XIII. "Foutues migraines."

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Michael avait de loin passé la plus belle nuit de sa vie. Bercé par les souvenirs du blond, par ses yeux pétillants et hypnotisants, son sourire contagieux et ce premier baiser si spécial qu'ils avaient échangé, il avait dormi comme un bébé. Au réveil, il n'avait qu'une seule envie, revoir Luke. Plus qu'une simple envie, c'était d'ailleurs un besoin. Pour la première fois, le garçon aux cheveux colorés se sentait appartenir au monde dans lequel il vivait. Après tout, il suffisait d'exister aux yeux d'une personne pour avoir une raison de se battre, pas vrai ? Une fois levé, il s'habilla de son traditionnel jogging gris et d'un t-shirt trois fois trop grand et descendit rapidement les escaliers, rejoignant sa mère qui déjeunait tranquillement à table.

« Coucou mon grand, bien dormi ? C'est quoi ce sourire ? » Demanda-t-elle en posant sa biscotte sur la table, plissant ses yeux de façon interrogative et perplexe.

« Urm... Rien. Enfin, je ne souris pas, maman. »

« Michael, ton sourire remonte jusqu'à tes oreilles... Alors soit tu nous fais un AVC, soit tu souris. J'espère pour toi que c'est la deuxième option. »

« J'ai rencontré Pikachu dans mon rêve, depuis je vis au pays des merveilles. »

« Qu'ai-je fait pour mériter un fils aussi drôle ? Donc ça n'a aucun rapport avec le garçon dont tu m'as parlé ? »

Le coloré manqua de s'étouffer et ouvrit soudainement la porte du frigo, premièrement pour se cacher du regard pénétrant et lourd de sa mère et deuxièmement pour refroidir ses joues qui commençaient à prendre une jolie teinte rougeâtre.

« Je.. Non. Si... Non ! Si ! Et non ! Non, vraiment aucun rapport. »

« Sors donc ta tête du frigo, tu vas nous faire fondre le beurre avec tes joues. »

Le guitariste leva ses yeux au ciel et prit une bouteille de jus d'orange avant de refermer la porte pour venir s'asseoir en face de sa mère. Il ouvrit le récipient et prit quelques gorgées avant de jouer avec ses doigts, chose qu'il faisait lorsqu'il était un peu stressé ou qu'il se préparait à avouer quelque chose d'important pour lui. Deuxième option, dans ce cas précis.

« Hier on s'est vu. Il s'appelle Luke et... Tu n'as probablement pas envie que je t'en parle. »

« Michael Gordon Clifford. »

« Okay okay ! On s'est embrassé. Enfin il m'a embrassé ou je l'ai embrassé... Je sais plus. Il avait l'air tellement... Tu sais, comme si j'étais dans un rêve et qu'il n'était pas réel. Tu me connais, je déteste tout ce qui est niais et pourtant avec lui j'ai l'air d'un vrai gosse. Notre rencontre est improbable et ce qu'il m'arrive... Je ne comprends pas. »

« Je suis heureuse. Mon fils connaît sa première histoire de cœur. J'avais commencé à désespérer. Je te voyais déjà dans un monastère entouré de chèvres. »

« N'importe quoi. Et puis c'est pas une histoire de cœur... Il ne m'aime pas comme ça. »

« Il t'a embrassé pour te refiler sa mononucléose, bien sûr. C'est connu. »

« Tu sais bien ce que je veux dire maman... »

Le guitariste se massa les tempes, un mal de tête ayant soudainement pris possession de sa tête. Il grimaça en fermant ses paupières le temps de quelques longues secondes, ce genre de maux arrivait de plus en plus souvent. Le stress, la pression, le lycée... Il n'en pouvait plus. Sa mère fronça les sourcils et se leva pour aller chercher un cachet qu'elle plongea dans un verre d'eau.

« Prends ça... Je vais prendre rendez-vous chez le médecin pour qu'il traite ce mal de tête. C'est trop récurant, je n'aime pas te voir souffrir. »

Le jeune Michael hocha simplement la tête et avala le contenu du verre d'une traite, espérant que le liquide médicamenteux fasse effet le plus vite possible. En attendant, il s'allongea sur le canapé. Maudites migraines, pesta-t-il contre quiconque osait créer ce bordel dans son cerveau. Il consultât son portable, aucun message de Luke sur le fameux réseau social où il avait échangé pour la première fois. Génial. Après une bonne heure, l'aspirine bloqua enfin la douleur. Michael hésita : devait-il envoyer le premier message à Luke ? Voulait-il encore lui parler après la soirée qu'ils avaient passé ? Après tout, s'il n'avait rien envoyé, c'était peut-être -et sûrement- que le blond avait été déçu. Malgré tout, il devait en avoir le cœur net. Ne pas savoir le rendait fou. Son portable en main, il tapota un rapide message. Rapide, mais efficace. Du moins, il l'espérait.

Michael, 11h07, 30/06/2015 :
Luke ? Hm... Alors voilà. Je comprendrais si tu ne voulais plus me parler mais j'aimerais te dire que si c'était ce que tu choisissais et bien je serais vraiment déçu... Merci pour la soirée.

Après ces quelques lignes, il posa son téléphone sur la table basse, espérant recevoir une réponse au plus vite. Une sensation bizarre l'avait envahi, comme une sorte de flou. Un mauvais pressentiment qu'il ne saurait expliquer. Il mit cependant cet étrange ressenti sur le compte de son mal de tête.
Une heure. Deux heures. Trois heures. Toujours aucune réponse. Le coloré commençait à désespérer. N'avait-il pas pu prendre quelques secondes pour consulter ses messages ? Ou, la raison la plus probable, il n'avait pas voulu répondre, ce qui n'étonnait pas plus que cela le jeune Clifford.
Quatre heures. Son mal de tête revenait petit à petit, le cachet n'ayant malheureusement plus d'impact positif. Au même moment, son portable vibra et il s'empressa de le saisir entre ses mains, le déverrouillant en quatrième vitesse pour dévoiler le prénom de celui qui occupait ses pensées.

Luke, 15h18, 30/06/2015 :
J'ai apprécié la soirée Michael. Je n'ai aucune envie d'arrêter de te parler. Sans te connaître, tu me plaisais déjà. Après t'avoir vu, ça n'a fait que s'amplifier.

Michael, 15h19, 30/06/2015 :
Je ne veux pas que tu te sentes obligé...

Luke, 15h23, 30/06/2015 :
Je suis sincère. Peut-être qu'on pourrait se voir ? Disons, demain soir, après les cours ?

Michael, 15h24, 30/06/2015 :
Je suppose que tu ne voudras pas me voir au lycée...

Luke, 15h27, 30/06/2015 :
Ashton... Il n'apprécierait pas. Je me fous de lui, mais je me soucis de toi. Il t'arriverait des problèmes s'il sait que tu traines avec moi.

Michael, 15h27, 30/06/2015 :
Je suis prêt à prendre le risque Luke.

Luke, 15h36, 30/06/2015 :
Demain soir, après les cours, on se rejoint au coin de la rue du lycée. D'accord ?

Michael, 15h38, 30/06/2015 :
J'y serai.

Jusqu'à ce que le coloré s'endorme à près d'une heure du matin, les deux adolescents n'ont cessé de converser. Concerts, musiques, famille, Luke et Michael avaient décidément beaucoup plus de points en commun qu'ils auraient pu l'imaginer auparavant. Pour autant, n'y a-t-il pas un vieux proverbe saugrenu qui disait que toutes bonnes choses avaient une fin ? Une histoire proche de l'idéal, une rencontre impensable qui débouche sur quelque chose de beau, de grand, d'utopique... Les plus pointilleux chercheraient l'erreur, le détail qui pourrait faire basculer l'histoire. Est-il possible que Michael soit tombé dans un compte de fée, sauvé par un ange venu de nul part ? Ou bien... N'y aurait-il pas quelque chose de plus compliqué ? Michael était déjà plongé dans ses rêves et illusions, dans un sommeil profond qui continuait sa réalité, et pourtant, certaines choses dépassent l'être humain. Impossible que le coloré soit l'exception qui confirme la règle, n'est-ce pas ?

NDA : après quelques (longs) mois, j'ai décidé de continuer cette fiction. Les premiers chapitres seront un peu hésitants mais je sais comment va se terminer l'histoire. Étant en vacances, je publierai beaucoup plus souvent. Merci à ceux qui continueront de suivre Indispensable.

Indispensable. || Muke.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant