Chapitre 1

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Les images. Les bruits. Les sensations. Ils lui écrasaient le crâne. Elle avait l'impression qu'une tempête soufflait dans sa tête. Il fallait qu'elle coure. ILS devaient être à ses trousses. Le blé du champs qu'elle traversait lui coupait la peau. Elle avançait le dos baissé, espérait qu'ainsi elle serait cachée. Les épis lui fouettaient le visage. Le sel de ses larmes ne cessait de raviver la douleur. Elle tombait. Trop souvent. Elle devait se dépêcher. Ses chevilles se coinçaient dans le plantes. Elle donnait des coup pieds pour s'en dégager. Le blé semblait l'observer, se pencher vers elle pour lui barrer le chemin. Elle aurait aimé hurler pour évacuer la rage et la douleur mais elle ne pouvait pas. Il ne fallait pas qu'ILS l'entendent. Elle se mordit le poing, lança un cri silencieux. Le bruit de ses pas résonnait dans chaque partie de son corps. Ses oreilles sifflaient. Ses longs cheveux noirs lui bouchaient la vue et fouettaient ses écorchures. Le souffle lui manquait. Eeeehh... Fffffff... Eeeehh... Fffffff... Ses appuis se faisaient de plus en plus lourds. Elle tombait plus qu'elle ne courait.

Elle sentait le couteau qu'elle avait récupéré rebondir dans sa poche. Ça la rassurait un peu. Comme un porte-bonheur. Il ne cessait de taper contre sa cuisse droite, il rythmait sa course. Son cœur battait de plus en plus vite. Il lui criait d'arrêter. Je ne peux pas. Il tambourinait contre ses côtes, comme s'il avait voulu s'enfuir. Il lui ressemblait. Sa jambe gauche la lâcha. Elle s'était fait une crampe. Ne pas se concentrer sur la douleur. Avancer. Respirer. Le couteau bat la mesure. Ne pas ralentir. Où ILS la rattraperont. Le sang coulait le long de ses bras. Les plantes se coloraient de rouge. Le vent fouettait son visage. Ses sens l'épuisaient. Elle aurait aimé fermer les yeux, se boucher les oreilles. Elle chuta à nouveau. Une voix lui souffla à l'oreille qu'elle pourrait rester par terre. Elle arriverait peut-être à mourir avant qu'ILS ne la retrouvent. NON ! Elle devait se battre ! Elle n'aimait pas l'abandon. Je ne suis pas une lâche. Puiser dans l'énergie qu'elle avait. Atteindre la route avant que son adrénaline ne s'épuise. Elle sécha ses larmes. Elle était forte. Elle se releva pour la énième fois. La douleur aiguë qui lui traversa la jambe lui arracha un cri. Sa tête lui tournait. Elle titubait. Mais elle ne s'arrêta pas. Sa volonté était plus forte que l'étourdissement et la douleur. Enfin, elle aperçut la route.

Elle ne savait plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant