Chapitre 35

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*THOMAS*

Les jours passèrent encore et encore. Plus ils passaient, plus j'avais peur. Laura était maintenant là tout les jours. Le médecin me disait de ne pas m'inquiéter, que je n'aurais pas mal, que je m'affaiblisserai petit à petit, de jour en jour et que d'un seul coup, en un souffle, tout se finira sans que je m'en rende compte. Je n'avais plus faim, j'étais sans cesse fatigué, je n'avais plus de force. En clair, j'étais vraiment entrain de crever comme une grosse merde. Et la seule personne qui pouvait vraiment me soutenir c'était Laura et uniquement Laura.

Ce soir là, le samedi 16 décembre, Laura m'annonça qu'elle avait une surprise pour moi. Alors comme ça faisait longtemps que je ne faisais plus rien d'intéressant de ma vie, j'étais content. Alors elle m'aida à me préparer. Mes gestes étaient d'une lenteur... Heureusement qu'elle était là pour m'aider. On sortit, couverts comme jamais car dehors le vent glacial ne cessait de souffler et nous brûler le visage. On passa par le centre-ville mais on ne s'y arrêta pas. Je trouvais ça bizarre.
《Où m'emmènes-tu? Lui demandai-je.
- Tu verras bien. Me répondit-elle avec un sourire en coin.
- Pourquoi on s'arrête prêt d'un cimetière? Demandai-je de nouveau.
- Mets la un peu en veilleuse et descends de la voiture.》
Je détacha ma ceinture et je descendis de la voiture un peu méfiant. Elle m'emmena de plus en plus loin dans le cimetière. On arriva prêt d'une pierre tombale un peu isolée des autres à côté de la quelle se trouvait un banc.
《Assieds toi. Me dit Laura.
- Pourquoi?
- Aller t'inquiètes pas!》
Je m'assis un peu contrarié. Finalement je n'aimais pas du tout les surprises. On était dans un cimetière, la nuit commençait à tomber et je ne savais pas ce que Laura préparait. C'est là que je vis au loin apparaître des silhouettes qui m'étaient familières. Au fure et à mesure qu'elles se rapprochaient je pus les distinguer. Ils étaient tous là, Jade, Mehdi, Seb, JB, Nicolas, Martin, Edouard, Chloé, Laia.
《Mais qu'est ce que... Dis-je.
- Laisse, à partir de maintenant fais comme si tu étais déjà mort.
- Hein?
- Les morts ne parlent pas.》
Une fois qu'ils étaient tous là, j'osais à peine les regarder. Surtout Jade et Mehdi. Je savais que leur regard allaient m'être fatale.
《Merci d'être tous venu. Dit Mehdi.
- On allait pas raté ça. Répondit Nico.
- Bref, je ne sais pas par où commencer... Dit Mehdi de nouveau.
- Par le commencement. Intervint JB.
- Alors... bonsoir à tous et à toutes, nous sommes réunis ce soir en mémoire de Thomas Wallach, un ami très cher, un frère même, en ce jour plus de ce monde. Alors je vais commencer par dire que...》Il respira un grand coup et sècha ses larmes qui se bousculaient dans le coin de ses yeux. 《Thomas était un gars ordinaire, plutôt beau goss mais un peu lourd sur les bords.》Tout le monde rit. 《Il aimait la musique, il était très doué d'ailleurs. Il aimait aussi le foot, le rugby, l'athlétisme, la boxe, mais il n'a jamais pu faire plus que de regarder les gens pratiquer ces sports assis sur sa chaise. Tout ça pourquoi? Parce que il avait ce putain de cancer qui lui a empêché de faire la moitié de ce qu'il aurait aimé faire. Il...》Il renifla et s'essuya les yeux. 《Fin bref, il ne méritait pas ça. J'aurais tout fait pour qu'il reste en vie. Car ce gars là c'était plus qu'un ami, c'était un frère. C'était la seule famille qui me restait, c'était la seule personne pour qui j'aurais fais couler mon sang jusqu'à la dernière goûte car il a toujours tout fait pour moi... Et maintenant qu'il est partit...》Il ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. Ses larmes étouffaient ses mots. 《Maintenant qu'il est partit je me rends compte qu'il est trop tard et que... Et que j'aurais dû me rendre compte plus tôt qu'il avait ce putain de cancer. J'aurais dû lui dire plus souvent que je ne pourrais jamais le remercier assez pour ce qu'il a fait pour moi et qu'il me manquera terriblement, tout les jours, à chaque heure, à chaque minute et à chaque seconde de ma vie.》
Tout le monde pleurait. Même moi. J'étais incapable de bouger mon corps faible et maigre comme un squelette. Ma poitrine était transpercée par une douleur tellement insupportable que je ne pouvais plus faire aucun geste. Et là ce fût au tour de Jade. Elle sècha ses larmes du mieux qu'elle pouvait. La feuille qu'elle tenait dans ses mains tremblait comme pas possible.
《Bonsoir, moi je suis Jade, une amie de Thomas. Dit-elle d'une toute petite voix.
- On t'écoute. Dit Laura.
- Je n'ai jamais su comment dire ce que je ressentais aux gens. Il y a plusieurs personnes qui m'ont tendu la main pour m'aider et j'ai jamais rien fait pour changer. Et alors maintenant... je me dis que j'aurais peut-être dû lui dire à quel point je l'aimais et à quel point j'aurais préféré que les choses se passent autrement. Et je regrette parce que je me suis rendue compte trop tard des choses
... Et ça sert à rien maintenant que je lui dise que je l'aimais et que je ne pourrais jamais le remplacer parce que c'est trop tard...》
Elle n'avait même pas lu ce qu'il y avait écrit sur sa feuille. J'avais le coeur encore plus brisé, c'était dur. C'était dur de se dire qu'en fait c'est vrai, tu te rends compte de qui t'aimes vraiment que quand tu vas mourir.
《Alors Thomas, reprit-elle, je te demande pardon. J'aurais dû agir autrement avec toi, j'aurais dû te rendre heureux comme tu le méritais mais au lieu de ça j'ai tout gâché... T'étais un gars super, et je pense que sur cette terre tu es bien l'une des seules et uniques personnes que je ne pourrai jamais oublier. Alors maintenant, repose en paix, c'est tout ce que je peux te souhaiter de mieux maintenant.》
Elle pleurait encore plus, elle était totalement bouleversée. Je l'étais encore plus. Moi, le jour où tout sera fini, tout sera vraiment fini, il n'y aura pas d'autres alternatives. Alors qu'eux, ils devront continuer à vivre avec cette souffrance. C'est ça qui me rendait le plus triste.

Ils passèrent chacun leur tour, les discours tout aussi touchants les uns que les autres. Je pouvais enfin dire que j'avais été heureux, que j'avais eu une famille, des amis, des gens qui m'aimaient pour ce que j'étais, des gens sur qui je pouvais compter. Et je trouvais ça tellement triste de m'en rendre compte que maintenant. La vie est dure, vraiment. Pourquoi faut-il que ça soit maintenant, quand je vais mourir, que je me rende compte de tout? J'avais l'impression d'avoir tout raté. Mon objectif avait été de profiter jusqu'au dernier instant et au lieu de ça j'ai tout perdu. Cloué sur ce banc, je fixai mes potes qui tentaient de cacher leur tristesse. Pourquoi la cacher dans un moment pareil? J'usai de toutes mes forces pour me lever et d'un pas précipité je me dirigeai vers Thomas et Jade. Je les pris tout les deux en même temps dans mes bras.
《Je suis désolé. Chuchotai-je alors qu'on se serrait fort comme jamais.》
Je sentais leurs larmes toutes chaudes tomber dans mon coup. Ce petit moment me fit tellement de bien en réalité. On rêve tous d'assister à notre propre enterrement pour savoir ce que les gens pensent de nous. Et c'est ce que j'avais fait, j'avais assisté à mon propre enterrement. Bizarrement, je partie me promener seul à seul avec Jade. Ça faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas retrouvé tout les deux. Le silence était omniprésent. Je ne savais pas quoi dire et je suppose qu'elle non plus ne savait pas quoi dire. On finit par s'asseoir dans un parc sur un banc légèrement éclairé par un lampadaire.
《J'ai faim. Dit-elle soudain.》
Je tournai la tête vers elle, je fixai ses lèvres, comme si tout d'un coup j'avais été hypnotisé et que j'avais absolument besoin de l'embrasser. Elle sentit que j'en avais envie alors elle recula légèrement la tête de façon douteuse. Je savais qu'elle en avait envie aussi, elle en a toujours eu envie parce qu'elle m'aime. Alors j'attrapai son visage tendrement et je plaquai d'un coup mes lèvres contre les siennes. C'était d'une douceur surprenante.
《Dis moi que j'embrasse mieux qu'Edouard. Dis-je après avoir décollé mes lèvres des siennes.
- Pas du tout.
- Ah non?》
Je repris son visage entre mes mains et l'embrassa avec fougue, avec folie et passion.
《Et maintenant? Dis-je.
- Toujours pas. Dit-elle en souriant.
- Tu dis ça pour que je t'embrasse encore plus en fait. Je te connais ma petite Jade.》
Elle éclata de rire. Elle ne pouvait plus s'arrêter du coup ça me fit sourire. Mais tout de suite, son rire se transforma en pleures. Alors je la pris immédiatement dans mes bras.
《Reste... Dit-elle complètement collée contre moi.》

Tome 2: "Reste"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant