Après le duel contre Lyov, Emeric, luttant pour rester conscient, avait senti qu'on l'avait porté à l'extérieur de l'amphithéâtre où les combats peinaient à se poursuivre, toute l'école encore impressionnée par la violence de leur confrontation. Les mots lui parvenaient par bribes, son cœur tambourinant à ses oreilles. On le traîna jusque dans les cachots du donjon, où se situait l'infirmerie. L'office était sombre, humide, froid. L'endroit ne donnait guère envie de tomber malade ou d'être blessé. Seule Martha, la jeune infirmière, rendait le lieu un peu plus agréable, ou du moins plus supportable.
Cette dernière ne se débina pas quand on lui emmena deux élèves blessés. Elle garda son sang-froid en indiquant les premiers soins pour chacun, ne pouvant les prendre en charge tous les deux en même temps. Martha s'occupa en premier lieu de Lyov, dont l'état était bien plus préoccupant, tandis qu'Emeric continuait de geindre de douleur, entre deux états de conscience. Il percevait au-dessus de lui l'ombre de Vilma, soucieuse, qui semblait répéter sans fin :« Qu'est-ce que tu as fait... ! Qu'est-ce que tu as fait ! »
Quand l'infirmière vint vers lui, une vingtaine de minutes plus tard, elle découpa sa chemise avec sa baguette magique et examina de plus près sa profonde blessure à l'épaule. Pourtant, malgré sa souffrance, Emeric n'avait qu'une seule pensée en tête :
— Lyov... gémit-il. Dites-moi qu'il n'est pas...
— Détendez-vous, jeune homme, le calma Martha, dans un anglais presque parfait.Puis, elle demanda en allemand à Vilma de lui décrire la scène, ce que la jeune fille fit, le débit de voix rapide. Une sensation de douce chaleur se répandit dans le bras d'Emeric quand Martha appliqua un premier onguent, pour stopper le saignement. Alors, il se laissa enfin emporter par le sommeil, épuisé par sa douleur et la perte d'autant de sang.
*** *** ***
Quand il se réveilla, au beau milieu de la nuit, il se rendit compte que Vilma était restée dans les cachots, marmonnant quelques paroles au chevet de Lyov. Emeric l'observa un moment de dos. Il se sentait profondément stupide. Il n'avait jamais pensé rien qu'un instant que sa rivalité avec Lyov aurait pu ainsi la blesser. Entre les deux, qu'elle considérait à parts égales comme des amis, Vilma ne pouvait se permettre de choisir un camp et elle se trouvait maintenant là, à veiller sur ceux qui avaient tenté de s'entretuer sous les yeux de toute l'école.— Vilma...
Son murmure détourna la jeune fille de sa prière. C'est alors qu'Emeric aperçut Lyov, le visage bandé d'un large pansement. L'Allemande se leva et se dirigea vers lui. Elle lui posa alors une énième fois la question, l'expression plus sérieuse que jamais :
— Qu'est-ce que tu as fait, Bäumchen...
— Je suis désolée, Vilma. Je ne voulais pas... Il m'a...
— N'essaie pas de te justifier. Ce que tu as fait aura de graves conséquences. Car si même Lyov se réveille sans séquelle, tu as signé son arrêt de mort.
— Que... qu'est-ce que tu veux dire ?Vilma soupira en croisant les bras.
— Tu l'as humilié. Avec une telle victoire. Devant toute l'école, tu l'as relégué au rang de minable... Le duelliste le plus doué de l'école, battu par le petit nouveau. Ça sera vécu comme une honte, pour sa famille. Il va devoir rattraper ça d'une manière ou d'une autre.
— Je... je ne voulais pas perdre comme un lâche !
— Je sais, Bäumchen. Mais tes actes n'ont pas les mêmes conséquences dans ta vie que pour Lyov. Je te l'ai expliqué. Vous n'avez pas les mêmes origines... Ça ne veut pas dire que je supporte tout ce qu'il t'a fait. Mais, te connaissant, je m'attendais à plus de clairvoyance de ta part.
— Je suis désolé, Vilma.La jeune fille lui adressa des yeux sombres, mais Emeric poursuivit :
— Et cette fois, je te le dis sincèrement.
— Je n'allais pas te frapper, sourit-elle.
— Il va s'en sortir ?

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Sum Presentaliter Absens in Remota
FanfictionLe jeune Emeric Beckett ne peut plus vivre à Poudlard ; il ne supporte plus de voir sa jolie Kate se complaire dans les bras d'un autre. Il décide de profiter d'un échange scolaire pour passer un an à Durmstrang, là où les faiblesses n'ont pas leur...