Douze ☀ Femmes fatales

959 134 7
                                    

On avait pris l'habitude de se retrouver une demie heure avant d'aller en cours le matin

C'était un petit rien

Arraché au temps non consacré à célébrer notre amour et passé en cours

L'esprit embrumé les lèvres vides de mots, mais le coeur gonflé d'amour, après avoir erré, zombie dans la foule, les transports, nos étreintes étaient la houle salvatrice.

L'amour est souvent ressenti comme une drogue, loin de l'autre, il nous faut la dose de baisers, de moments partagés, toujours plus. C'est immense comme truc l'amour. C'est stupéfiant. On peut aimer plusieurs fois dans une vie, aimer plusieurs fois la même personne, désirer à s'en rendre malade, avoir l'cerveau en boucle sur un prénom, alors même si tout ça c'est qu'une putain d'histoire d'hormones, moi j'y crois pas, c'est bien plus fort que ça.

Je sais pas trop ce que c'est, j'ai pas beaucoup aimé.

Mais c'est tout sauf calculé.

Lys, merveilleuse. Avec ses cernes lilas, si pâles. Ses lèvres accrochées à une cigarette. Et moi, redécouvrant sans cesse chaque millimètre de sa peau. M'extasiant sur le moindre grain de beauté, le cil tombé sur sa pommette, l'éclat rare dans ses yeux, mais si lumineux.

Mais quand l'iceberg bleu lumineux de ses yeux s'allumait, c'est comme si mon monde s'épanouissait.

On formait un tout extraordinaire.

On cheminait alors vers le bâtiment qui se détachait des autres, la masse mastoc du lycée.

Des millions de vies qui s'y croisent, et s'entrechoquent, parfois, comme des assiettes.

Laissant des pertes et des fracas.

J'ai toujours aimé les métaphores.

Ce matin là, Lys m'avait pris la main pour rentrer dans le lycée devant la vie, la vue, des lycéens matinaux.

Avant j'avais pas voulu. Pourquoi vouloir s'afficher ? Pourquoi ne pas laisser notre amour s'épanouir paisiblement, loin des gens inintéressants ? 

Mais elle avait dit de ses lèvres fragiles et craquelées, s'il te plait, laisse moi t'aimer.

Je peux pas rester ton satellite

Je suis amoureuse de toi

Alors j'ai un peu tremblé, mais on l'a fait.

Beaucoup de filles entre elles se livrent à des manifestations d'affection, sans pour autant être amoureuses, hein, mais pour moi c'était une voie qui s'élargissait sous mes pas.

Pouvoir embrasser son visage comme des millions d'amoureux à travers le monde

C'était dingue, inimaginable

M'habituer à être aimée

Assumer quelque chose qui n'avait pas à être assumé, parce que aimer c'est juste beau comme c'est.

Petites CulottesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant