Partie 2 : L'oeuvre du Diable

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Une nuit de plus.

Un jour de plus à survivre, vainement, en espérant encore.

L'espoir ? Pouvait-on encore y croire ? Comment s'accrocher, ne pas sombrer en regard par delà la fenêtre ?

Combien d'habitants étaient mort ? Combien le seront encore ? 

Combien d'horreur devraient-ils vivre avant que le monde ne se réveille ?


De l'autre côté, à un kilomètre à peine, les bombardements s'intensifiaient. La petite rivière de la ville était devenue un long fleuve sanguinolent où gisait des corps, le regard tourné vers le ciel, les bras et jambes ballants.

Et, non loin de cette rivière se trouvait des milliers d'hommes, femmes et enfants qui marchaient d'un pas lourd, emportant tout les biens qu'ils pouvaient avec eux.

La foule était silencieuse, aussi mouvante que possible : le peuple fuyait la guerre, ou du moins, ceux qui le pouvait, laissant un nuage de poussière derrière eux.

La famille d'Assâad était restée. Tétaniser, ils se refusaient de partir, ayant peur de passer par la porte : ils attendaient que la situation s'améliore, priaient pour recevoir des vivres...


- Essaye de boire un peu plus... Fait un effort, Yasmine.

Malgré les efforts et la douce voix que déployait sa mère, la petite n'esquissait plus le moindre mouvement : respirant avec difficulté, celle-ci n'avait plus aucune force...

L'ombre de la mort planait au dessus d'elle.

L'enfant téméraire, lui, les observaient, recroqueviller dans un coin.

Il savait.

- Maman ? Chante moi une chanson. -lui demanda t-il avec l'espoir que cela l'apaise comme lorsqu'elle lui contait des histoires le soir, que tout revienne comme avant.

Sa mère acquiesça, fredonnant sans réel conviction :

- Rima* elhinda'a 

Sha'ra aswad we mna'a

Willi yehibbek bibusek
Willi baghadek shu bitla'a

Yall tnam.........yalla tnam
Ladbahla tayrel hamam
Ruh ya hamam la tehaddi 
Lakzeb 'a Rima... tatnam*

Les paupières d'Assâad se fermèrent et, lentement, son petit corps se détendit.

Il sombra dans un sommeil sans violence.

Un sommeil où la mort n'avait pas sa place, tendis que sa mère chantait toujours.


Un hurlement strident retentit au petit matin.

Un cri si douloureux, si poignant, qu'il vous cillait l'âme en deux et vous collait à la peau pour le restant de vos jours.

C'était le cri de Nahîla.

Assâad tremblant de peur, regardait sa mère bercer Yasmine contre elle, les joues striées de larmes.

Le bébé dans ses bras était rigide, son corps aussi froid qu'un bloc de glace.

Yasmine n'avait pas survécu et, inconsolable, sa mère ne cessait de gémir, les traits déformer sous la douleur.

Alors, indécis mais bienveillant, le petit homme se leva, rejoignant sa famille, avant de sécher les larmes de sa mère et de tenir sa tête au creux de son cou.

- Tout va bien, maman. Yasmine n'a plus mal : elle est avec Allah maintenant.

Les pleures de Nahîla redoublèrent d'intensité et, pendant qu'une mère hurlait son chagrin, son fils l'épaulait, soulageant sa peine comme il le put, lui parlant à voix basse, fredonnant comme elle l'avait fait pour lui.


Un ange était né ce jour là.


______________

*Rima* l'intelligente

Aux cheveux noirs et bien soignés
Celui qui t'aime t'embrasse
Et celui qui te déteste va avoir** des problèmes

Allez, dors ......... allez, dors
Pour te sacrifier un pigeon.
Va Ô Pigeon, ne me crois pas
Je mens à Rima pour qu'elle dorme.  




Me revoici ! 

(La nouvelle ne fera pas plus de 4/5 parties....)

Réactions ? 

XOXO

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