Ava avait un compte instagram. Comme des milliers de jeunes à travers le monde, comme des tas d'humains sur la planète.
Comme (presque) tout le monde.Elle n'en avait pas créé un pour s'intégrer, mais pour partager.
Pas pour flatter son ego en postant des tas de selfies, mais pour poster des esquisses, des portraits d'elle, des ses quelques bons amis, et de Lys.
Parfois des vidéos qu'elle réalisait minutieusement, des timelapses du ciel où de ses peintures venaient s'ajouter aux clichés.
Rien d'extraordinaire sur l'immense toile d'Internet. Mais c'était très beau ce qu'elle faisait.
Un jour, sa mère fouinant, découvrir l'existence de cette vie virtuelle d'Ava.
Un morceau de sa vie s'écroula.Des cris fusèrent par éclat.
Son père la frappa.
En effet, notre Ava même si elle aimait les filles, elle se définissait comme pansexuelle. Elle en était fière, et voulant juste rendre cela normal, elle l'avait écrit sur son profil.
Sans vouloir s'enfermer dans une case, dans le concept défini par un mot, Ava trouvait que c'est ce a quoi elle pouvait enfin identifier sa personne.
Mais les parents étaient sourds.
"Bordel Ava, en plus d'exposer ton image sur internet, ton image qui nous appartient, tu écris que tu es pansexuelle.
- Oui. C'est ce que je suis et je l'assume.
- Donc tu assumes d'être une pute ouverte à tout sexuellement ?
- Mais... Ça ne veut pas du tout dire ça ! Ça veut dire que j'aime quelqu'un peu importe son sexe. Un homme, une femme, les transsexuels, peu importe !
- Tais toi, idiote, cracha sa mère. C'est pas toi qui invente la définition des mots. Il y a écrit "sexuel" et "pan" ça veut dire tout en grec, donc c'est du sexe.
- Mais, c'est sa vraie définition !
- Ferme la, tu es médiocre. Quand on me demandera qui tu es, je ne dirais plus ma fille, dit son père avec haine."
Le soir même, le père la força à supprimer le compte devant lui.
Ava n'existait plus aux yeux d'Internet, et la centaine de beaux moments immortalisés sur le compte avaient disparu à jamais.
Dans la nuit, elle appela Lys.
Tout les coups, les mots, les mots coup-ants furent racontés.
"Tu dois partir Ava. Tu le sais.
- Le monde n'est pas simple. Si je viens chez toi ils me traqueront et me ramèneront. Tu te rends compte qu'ils ont dit que j'étais une pute juste parcequ'on me voyait manger une banane sur une photo. Aucun second degré. C'était juste une banane, pas une bite.
- Des cons, et quand un con est enfermé dans son idée il n'écoute pas. Mais toi, tu vas m'écouter, t'es loin d'être une pute. T'es mon univers le plus vaste et le plus beau. Tu es ma sainte. Tu es Blandine dans l'arène et ils sont les lions. Tu ne te feras pas bouffer.- Je sais.
- Je compte jusqu'à 1000 et je raccroche. Je t'aime.
- C'est réciproque.
- Et vise-versa."
Accompagnée du souffle de Lys dans le combiné, Ava s'endormit les yeux gonflés d'avoir tant pleuré.
Au petit matin, elle vit que son amoureuse avait raccroché deux heures auparavant.
Elle avait compté jusqu'à mille.
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Petites Culottes
Short StoryPetites culottes et gros culot. Ava ne machera plus ses mots.