Tant qu'on est jeunes

Chapitre 14

Retour Autumn's P.O.V

Shawn venait-il réellement de me proposer d'aller chez lui ? 

En temps normal, j'aurais sûrement décliné cette invitation, à grand coup de raillerie, mais à cet instant, j'étais tout bonnement incapable de dire quoi que ce soit. 

Premièrement parce que j'étais encore sonnée d'avoir manqué de me faire renverser par Shawn en personne, et aussi parce que j'étais complètement bouleversée et étreinte par une bonne dizaine de sentiments à la fois qui s'entrechoquaient sans pitié en moi, me faisant me sentir coupable d'avoir quitté mon domicile sur un coup de tête, d'avoir crié sur ma mère, de ne pas avoir su répondre quelque chose à la déclaration de Mason, et de ne pas avoir consolé Ambre. Tous ces faits, additionnés à la honte indescriptible que je ressentais actuellement après m'être confiée à Shawn. 

Sincèrement, je ne savais pas ce qui m'avait pris de lui raconter mes problèmes. Je devais être sacrément paniquée et désespérée, parce que Shawn était bien la dernière personne à qui j'avais envie de raconter mes problèmes. 

Mais merde ! Pourquoi je m'étais mise à pleurer devant lui ?! 

Je venais littéralement de craquer devant lui. Ma carapace venait de se fendre sous ses yeux, dévoilant une fille fragile et perturbée sous les traits d'Autumn Hudson, aka la fille qui le détestait le plus au monde.  

Après la scène que je venais de lui jouer, c'était clair que j'avais perdu toute crédibilité à ses yeux. Il allait pouvoir se servir de cette fragilité jusqu'à la fin de l'année pour m'en faire baver. Mais à vrai dire, à cet instant, je m'en fichais pas mal. 

Je me fichais de tout, en fait. C'est comme si j'étais dans un état proche de l'anesthésie, une genre d'anesthésie foireuse, vous savez ; vous êtes conscients de vos actes, et vous vous rendez compte qu'ils auront des impacts dans le futur sur votre vie, mais vous vous en fichez. Parce que dans cet état, vous n'êtes que dans l'instant présent,vous n'arrivez pas à vous projeter, vous êtes persuadés que dans une heure ou deux ça sera oublié, et vous agissez tout de même. 

Je savais qu'en racontant mes problèmes à Shawn, j'allais m'en mordre les doigts dans une semaine ou même bien avant, mais à cet instant, plus rien ne comptait parce que j'étais perdue, et je me serais ruée dans la voiture du premier inconnu pour lui raconter mes emmerdes. J'avais, comme l'impression d'avoir perdu la notion du temps et de l'espace. 

Aussi, quand Shawn m'avait dit qu'il m'emmenait chez lui, il y avait eu une sorte de blocage en moi. La partie rationnelle de mon esprit, hurlait à la partie déchue que j'étais sur la route de la maison de mon pire ennemi, celui qui depuis la rentrée, faisait tout pour me pourrir la vie, la dernière personne chez qui j'avais envie d'être. Mais la partie déchue faisait la sourde oreille, ou simplement, ne réalisait pas. 

Alors quand Shawn m'avait annoncé dans le plus grand calme qu'il m'emmenait chez lui, je n'ai pas réagit. De toute façon, je n'avais pas d'autre choix ; je n'étais pas prête à affronter le regard de ma mère, ce regard déçu et amer qui était une véritable torture pour moi, dès lors que je le croisais. 

Le reste du trajet se déroula dans le silence. J'étais assaillie par un millier de pensées qui déboulaient par vague dans mon esprit, toutes plus incohérentes les unes que les autres, refusant de s'aligner pour former quelque chose de compréhensible. 

Je réfléchissais à cent à l'heure, sans pour autant que mon cerveau traite les données de mes pensées. C'était comme si, je parlais une langue étrangère sans en comprendre un traitre mot.

Quand je disais que ma vie était entrain de se casser la gueule ... Qu'est ce que j'allais aller foutre chez Shawn, bon sang ?! 

Au bout d'un temps de trajet qui me parut interminable, mais que je n'aurais cependant pas su représenter dans le temps, Shawn ralentit devant une grille en fer forgé, antre d'une propriété en périphérie du centre-ville, là où se concentraient les quartiers des riches milliardaires.