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K I M   T A E H Y U N G
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J'ai beau me retourner depuis plus d'une heure dans tous les sens, le sommeil ne vient pas, et le matelas de mon lit me paraît aussi dur que de la pierre, ce qui n'arrange rien.

Ça va faire trois jours maintenant, et j'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi.

Trois jours que Hoseok et moi nous sommes engueulés à cause de Hana.

Cette salope.

Pourquoi Hoseok ne veut-il rien comprendre ?

Je n'ai dit à personne d'autre qu'à lui ce que je pense d'Hana dans mon entourage, je ne m'en sens pas capable, et je trouve que c'est mieux ainsi.

J'ai beau être plus petit que mon frère, j'ai une envie irrépressible de le protéger, et ce depuis ma plus tendre enfance. Alors à cause de ça, on me répète souvent que je suis trop possessif, et par dessus le marché, pourvu d'une jalousie maladive.

Peut-être est-ce vrai. Mais je n'en ai rien à faire.

Je me tourne encore une fois dans ma couette, et souffle d'exaspération. J'ai besoin de marcher.

De retourner dans le laboratoire.

Lentement, je me lève, laissant mes pieds nus traîner avec paresse sur le parquet de ma chambre.
J'enroule ma couverture autour de mes épaules, car je suis torse nu.
J'ai pris pour habitude de dormir en caleçon.

Pas les caleçons du genre boxer et autre, qui collent au cul et dessinent les rondeurs de nos fesses, mais bel et bien les caleçons du genre un peu vieillot, qu'on pourrait porter en tant que slip de bain, qui sont un peu larges, et qui descendent niveau mis-cuisses.
Je m'y sens plus à l'aise qu'avec un truc qui me colle au corps et me donne trois fois trop chaud.

C'est donc avec mon vieux slip rayé et ma longue couverture posée sur les épaules que je descend précautionneusement les deux étages me séparant du sous-sol.

Une fois arrivé devant la grande porte, je m'approche d'une petite niche incrustée dans le mur.

Je sais que derrière les vieux bibelots qu'elle contient se trouve le passe permettant d'ouvrir le laboratoire, car j'ai vu Hoseok le prendre là.

Une fois attrapé, je le passe devant le détecteur et pénètre dans la grande pièce plongée dans l'ombre.

Pas tant que ça.

La porte de la petite salle où se font recharger les robots opérationnels et où les androïdes défaillants et prototypes se font entreposer est ouverte, laissant la lumière rouge éclairer d'une lueur inquiétante les lieux.

Je m'approche, mais me fige lorsque j'entends un bruit de chute venant de la pièce.

Puis plus rien.

Serait-ce un voleur ? Quelqu'un souhaitant s'approprier les plans de mon père afin de les revendre ?

Avec précaution, je laisse tomber la couverture qui cache mon torse et m'approche de la porte silencieusement.

Sur le sol, un homme regarde l'état de son genoux...articulé.

Un androïde.

Sentant ma présence grâce à ses percepteurs, il relève son visage vers moi et me regarde, incrédule.

«Tu...es...réveillé ?, est la seule phrase que j'arrive à articuler. C'est clairement pas ce que j'aurais voulu dire, mais tant pis, le mal est fait.

— Et vous monsieur ? Savez-vous que l'accès au laboratoire est strictement interdit aux membres n'appartenant pas au personnel ?», répond t-il En se redressant de toute sa hauteur.

Je reste bouche-bée. Il ne m'a pas parlé d'un ton insolent, sa remarque était même plutôt douce. Mais ce qui me rend ainsi, c'est le fait qu'il soit nu.

Complètement nu.

Ses cheveux d'un brun tirant sur le noirs tombent sur son front et cachent ses épais sourcils bruns, et ses yeux, tout comme ceux de Jimin, semblent me sonder.
Son corps est svelte, élancé, et si je ne voyais pas le petit boîtier sur son flanc, je pourrais croire que c'est un humain tant la reproduction est fidèle.
Ses jambes sont musclées, et son torse aussi.

Mon regard s'arrête sur son pénis quelques secondes, et je déglutit.

Serait-ce mon côté gay qui ressort ?

«Monsieur ? Êtes-vous toujours avec moi ?

—Je...oui...mais... pourquoi...cette...tenue...?

— Oh, j'avais un peu chaud, et comme il n'y avait personne, je me suis dévêtit. Cela vous gêne t-il ? Je vais me rhabiller monsieur. Je rangeais simplement cette pièce avant de me désactiver, assura t-il tout en attrapant un jogging traînant sur le sol qu'il enfile directement sur sa peau nue.

— Je... Tu peux te désactiver toi même ?

— Je suis programmé pour ça monsieur.

— Et qui...t'as construit ?

— Kim Hoseok, jeune scientifique, fils de Kim Bae Sung, lui même scientifique de renom. Mon code de fabrication est aLl23Z, et mon nom humain Jeon Jungkook. Et vous, vous êtes Kim Taehyung», dit-il mécaniquement, comme si il récitait un  texte appris par cœur.

Je suis étonné. Il a réussi à savoir qui j'étais simplement en me sondant grâce à ses percepteurs.

Quand j'y pense, si jamais ces androïdes venaient à être utilisés par l'armée sud-coréenne, les militaires et hackers seraient soulagés de beaucoup de poids.

«Quel est ton sentiment attitré Jungkook ?

— On m'a programmé pour la gentillesse et la serviabilité monsieur.

— Ce ne sont pas des sentiments...

— Non, mais les scientifiques ont réalisés certaines prouesses que vous...ignorez.»

J'acquiesce.

Parler avec un robot est tout de même assez déstabilisant.

Déjà qu'avec Jimin j'avais du mal, Jungkook est peut-être même encore pire.

Il a cette façon de vouvoyer qui m'exaspère, et pas qu'un peu. Ça me met carrément en rogne, et je ne sais même pas pourquoi.

J'aimerais simplement qu'il comprenne qu'il n'a aucune raison de me vouvoyer, d'autant plus que physiquement, il à mon âge.

Cet androïde m'intrigue.

Humain || v.kookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant