Six

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Les doigts de Madeleine s'emmêlaient dans les mèches de cheveux de la jeune fille, effilant deux longues tresses. Elle étira sur quelques mèches afin qu'elles retombent vers l'avant et sourit au reflet de la jeune fille.

-C'est jolie sur toi.

-Je ne suis pas jolie.

Madeleine mordit sa lèvre malencontreusement et posa ses mains sur les épaules de l'adolescente.

-Ce n'est pas vrai.

-Si, répondit Eva d'un ton froid, plus froid que d'habitude.

Elle se retourna vers l'infirmière, les sourcils froncés.

-Je n'aime pas qu'on me raconte des mensonges Madeleine.

Eva soupira et se retourna pour admirer son reflet dans le miroir. Elle est jolie à sa façon on pourrait dire.

-Joey me trouve jolie, mais je ne le crois pas. Mes yeux sont beaucoup trop terne et ma peau est beaucoup trop pâle. On dirait que je suis tout le temps malade. C'est peut-être pour ça qu'on me traite de folle, non?

-J'imagine.

La voix de Madeleine se fit entendre dans un faible murmure. Elle replaca quelques mèches sur le visage de la jeune fille et sourit.

-J'ai terminé. Tu veux voir le résultat?

-Non, ça ira.

Madeleine ne répondit rien et lui fit signe de la suivre. Elles marchèrent dans les longs corridors plaqués de blancs et habillés de petits bancs où quelques personnes qui semblaient terriblement épuisées, se reposaient. Eva regardait autour d'elle comme si c'était la première fois qu'elle se trouvait dans un hôpital. Au contraire. Madeleine fit entrer la jeune fille dans sa chambre d'hôpital où le médecin l'attendait impatiemment.

-Vous en avez mis du temps, tonna t-il de sa voix grave. Il fronça des sourcils en direction de Madeleine qui baissa la regard.

Aucune des deux ne répondirent et le médecin lâcha un soupir avant d'inspecter son petit bloc-note et de reprendre le parole:

-Bien. Les papiers pour ton transfert sont déjà tous remplis. Tes parents ont signés et les autorités ont décidés de t'y envoyer dès demain matin. Tes valises y sont déjà.

Il désigna une pile de vêtement sur la table de chevet.

-Ces vêtements-là seront ceux que tu porteras demain. Ta mère est venu les porter tout-à-l'heure.

-Ma mère, pensa la jeune fille, elle n'a pas le temps de venir pour moi mais mes valises.. Elle a encore peur de moi. Je le savais que trop bien.

Madeleine passa une main dans le dos d'Eva, qui resta stoïque. Le médecin était déjà parti.

-Il faut te reposer ma chérie.

Madeleine poussa Eva jusqu'à son lit et cette dernière se faisait molle. Elle fixait le plafond, absente et Madeleine partit de la chambre sans rien dire de plus. La jeune fille ne pouvait plus y croire. Sa propre mère l'évitait.

-C'est quand même elle qui m'a emmené là, pensa t-elle en se triturant les ongles. Je me torture, c'est de la folie.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle avant de se laisser retomber sur son oreiller. Dès qu'elle fermit les yeux, elle s'endormit jusqu'au petites heures du matin.

Réveillée par les soi-disant clochettes de services qui servaient aux infirmières pour s'approcher de son patient lorsqu'il avait besoin de celle-ci, les médecins étaient déjà là, les valises à la main. Elle entrevit Madeleine dans le coin de la pièce qui s'approchait d'elle.

L'ami imaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant