Chapitre 4

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Alaric

Il me tarde que Nicole revienne travailler dans nos bureaux pour alléger ma charge de travail. J'ai passé mon début de matinée pendu au téléphone pour négocier les contrats de maintenance avec les partenaires. D'habitude, j'aime prendre le temps pour ce genre de choses, argumenter longuement avec mes clients avant qu'ils ne plient l'échine face à
mes exigences. Je suis comme ça, je m'obstine à avoir ce que je veux.

À dix heures, j'ai convoqué l'ensemble de mon équipe en réunion pour faire le point sur mon projet pour Pink Love. Depuis quelques temps, je travaille sur la parution d'un magazine. Loin de moi l'idée de faire dans le porno mais j'ai à cœur de développer l'image de Pink Love au travers de la presse pour véhiculer une image sexy et glam de mon entreprise. D'après Marek, le magazine pourrait me permettre de me faire une belle marge et accroître ma clientèle du service d'audiotel. Je l'ai sollicité pour ce projet car j'ai toute confiance en lui et que nos précédentes collaborations ont toujours eu du succès. Marek et moi nous sommes rencontrés à l'université et je fais depuis régulièrement appel à lui pour tout ce qui attrait à la communication et la publicité, je lui réserve l'exclusivité de ce marché car en plus d'être un ami, c'est le meilleur dans ce domaine.

Ce matin il n'a pas pu se joindre à notre réunion, c'est Constance, son assistante qui le suppléé. Comme à son habitude, elle a su capter tous les regards. Un brin vulgaire, blonde, les cheveux balayant ses épaules, elle est habillée d'un chemisier bleu ciel qui contraste avec sa jupe marine droite fendue jusqu'au genoux. Son corsage savamment déboutonné, nous laisse tout le loisir d'observer le galbe de ses seins. Après avoir retenu l'attention de son auditoire, essentiellement masculin, Constance prend place à notre table. Elle se penche pour nous distribuer le paperboard de sa présentation et un sourire s'esquisse sur ses lèvres lorsqu'elle me surprend lorgner sur son décolleté. Cela m'agace, elle sait parfaitement jouer de ses atouts. Je ne suis qu'un homme après tout et j'apprécie les jolies choses lorsqu'elles sont si fièrement affichées. Constance s'amuse à m'aguicher à chacune de nos entrevues et je m'évertue à la rembarrer car j'ai toujours tenu à ne pas mélanger ma vie professionnelle et mes coucheries, question de principes. Marek lui, s'accomode très bien de ce genre de choses, cela fait déjà un moment qu'elle lui prodigue ses bons soins. Mon ami vante les mérites de son assistante régulièrement, notamment de ce qu'elle sait faire avec sa bouche. Même s'il sait que Constance s'est servie de lui pour gravir les échelons dans sa boite, ce dernier ne lui en tient pas rigueur tant qu'elle lui fait profiter-m'a-t-il dit- de ses talents hors pair.

Quoiqu'il en soit, cela fait quelques années que Constance s'acharne à me séduire. Je ne dis pas que je n'ai pas été tenté de me laisser aller à ses invitations. A chaque occasion, elle me lance des oeillades évocatrices et ne s'embarrasse pas de me faire savoir ce qu'elle attend de moi. Depuis que Marek la saute, elle s'est mis en tête de me faire succomber à mon tour. Ainsi, elle pourra parader comme un paon d'avoir décroché le duo gagnant. Cette prédatrice à la tête dure et ne se décourage pas de mon entêtement. Mais c'est non négociable, je suis intransigeant sur cette règle: pas d'extras avec mes relations professionnelles. J'ai une réputation à tenir et une certaine éthique. Si je veux resté concentré sur mes objectifs et ne pas perturber mes affaires florissantes, cela me semble fondamental. Par conséquent, Constance peut bien user de tous les subterfuges qu'elle veut, je suis résolu à lui résister même si cela me coûte parfois. J'ai toujours la possibilité d'évacuer ma frustration avec une jolie demoiselle rencontrée au hasard de mes pérégrinations.

Jean-Baptiste nous présente à son tour, les résultats pour ce mois-ci et les bénéfices attendus de la parution du magazine. Alors que je me concentre sur les données projetées sur le mur, j'étouffe un bruit dans ma poitrine lorsque je sens le pied de Constance remonter le long de ma jambe. Je me racle la gorge et me dégage de son contact en posant sévèrement mes yeux sur elle. Elle me défie du regard en mordillant le capuchon de son stylo, la mine satisfaite de sa provocation. Alors que je reporte mon attention vers mon collègue, sa gorge exhale l'air de ses poumons en un soupir exagérément prononcé. Son corps est peut-être une incitation à la débauche mais son comportement outrageusement libéré a parfois le don de m'agaçer. Je lui ferais bien payer sa désinvolture en lui fourrant ma... Je secoue la tête pour chasser ces idées salaces et tente de me rassembler mon attention sur la finalité de cette réunion.

Double Appel (paru chez Black Ink éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant