Verseau (20 janvier - 19 février)

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Verseau. Je ne devrais pas être Verseau.

C'est pourtant ce que je fais, tous les jours, depuis presque huit mois. Je verse de l'eau. Je verse des larmes. J'ai tellement pleuré que je ne sais pas comment il est encore possible qu'il me reste une seule goutte d'eau dans le corps. Mes yeux sont secs, et rouges, d'avoir trop pleuré. Ils cèdent, pourtant, à chaque fois. A chaque fois que je me mets à trop penser, à chaque fois que je porte un regard sur ce que je suis ou ce que je fais, c'est comme un raz-de-marée balayant une digue, abattant des arbres, se frayant un chemin, dévastant tout, inondant tout. Je ne peux pas résister.

Et je me déteste d'être aussi faible. Une raison parmi tant d'autres de me détester.

Je vous vois venir. Encore une petite fille gâtée qui se plaint de sa pauvre vie d'adolescente. Vous avez raison, je ne peux pas vous blâmer.

La preuve, regardez : je parle toute seule. Si ça ce n'est pas la preuve que je déraille...

Je devrais être Lion. Lionne, plutôt. Je l'ai été, sans doute. Il n'y a encore pas si longtemps. J'étais une lionne qui s'ignore. Timide, réservée, pas très à l'aise avec les gens de son âge. Surtout avec les garçons. C'est assez simple, finalement, de résumer Ginny Weasley.

Si vous interrogiez mes camarades de classe aujourd'hui, je suppose qu'ils vous diraient que je suis une lionne. 1m75, chevelure rousse, 95C. Tels sont les caractéristiques d'une lionne, pour les membres de la gente masculine. Je ne peux pas tellement leur reprocher ce jugement. Je l'ai mérité. J'ai tout fait pour. Et puis, ce n'est pas comme si « Lionne » était le pire qualificatif que l'on m'ait attribué.

Pour tout vous dire, je m'en fous. Enfin, j'essaye de m'en foutre. Mon existence est sans doute résumée dans cette unique phrase. C'est dire ce qu'elle vaut.

Une nouvelle larme roule sur ma joue, mais cette fois, c'est une larme de plaisir. Elle accroche mes cils, se suspend un instant à ma pointe lacrymale, puis trace un sillon brûlant sur ma peau en sueur.

Dean me pénètre, lentement, profondément, et toutes mes pensées se mélangent.

Il sait se montrer doux, quand il veut. Et dans ces moments-là, il est... terriblement compétent.

Le genre d'amour comme celui que nous vivons ce soir, cela ne lui arrive pas souvent. Dean est une créature sans âme, sans jugement et sans émotion, excepté le plaisir que lui procure la souffrance des autres. C'est pour cela que je l'ai choisi, je crois. Il est mon parfait opposé. Je souffrais tellement que j'avais besoin de me heurter à un mur : sa froideur. Son indifférence. Le seul habitant de ce château à ne pas me considérer avec compassion, pitié ou dégoût. Le seul pour qui mes pensées, mes sentiments, n'avaient pas la moindre importance. Le seul capable de me détourner de mes souffrances, en m'en procurant d'autres...

D'habitude, Dean aime le sexe violent. Il est brutal, dominateur, et je dois avouer que j'adore ça, comme la chienne que je suis. C'est peut-être ce fameux complexe du viol dont j'ai entendu parler. Mais c'est plus probablement parce qu'il me donne ce que je mérite. A chaque fois qu'il me prend, sans me demander mon avis, à même le sol, qu'il me fait réaliser ses moindres fantasmes, ses positions les plus humiliantes... Je me sens plus basse que terre. Je me sens... moins que rien. Je suis à ma place. Il me commande, je lui appartiens. Je n'ai plus à me soucier de quoi que ce soit. Ma vie est entre ses mains. Ma vie, mon corps... S'il tentait de me tuer – et je sais qu'il y a songé : c'est dans sa nature – je crois bien que je le laisserais faire. Ce n'est pas comme si j'estimais devoir être sauvée, de toute façon.

J'aime la dureté de son membre en moi, son manque de considération, sa sécheresse, les douleurs qu'il éveille parfois. J'aime me sentir physiquement impuissante : cela fait écho à ce que je ressens, cela comble enfin le vide en moi, l'espace de quelques secondes...

ZodiaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant