Coeur meurti

~Chapitre V~

Je me réveille encore habillée des vêtements de la veille et avec une affreuse migraine. Le réveil n'a pas encore sonné alors je prend mon portable pour regarder les notifs quand je me rend compte qu'il est 9 heure et que je suis en retard de 2heures ! Super...
J'enfile un jeans propre avec une chemise à carreaux noire et blanche, me fais un chignon, qui ne ressemble à rien au passage, et part en courant vers la cuisine pour prendre un yaourt et ne pas rater mon train qui part dans exactement.. 5min.. Bon j'ai un gros problème. Au même moment, ma mère m'appelle.
Conversation téléphonique :
-Allo ?
-Oui Marie, j'ai appelé ton lycée pour leurs dire que tu n'irais pas en cours aujourd'hui chérie, tu as besoin de te reposer c'est pour ça que je ne t'ai pas réveillé ce matin
-D'accord oui je crois que je vais en profiter pour dormir un peu, tu finis à quelle heure ?
-Je finis à 13h30 alors ne m'attend pas pour manger, il y a ce qu'il faut à réchauffer dans le frigo
-Merci à plus tard, bisous.
Je remets mon éternel sweat gris dix fois trop grand avec un short et retourne dans mon lit. Je lance mon éternelle playlist Deezer que j'ai nommé « Dépression ». C'est un mélange de toutes les musiques qu'on écoute en étant triste, fatigué enfin vous voyez le genre, pas très joyeux tout ça.
Lorsque la chanson Goodbye My Lover de James Blunt commence, mes émotions prennent le dessus et je sens des larmes couler sur mes joues jusqu'à ce qu'elles tombent sur les photos étalées devant moi. Il y a quelques semaines j'ai fais développer les plus belles photos d'Adrien et moi pour créer un album et lui offrir pour Noël. Certaines ont été prises à notre insu par nos amis, d'autres sont des souvenirs de vacances ou de nos premiers moments ensemble. Celle qui attire le plus mon attention est la photo que Béa a prise dans un café pas loin de la gare, Adrien me prend dans ses bras et j'ai les mains sur le visage, tout sourire. La simplicité du cliché représente exactement le couple que nous formons, pas de prise de tête, de bons délires, une confiance aveugle en l'autre... C'est du moins ce que je pensais jusqu'à avant-hier. C'est à ce moment que je revois toutes les fois où depuis 4 mois, il m'a prise pour un lapin de six semaines (désolé pour l'expression ^^ ). Toutes ses paroles étaient fausses ainsi que ses attentions, et alors la cerise sur le gâteau, ma jalousie était complètement fondée. Comment on peut tomber d'aussi haut en si peu de temps ? Comment on peut autant s'être trompé sur quelqu'un qu'on croyait connaître par cœur ?
N'ayant plus le cœur à regarder toutes ses photos mensongères, j'allume mon ordinateur et passe sur Facebook. La première chose que je fais et qui n'a pas de sens d'ailleurs est d'aller sur le profil de notre chère Julia. On n'a jamais été proches, bien qu'on se dise bonjour pour être polies, j'ai toujours eu du mal avec le fait qu'elle soit la meilleure amie d'Adrien. Il faut dire que si elle avait été moche ça aurait été plus simple mais non, il faut bien sûr qu'elle soit mignonne. Je ferme la page et explore mon fil d'actualité.
Plus j'y réfléchis et plus je me dis que je dois aller à son déménagement samedi, bien sûr cela ne veut pas dire que je lui pardonne mais ne pas y aller l'enfoncerait encore plus. Depuis mardi, il m'a envoyé 3 messages en me demandant de venir, que ça comptait énormément pour lui et aussi qu'ils avaient besoin d'aide, ce qui m'a fait esquisser un sourire étant donné ma force de crevette. Y aller ne peut pas me faire de mal, je n'aurai qu'à prendre sur moi pour garder mes distances avec lui et tout ira bien.
Je navigue sur différents sites internet durant une bonne partie de la journée, puis me réfugie dans mon livre préféré, After. Complètement transportée dans l'histoire palpitante de Tessa et Hardin, je n'entend pas Camille frapper à ma porte de chambre, ce n'est que lorsque je sens mon lit bouger que je lève les yeux dans un sursaut.
-Mais ça va pas tu m'a fais peur ! Comment t'es rentré ?
-Hey du calme, ça va très bien merci et toi Marie ? On voit toute la joie que tu ressens de me voir ahaa !
-Nan mais désolée Cam, je suis super contente de te voir mais fais plus jamais d'entrée surprise. Lui dis-je en lui jetant un coussin.
-Tu sais ce que tu viens de faire là ? Dit-il en reprenant d'un coup tout son sérieux.
Je sais que la seule chose à faire dans un moment pareil est de courir, et très vite. A peine quelques mètres parcourus en direction de la salle de bain, Camille m'attrape par la taille et me balance sur son épaule en rigolant. Il se dirige vers la baignoire et avant que je ne puisse réagir, je me retrouve trempée et dégoulinante d'eau glacée. Malgré la désagréable sensation d'être un chaton qu'on a essayé de noyer, l'ambiance n'en devient pas électrique pour autant, au contraire, la présence de Camille me fait complètement oublier les évènements des jours précédents.
Après m'être séchée, je rejoins mon meilleur ami qui est allongé sur mon lit avec galipette sur lui. Galipette c'est mon petit chat roux que j'ai eu à mon anniversaire par ma marraine, il est adorable et contrairement à sa maitresse, très sociable.
Je m'approche doucement et m'allonge auprès d'eux. C'est agréable d'être avec Camille, il est le genre de personne que tout le monde rêverait d'avoir dans sa vie. Les silences ne sont jamais gênant mais plutôt reposant, un simple regard nous permet de se comprendre, je sais d'ailleurs qu'il se contient pour ne pas aller voir Adrien et lui exprimer le fond de sa pensée.
-Tu comptes faire quoi ? Me demande-t-il pensif.
-Je sais pas Cam... Je l'aime tellement que je pourrai lui pardonner mais ça serait trop facile.
-Tu fais ce que tu veux mais ce qu'il t'a fait c'est dégueulasse Marie
-Je sais mais c'est pas si facile, je peux pas m'imaginer sans lui après tout ce qu'on a vécu ensemble, c'est impossible.
-Avec du temps tout est possible
-Je vais aller à son déménagement je verrais mais je te promets de faire attention
-De toute façon c'est pas à moi de te dire ce que tu dois faire alors débrouilles toi.
Il se lève est part. Je ne le retient pas, je comprend sa réaction, il supporte pas de voir que je suis sur la voie du pardon, il sait que si je voulais le quitter je n'irais pas samedi.
J'arrête de cogiter et vais rejoindre mes parents dans la cuisine, ils sont en pleine discussion et lorsqu'ils me voient se stoppent.
-Content d'enfin te voir sortir de ta tanière ma puce ! alors ta journée ?
Mon père tout craché, il évite le sujet mais je sais pertinemment que ma mère lui à tout raconté.
-Oui super, ça m'a fait du bien de voir Camille.
-Bon on va passer à table maintenant, vous m'aidez ?
On prend tous un plats et on s'assoit. Le repas se fait dans une atmosphère légère et détendue.
Après être sortie de la douche, je me regarde dans le miroir, mes yeux sont fatigués, rougis et soulignés de cernes immenses, mes avant bras lacérés. Ça ne peut pas continuer comme ça, il faut que je règle cette histoire avec Adrien et que je prenne une décision. J'attrape mon portable posé sur le rebord du lavabo et l'appelle. Il répond au bout de 2 sonneries.
Conversation téléphonique :
-Marie, tu vas bien ?
-Oui ça va. Je voulais te dire que je viens samedi mais hors de question qu'on fasse comme si il ne s'était rien passé. En aucun cas ça signifie que je te pardonne, j'ai besoin d'un peu plus de temps.
-Merci c'est déjà beaucoup, alors.. À demain si tu viens ?
-Oui à demain Ad
-Je t'aime Marie..
Je ne répond rien et raccroche.
C'est facile pour lui de dire je t'aime, mais je me sens incapable de lui dire en retour, il m'a trop blessée.
Aucune larme ne sort et c'est le coeur lourd que je me couche en me préparant psychologiquement à avoir une conversation avec Julia demain matin.

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