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K I M   T A E H Y U N G
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  Depuis que je suis gosse, mon frère et moi, nous entretenons une relation plus que fusionnelle, ce qui, parfois, perturbe les gens qui ne nous connaissent pas.

En même temps, deux frères qui sont tout le temps en train de se faire des câlins et des papouilles, ça peut porter à confusion, mais moi et Hoseok ne pratiquons absolument pas l'inceste, et pour approuver ce genre de dires, Hoseok sort avec une fille.

D'ailleurs, entre elle est moi, c'est simple;

Je la déteste.

Elle est trop belle, trop gentille, trop parfaite, trop surfaite.

Elle est tout le temps en train de coller mon frère, est j'ai même l'impression que celui-ci m'oublie, peu à peu, pour me remplacer par cette pimbêche.

Avant, nous partagions tout, que ce soit nos activités, ou nos sentiments respectifs.

Lorsqu'il allait mal, j'étais toujours là pour lui, et quand c'était moi qui n'allait pas bien, il me réconfortait dans une de ses étreintes fraternelles dont il avait le secret.

Maintenant, il n'en a plus que pour elle.

Elle, elle, et encore elle.

Dès qu'il me parle, il est question d'elle.

Dès qu'il sort quelque part, c'est avec elle.

Dès qu'il vient se réfugier dans mes bras pour pleurer, c'est à cause d'elle.

Sérieusement, il est aveugle, et c'est ça qui m'exaspère le plus.

Je la déteste, je la déteste, je la d é t e s t e.

À chaque fois que je la vois, j'ai réellement envie de la tuer.

Parce que de un; mon frère ne la mérite pas.

De deux; elle essaye de me draguer, et ce ouvertement devant Hoseok, mais il ne voit rien. Ce con.

Et de trois; elle ne l'aime pas, elle sort avec lui juste parce que notre père est riche -donc lui aussi-, c'est tout. Elle ne lui accorde aucun sentiment, et je trouve ça juste dégueulasse, surtout pour lui.

Si je pouvais, je la frapperais comme le putain sac à merde qu'elle est et je lui enfoncerais mes doigts dans ses deux gros yeux globuleux de poisson rouge.

Mais ce n'est pas possible, surtout en ce moment. 

Parce que là, maintenant, j'ai réellement envie de le faire.

Non pas parce qu'elle est en train de manger avec nous, mais plutôt parce que mon frère vient d'annoncer, devant toute ma famille, qu'ils allaient se fiancer.

J'ai réellement envie de gerber devant cette déclaration.

— Je suis totalement consentant, fils, approuve mon père avec son éternel air enjoué.

Ma mère acquiesce avec ferveur , ses yeux se plissant lorsqu'elle étire ses jolies lèvres rosées dans un sourire angélique.

J'ai réellement envie de tous les frapper.

Mais ils ne voient rien ? Je ne comprends pas, c'est clair comme de l'eau de roche pourtant !

Je n'arrive pas à me contrôler plus longtemps, c'en est trop.

La vaisselle se brise avec violence, répandant son contenu sur le sol autrefois immaculé de notre salle à manger.

Je me lève, furibond, faisant valser sans ménagement ma chaise en osier contre le mur et lance un regard emplit de reproches à Hoseok, qui m'observe, indécis et perdu suite à ma réaction plus qu'excessive.

— Connard, je siffle entre mes dents avant de disparaître derrière le chambranle de la porte.

J'ai peut-être mal réagis, mais je ne suis pas quelqu'un qui réfléchis aux conséquences de mes actes. J'ai toujours tendance à agir sur des coups de tête, mais c'est dans ma nature, je ne peux rien y changer. Et puis après tout, je suis humain, et chaque humain a ses qualités et ses défauts.

Je grimpe quatre à quatre les escaliers menant au premier étage, là où se situe ma chambre.
J'ai réellement besoin de m'isoler.

Une fois enfermé à double tour à l'intérieur de mon antre, j'attrape le paquet de cigarettes caché sous mon oreiller -ma mère ne m'aurait jamais permit de fumer-, et ouvre la fenêtre du balcon avant de me glisser dehors. J'ai envie d'extérioriser.

Le vent frais fouette mon visage, s'insinue dans mes narines, ma bouche, remplissant tout mon être d'une sorte d'excitation indescriptible. Mon cœur se gonfle lui aussi, me faisant sourire de façon on ne peut plus niaise.

Je ne peux pas l'expliquer, mais à chaque fois que je suis dehors, je ressens cette sensation de liberté, et j'aime ça, je trouve ça enivrant.

À l'aide de mon briquet, j'allume la cigarette que j'ai glissé entre mes doigts tremblants. Je ne sais même pas pourquoi, d'ailleurs.
Peut-être le trop plein d'émotions.

J'aspire avec insistance une première bouffée, laissant le poison mortel s'infiltrer dans mes poumons, me procurant une sorte de plaisir à la limite de l'irrationnel.
Je ne me comprend pas moi même, mais fumer me libère.

— Tu aimes ça ?

Je baisse les yeux vers l'endroit d'où provient la voix, et croise le regard d'un jeune homme.

En plein milieu du jardin.

Il sourit de toutes ses dents blanches, bien alignés, et replace sur son front quelques mèches brunes qui lui obstruaient la vue.

Il n'est pas très grand, mais il a plutôt l'air bien bâtit, campé sur ses deux pieds, et chaussé d'une paire de mocassins noirs, une légère blouse blanche recouvrant ses épaules bien montées.

Peut-être est-ce le jardinier ?
Je ne pense pas. Après tout, quel jardinier sensé taillerait sa haie à vingt-deux heures ? Et en mocassins ? Non. Impossible.

— Tu fais quoi là ? C'est une propriété privée, je ne peux pas m'empêcher de murmurer, comme pour moi même, mais malheureusement, il m'entend.

Il soupire, baisse sa tête, pour la relever presque aussitôt vers moi, son sourire d'idiot toujours scotché à son visage.
Ça me donne envie de le frapper, tout comme cette pimbêche qui doit encore être dans la salle à manger avec Hoseok.
Il faut que j'arrête de penser à tout ça.

— Tu pourrais répondre à ma question, ce n'est pas très poli de me laisser dans l'ignorance. Mais si tu veux tout savoir, j'habite ici moi aussi, serais-je invisible ?, dit-t-il, ne pouvant s'empêcher de rire sur la dernière phrase.

Je soupire.

Humain || v.kookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant