||Le chemin||

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14 août

J'ai fait une bêtise. Une grosse bêtise. Une énorme bêtise. Une gargantuesque bêtise. Je ne sais si je saurai un jour la réparer. J'ai donné de l'espoir. Mais pas n'importe quel espoir, un faux espoir. À Ode. Celle qui, de toutes choses, avait le moins besoin de cela.

Je gambadais sur un air de musique classique, mon style favoris. Je savais très bien qu'Ode marchait derrière moi. Comment ne pas le savoir? On sent sa présence à cent mille lieues. Mais je faisais comme si je ne remarquais rien. Je me concentrais sur Mozart et Beethoven. Sur le soleil d'été qui réchauffait ma peau. Sur les fleurs qui m'entouraient.

-Eurielle! ai-je entendu crier derrière moi.

Ce n'était point la voix enfantine et heureuse d'Ode. Cette voix, elle était autoritaire et faussement sexy. C'était la voix de Constance. Mais je devais garder ma couverture, je ne pouvais pas la laisser me dénuder devant tous. Alors je lui ai souris, faisant semblant de ne pas voir Ode. Constance était avec son amie - si on peut l'appeler ainsi - Éloïse. Cette fille la suit un peu partout, comme un chien de poche. Les deux se sont approchées de moi, faisant aussi comme si Ode n'existait pas.

-J'organise une fête pour mon anniversaire, tu veux venir? a dit Constance.

-Oui, avec plaisir! ai-je répondu d'un ton faussement enjoué.

Une autre fête ennuyeuse à laquelle je devrais me traîner pour bien paraître. Je devrais faire semblant de m'y amuser, dire que Constance est vraiment géniale et être aimable avec tous. Et si j'avais envie de rester chez moi à lire tranquillement et à pester contre cette odieuse Constance? Dommage, je n'y ai plus droit.

Constance et sa sbire m'ont saluée de la main et on quitté les lieux. Et là, j'ai fait ce que je n'aurais pas dû faire. J'ai fait un clin d'œil à Ode. Presque imperceptible. Rapide et sec, mais avec complicité. Comme si nous partagions un secret. Il y a peu de chance qu'elle l'aie vu, mais je sais que c'est le cas. Je sais qu'elle croit maintenant qu'elle peut être mon amie. Mais c'est impossible. Si cela arrivait, je ne serais pas capable d'être indifférente et tout s'écroulerait. Alors, je suis partie en gambadant comme si rien ne s'était passé.

-Eurielle

EurielleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant