les dents et les poings. Pas la peine de s'énerver pour quelqu'un comme ça. Oui il était érudit-mentor et avait la chance d'enseigner son savoir à des apprentis et d'avoir une des fonctions les plus importantes de Nocturna. Mais si je devenais voyageur, je serai au-dessus de lui ! Une société pouvait survivre sans savoirs mais pas sans population. Mouhahahah ! Pardon, il était possible que je sois un peu sur les nerfs, juste un peu.

Une fois cette formidable semaine achevée, il fut temps pour la cérémonie de confirmation de se dérouler. Comme son nom l'indiquait, elle clôturait notre cycle d'apprenti confirmé. C'était l'occasion de se retrouver ensemble entre futurs disciples. Toutes les classes de notre cycle se rassemblaient dans la salle de conférence de la Grande Université. Les chaises avaient été retirées sur les côtés de la pièce n'en laissant que quelques-unes avec des tables ramenées du château pour permettre aux gens de se rassembler entre amis. La cérémonie de confirmation était une des rares occasions pour nous permettre de porter nos « beaux habits ».

Habituellement, nous portions tous le même genre d'habits : un pantalon, un débardeur, une veste et des rangers noirs. Hommes, femmes, enfants, tout le monde pareil ! Seule une pastille au niveau du cœur indiquait notre fonction : verts pour les apprentis avec différentes nuances de la plus claire à la plus foncée suivant notre niveau, blanc pour les érudits, rouge pour la famille royale et bleu pour les voyageurs etc.. Nos beaux habits consistaient en costumes pour les hommes et robes pour les femmes. Suivant l'âge, ils devenaient de plus en plus perfectionnés. Passant de la simple veste de costume à la queue de pie ou de la petite robe noire à la robe longue avec traîne.

La cérémonie de confirmation était la première cérémonie importante de notre vie, c'était donc là qu'on nous remettait notre premier costume / robe. Il y avait d'abord la cérémonie officielle avec nos mentors qui nous remettait des dossiers pour nous permettre de nous inscrire dans la formation souhaitée et aux examens qui y menaient et on nous félicitait pour ces onze années d'étude. Pendant la semaine, des maîtres étaient venu présenter leur formation pour ceux qui n'étaient pas encore décidés. Mais la plupart l'étaient en ayant vu leurs parents faire ou les autres habitants.