Si on m'avait dit qu'un jour j'allais mettre les pattes dans une ville humaine, j'aurais bien rigolé. En effet, qu'est-ce que moi, heureux citoyen des bois, voudrait bien ficher dans un de ces amas de béton puants qui abritaient les sans-poils? Franchement, je ne voyais pas pourquoi.
Les humains sentent mauvais et produisent des mégatonnes de déchets, qui n'empestent pas moins qu'eux. Eheh, pour quelqu'un qui a déjà approché sa truffe d'un dépotoir, laissez-moi vous dire que c'est pas jojo. De plus, ils sont super énervants à venir sans cesse fouiner dans nos affaires. Pas besoin d'imbéciles en ridicule costume de garde-chasse pour nous protéger dans ce qu'ils appellent des réserves écologiques. Surtout quand les réserves en question sont bourrées de campings. Et là, c'était la totale, feux de camp, moteurs, cris, tout pour faire fuir le gibier! Même plus possible de roupiller tranquille! Et après ça, les castors du lac en bas, au courant pour ma double-nature, me demandent pourquoi je décide de n'être que loup. En guise de réponse, je leur ai grogné à la figure et ils sont tous partis se cacher dans leur taudis de branches mouillées.
Eh ouais, c'est moi le grincheux de la place. Je suis réputé à travers cette forêt pour mon apathie et ma mauvaise humeur. Pas que je m'en plaigne, nooon.
Une mère perdrix m'a même un jour caqueté dessus sévèvrement quand je me suis approché de ses petits. Je voulais seulement jouer un peu avec eux, pas en faire mon casse-croûte! (Bon, j'admets que les poussins sont tout de même succulents).
Et puis, j'étais malin. Oui, trèès malin. Ça m'était déjà arrivé de croiser d'autres loups, bien plus au nord par contre, et quand nous avions communiqué, ils avaient été surpris par mon registre de jurons fleuris (en language bestial, non mais), puisqu'ils avaient fait la bêtise de laisser leurs louvetaux se balader près d'une rivière à trop fort débit. J'étais aussi bien plus doué pour la chasse. Grâce à ma conscience supérieure (bien sûr sans vouloir me vanter), je savais piéger mes proies avec facilité et éviter les humains.
Surtout en saison de chasse, je prenais un vicieux plaisir à saccager le campement des chasseurs qui revenaient plus tard, dépités, pendant que je leur riais au museau en les observant de loin. Bon d'accord, des fois je trichais et prenais forme humaine pour faire encore plus de dégâts, des mains étant plus efficaces que des pattes à certaines occasions. Bref, tout ça avait comme résultat le départ quasi immédiat des chasseurs en colère qui ne comprenaient plus rien. (Rire sadique).
Et voilà comment je menais ma petite vie, paisible comme tout, à me promener dans la montagne et à profiter de la beauté de la nature. Puisque je n'étais pas comme les autres loups, je ne suivais pas tout à fait leur mode de vie, sachant me débrouiller à ma façon. C'était super, un lapin ou deux sous la dent, une lampée dans le lac le plus proche et hop! La fin de journée à se prélasser sur les rochers au soleil. Que demander de mieux?
J'étais loin de me douter que demain mon paradis allait être boulversé.
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RYDER
Teen FictionQui aurait cru qu'un jour, Ryder se retrouverait en train de se balader sur des rues d'asphalte et qui plus est, sur deux jambes, alors qu'il mène une vie bien confortable dans les bois? Car, effectivement, notre jeune homme n'est pas un être comme...