Il y a deux points qui me tracassent pas mal. Je suis la distance qui sépare ces deux points.
Un, j'ai peur de mon avenir. Je ne parle point de l'avenir proche qui va survenir tel une comète indignée d'être en retard pour son énième rendez-vous sur son Hélios brulant d'énergie mortelle. Non, je parle de mon futur lointain, abstrait. Et comme tout type d'humain fadassement constitué, je ne peux prédire l'avenir. Pardonnez-moi, je me dissous encore à travers mes mélasses effilochés.
Voyez, je n'ai pas envie de vieillir. Vieillir, comme atteindre la sénilité mélanineuse, dépendre de l'argent de la nouvelle génération d'adultes (je peux supposer que nous ne serions pas le genre de personne du troisième âge à donner de l'argent si facilement aux petits-enfants), de se laisser flétrir et -avec un très fort cas- de finir seul dans un fauteuil disposé dans une pièce lugubre, un verre de liquide glauque disposé entre les mains asséchées. L'iridescence juvénile évaporée, nous serons indéniablement et inconsciemment regardé comme un objet dépourvu de considération.
Quoi ? Vous dites que vos grand-parents restants ne sont pas délaissés ? Mais cessez donc de prétendre tout savoir, bon sang ! Vous pensez vraiment que vous aurez le même avenir douillet ? Regardez juste un peu plus loin, comme Alice devant la dernière porte si petite qu'elle ne peut pas y pénétrer, que vous allez sûrement pourrir de solitude en n'ayant accompli si peu de choses dans votre vie. Ou bien au contraire, énormément de chose mais que, par un malheureux hasard, on vous laisse tomber. Alors oui, il y a bien une exception. Il y a bien un vieux qui attire et reçoit de l'attention : le pape.
Mais nous ne pouvons pas être tous comme lui.
(En italique, citation de L'Infinie Comédie D.F. Wallace)
(et oui il manque la deuxième partie, et alors ?)