Give me your word.

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Tout n'était que désolation en cette sombre saison qu'était l'hiver. Newt traînait les pieds dans la neige, ne prêtant pas attention aux alentours. Les arbres étaient recouverts de cette fine couche blanche qu'il détestait. En réalité, c'était la saison entière qu'il exécrait. L'hiver était synonyme de déprime et de laisser-aller, autrement dit, tout ce qu'il avait décidé de laisser tomber quelques années auparavant.

Mais cette marche lui faisait tout de même un bien fou. Il avait ressenti le besoin pressant de sortir du cocon familial pour, au moins, quelques minutes et même si la nuit commençait à tomber et qu'il faisait une température trop basse pour sortir, il l'avait décidé et avait agit. Sa marche nocturne n'était la cause que d'une simple querelle entre lui et sa mère, rien de très grave en soit, seulement la colère avait déferlée en Newt et ne voulant blesser personne, il avait souhaité l'extérioriser ailleurs. Et ça fonctionnait. Depuis qu'il avait enfilé un gros manteau, des gants et un bonnet, il jurait. Dans sa marche, il shootait dans les cailloux encore visibles, ils shootait dans la poudreuse et plus rien n'avait d'importance. Il avait réussi à s'enfermer dans sa bulle.

- Isaac Newton.

Les deux noms prononcés n'avaient pas plus de signification pour Newt qu'un vieux bibelot mis au grenier, il ne prit donc même pas la peine de se retourner.

- Newt.

Ce fut le déclic. Ce dernier releva brusquement la tête et sans se retourner, sans avoir vu le visage de la voix, il savait.

- Thomas.

Et puis, il y eut un silence qui s'installa et qui sembla durer plusieurs décennies. Mais le prénommé Thomas y coupa fin. Il se jeta sur Newt en l'enlaçant par derrière.

- Tu m'as manqué, Newt.

Ce dernier s'était détaché du garçon et s'était retourné afin de pouvoir enfin le contempler.

- Toujours cet air de fouineur peint sur le visage, Tommy. Je t'aurais reconnu entre milles, fit-il remarquer, un sourire malicieux dessiné sur les lèvres.

- Moi, je t'ai reconnu de dos. Je ne t'ai jamais oublié.

Dans la voix du brun qu'était Thomas détonnait une note de mélancolie, de nostalgie. Rien de tout cela ne semblait vraiment réel.

- Tommy, commença Newt, depuis combien de temps sommes-nous séparés, au juste ?

- 4 ans, 6 mois et 24 jours. Je peux compter les heures et les minutes mais de façon un peu plus approximative.

Le blond s'approcha de son ami et lui donna une tape dans le dos en l'enlaçant à son tour.

- Ça ira, mon pote. Tu m'as manqué.

- Et toi, alors...

Ils stoppèrent les enlacements et les paroles de retrouvailles pour discuter pleinement.
Newt se rendit compte, durant cette marche qu'il partageait désormais avec son ami, que la neige n'avait plus rien d'effrayant ou de dérangeant. Tout semblait sécurisant, joli et parfait.
Voilà, c'était ça. Tout semblait parfait.

- Tu sais, Newt, il s'est passé des choses pendant ces quatre années, tu te doutes bien. Tout est complètement différent, ma vie à littéralement changée. Et souvent, je regrette. Je regrette parce que j'aimais beaucoup nos moments mais tu me connais, je devais partir. J'avais besoin... d'autre chose. J'avais une envie d'aventure, d'imprévus, de choses un peu extraordinaires. Mais c'est fini, j'ai vécu.

La mine du brun n'était plus aussi insouciante que jadis. Il avait les traits marqués et des rides notamment sur le front comme en signe de perpétuel froncement des sourcils. Il parlait avec une voix grave que Newt ne lui connaissait pas. Son ami était devenu quelqu'un d'autre mais pas encore totalement.

- Pourquoi tu es revenu, Tommy ? Pourquoi m'abandonnes-tu quatre ans sans aucunes nouvelles, sans ne laisser aucunes coordonnées, pour revenir comme si rien n'était ?

Le duo c'était arrêté et le blond avait agrippé ses mains aux épaules de son ami.

- J'ai besoin de comprendre, reprit Newt, j'ai besoin de comprendre à quoi tu joue, qu'est-ce qui t'as décidé à partir et puis à revenir ?

La tournure de la conversation n'avait pas l'air de plaire à Thomas. Il enleva les mains de son ami de ses épaules et continua à marcher droit devant, sans se préoccuper véritablement du blond.

- Là est le problème, Newt, cria-t-il depuis là où il avait avancé, j'ai peur.

- Peur de quoi ?

Le blond avait avancé de quelques pas.

- Trop de choses. J'ai eu peur de partir et puis de revenir. Mais j'ai fait les deux. Peut-être que comme j'ai peur de tout te révéler, je vais le faire également.

Newt avait bien avancé, il ne lui restait plus que quelques mètres à faire et il serait aux côtés de son interlocuteur.

- C'est à cause de moi que tu es parti ? demanda-t-il.

- En partie, oui.

- Explique-moi, Tommy. Explique-moi quelle est l'autre partie. Explique-moi ce que j'ai fait de mal et qui t'as fait m'abandonner pendant quatre longues années ? Explique-moi, s'il te plait.

Le brun, la tête baissée, se retourna, jeta un regard vers Newt et vint vers lui. Sa main frôla la joue du blond et un sourire se fendit sur son visage.

- Je t'aimais, Newt. Et j'avais peur. J'avais peur que ce soit toi qui m'abandonne. J'avais peur que tu ne revienne jamais. J'avais peur de ne jamais te manquer, alors je suis parti. C'est moi qui est pris la décision de t'abandonner et de, peut-être, ne jamais revenir. Je voulais te manquer. J'ai réussi, mais sûrement pas de la manière dont je l'avais imaginé.

- Quelle est l'autre partie, Tommy ? interrogea soudainement Newt.

- Aucune. Il n'y avait que toi. Tu es la seule et unique cause de mon départ et de mon retour. Tu es la cause de ma respiration et du battement de mon coeur. Je te dois une montagne de choses merveilleuses. Mais aussi atroces. Je te dois mes crises de paniques, ma dépression. Je te dois mes arrêts cardiaques de quelques secondes, je te dois la vie et la mort, Newt.

Il faisait nuit noire désormais et la rue n'était éclairée que par quelques lampadaires. La neige reflétant quelque peu la lumière de ceux-ci, Newt et Thomas y voyait assez, pourtant Thomas sursauta quand Newt lui prit la main.

- Tout ira bien, Tommy, désormais. Je suis là et je resterai là jusqu'à ce que tu décides de repartir.

Une larme chaude roula sur la joue du brun.

- Je te dédie chaque mots prononcés dans ma vie et qui ont été bercés par une bonne intention. Je t'aime, Newt.

- Tu as toujours d'aussi belles paroles, Tommy.

Il s'approcha doucement du brun, l'enlaçant de toute ses forces malgré les deux manteaux qui séparaient leur peau.

- Je t'aime aussi, murmura Newt juste avant de poser délicatement ses lèvres sur celles du brun.

- Promets-moi, chuchota Newt, que jamais plus on ne sera séparés.

- Je te donne ma parole, promit Thomas.

Le blond pris la main, emmitouflée dans un gant, de son ami et avança sans plus se soucier de rien.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 04, 2016 ⏰

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