Chapitre 27

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Je le regardai un instant déstabilisée.
《Déjà... ce soir ça va pas être possible de... se retrouver. Lui dis-je.
- Ensuite?
- On va devoir aller travailler, ce soir, dans un restaurant.
- Tout les deux?
- Il y aura Edouard et Martin en plus.
- Mais... pourquoi? J'ai pas compris. Dit-il un peu perdu.
- Je ne peux pas te dire...
- C'est pour ma surprise c'est ça? Dit-il avec un sourire.
- Comment tu sais?
- Mehdi me l'a dit.
- Ah...》
Il me sourit de nouveau.
《Alors ça me va. conclut-il.》
Bon, voilà il n'était pas vexé qu'on ne puisse pas se retrouver tout les deux seul à seul sur le toit. C'était soulageant.
《On doit y aller à quelle heure? Me demanda t'il.
- Après le dîner.
- Oh, on a encore le temps de faire ce que je voulais. Viens.》
Il m'attrapa la main et m'emmena jusqu'à sa chambre. Il ouvrit la porte, un bordel de fou.
《On pourrait limite dormir parterre sur tes vêtements. Lui dis-je en riant.
- Faire l'amour plus tôt. Au moins ça ne grincerait pas comme le lit.》
Je ris. Je n'ai jamais pensé à faire l'amour sur le sol. Mais sa remarque me laissait entendre que lui il en avait envie.

Il ouvrit donc sa fenêtre et s'apprêta à sauter lorsque je lui attrapai la main. Il se tourna surpris.
《Pourquoi on ne reste pas là? J'ai à chaque fois peur qu'on tombe. Dis-je.
- Petite joueuse.
- Alors on peut rester là?
- Je voulais...
- Quoi?
- Je voulais t'embrasser au coucher de soleil... Dit-il un peu gêné.》
J'étais encore plus gênée que lui. Il se rapprocha de moi et passa une main autour de ma taille.
《Ce n'est pas une bonne idée. Dis-je en reculant.
- Pourquoi? Tu n'auras plus jamais cette occasion.
- Et si je tombe vraiment amoureuse?
- Fais moi l'amour.
- Thomas...》
Il me colla contre le mur et vint se coller contre moi. Il retira son haut. Tellement sexy bordel. Sa peau était toute chaude. Je mourrais de chaleur. On se caressa ainsi pendant plusieurs minutes. Alors qu'il voulait aller plus loin, je le repoussai. Je ne pouvais pas faire ça, je n'avais pas le cœur. Ce n'était pas le moment surtout.
《On devrait s'arrêter là... Dis-je.
- Pourquoi?
- Je n'ai pas envie Thomas. Je n'ai pas envie qu'on fasse l'amour pour seule raison que tu vas mourir. Dis-je un peu sur les nerfs.
- Seule raison? Dit-il d'un ton plus sec.
- Il y en a une autre?
- Oui. 》
Il ramassa son t-shirt et se revêtit. Il était évidemment vexé. Dommage car j'avais pour objectif de passé une soirée cool mais là tout est fichu.

L'heure venue, on se retrouva tous devant la sortie de l'internat. Thomas ne m'avait pas adressé un regard. Ça lui passera. Chacun se rendit donc à l'endroit où il devait travailler. Ce qui me stressait surtout c'était Seb et Sarah. Si elle tente un petit rapprochement la fille je la prévient elle n'aura plus ni dents ni yeux. En plus de ça, Seb sait très bien à quel point je suis inquiète par rapport à ça. Et il en profite pour me faire chier au lieu de me rassurer.

Dans le bus, Edouard ayant remarquer que j'étais stressée, me demanda si ça allait. Alors bien évidemment, Thomas tourna les yeux vers moi. Je le regardai également. Je sentis qu'il se retenait de rire. Alors moi aussi. Puis se fut plus fort que nous et on éclata de rire sans que personne ne comprenne pourquoi. J'étais maintenant moins angoissée. Je savais que tout allait bien se passer.
《Il a de la chance Seb. Dit Martin.
- Pourquoi? Lui demanda Edouard.
- Il est avec Sarah. Elle est douce comme fille.
- J'avoue... elle est grave douce. Intervint Thomas.
- J'ai vu mieux perso. Dit Edouard.
- Ouais moi aussi. M'incrustai-je. 》
Ils rirent tous. Martin me dit de ne pas parler car j'étais jalouse. Ce qui était totalement faux. Arrivés enfin devant le grand restaurant, on entra à l'intérieur. Les serveurs se précipitaient de table en tables. La salle étaient éblouissante de lumière et les voix s'entrechoquaient de tout les côtés. On se dirigea vers l'hôtesse d'accueil.
《Bonsoir, nous sommes les élèves de...
- Oui bonsoir on vous attendait. Coupa-t-elle la parole à Martin. Suivez-moi.》
On la suivit. Elle nous fit traverser le restaurant pour aller jusqu'à la cuisine dans laquelle il devait faire au moins cent cinquante degrés. Les employés de travail nous lancèrent des regards pas très amicaux. Ils n'avaient sûrement pas envie de travailler avec une bande de lycéens. De la musique espagnole sortait de la radio. L'hôtesse d'accueil tapa sur l'épaule d'un homme assez grand et mince qui avait le dos tourné. Il tenait un couteau à lame large et rutilante qui paraissait bien lourd dans sa main squelettique.
《Je vous présente Antonio, c'est notre chef cuistot. Antonio, ce sont les lycéens qui doivent récolter de l'argent pendant plusieurs soirs. Dit l'hôtesse d'accueil.》
Martin la regarda partir et gouta au plaisir à la vue de son énorme fessier dont moulait sa robe noir assez courte.
《Tu mattes ma femme? Lui dit soudain Antonio d'un ton menaçant.》
Martin devint aussi rouge que la tomate qu'était entrain de couper le cuisinier à côté.
《Euh... désolé je ne savais pas...》
Antonio éclata de rire ainsi que tout les employés.
《Je plaisante mon garçon! Je plaisante! Dit-il en le tapant sur l'épaule.
- Oh Jésus vous m'avez fait peur...
- Ça s'est vu à ta tête!》
Bien évidemment on était encore mort de rire face à la tête de Martin. Antinio nous fila à chacun un tablier noir.
《Deux serveurs, deux cuisiniers. Dit-il.
- Serveuse. Dis-je immédiatement.
- Moi aussi. Dit Thomas en me regardant.》
Son regard me déstabilisait. Il l'avait fait exprès. J'avais peur qu'Edouard le prenne mal, car d'un côté j'avais également envie d'être avec lui. Mais pour l'instant je devais rester avec Thomas. C'était lui le plus important en ce moment.

On enfila nos tabliers puis on suivit les indications d'Antonio. Après une quinzaine de minutes, on s'était transformé en de réels serveurs. Je trouvais ça cool, surtout avec Thomas, on riait énormément.
《Les pauvres, j'aurais pas aimé coupé pendant 2 heures des concombres. Me dit-il alors qu'on s'était installé prêt de la cuisine en attendant que quelqu'un nous réclame.
- C'est sûr que ce n'est pas très divertissant. Dis-je en riant.》
Il sourit. Ce sourire me manquera tellement...
《Au fait, je n'ai pas encore eu l'occasion de m'excuser pour tout à l'heure. Dans ma chambre.
- Ah, ça ne fait rien. Dis-je un peu gênée.
- Si, je suis con. Vraiment.
- Non Thomas, arrêtes.》
La cloche sonna, on devait aller apporter les desserts.

*EDOUARD*

J'en avais plus que marre. Je détestais ce que j'étais entrain de faire. Une chose est sûre c'est que je ne serai jamais cuisinier de ma vie. Mais j'étais surtout énervé à cause de Jade. J'aurais préféré être avec elle plutôt qu'avec Martin derrière les fourneaux.
《T'as pas l'air bien gros ça va? Me demanda Martin.
- Si ça va.
- J'sais pourquoi t'es comme ça.
- Ah ouais?
- À ta place j'aurais tout fait pour l'avoir avec moi. Dit-il.
- J'veux pas la forcer.
- Elle t'aime.
- Non j'crois pas.》
Ça me faisait mal au coeur de parler de ça. Martin le voyait et c'était plutôt gênant. Ce fût les deux heures les plus longues de ma vie. Je n'avais qu'une envie, c'était de rentrée me coucher et qu'on me laisse tranquille.
《Je crois que je vais y aller. Dis-je soudain en posant la tomate et le couteau que j'avais en main.
- Tu peux pas mec, on a qu'une seule voiture.
- Je vais prendre le métro.
- Mais t'es serieux gros? Arrêtes tes conneries, il reste quelques minutes ça va. Après on rentre tous. Essaya t'il de me calmer.
- J'peux pas. J'peux pas la voir. Dis-je en sentant les nerfs montés.》
J'allais péter un câble. Pourquoi là tout de suite? J'en sais rien, c'était trop. J'avais atteint la limite du supportable. Heureusement qu'on était un peu à part de la cuisine car je craquai complètement. Je n'avais pas réussis à me retenir plus longtemps. J'avais juste l'impression de n'avoir personne, que tout le monde s'en battait les couilles de moi, même Jade. Je me sentais comme une grosse merde que personne ne voit, que personne n'entends, que tout le monde écrase. Martin était complètement affolé face à moi. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire.
《Gros qu'est ce qu'il t'arrive... Dit-il attristé par ma peine.
- Rien, désolé. Ça va t'inquiètes. Dis-je d'une voix toute cassée.》
Je tentai d'essuyer mes larmes avec mes manches. Ça faisait très viril tout ça dis donc!
《Edouard. Tu peux me dire je répèterai à personne t'en fais pas. C'est à cause de Jade c'est ça?
- Non.
- Putain... J'sais pas quoi dire là...
- Et bah ne dis rien.》
Je repris la tomate dans ma main gauche et le couteau dans ma main droite et repris à gestes lents mon travail. Martin était complètement choqué. Il reprit à son tour ce qu'il était entrain de faire. J'avais cette douleur au niveau de la poitrine qui ne s'en allait pas. Celle qui provoque les larmes.

Tome 2: "Reste"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant