Joutes wappadiennes.
Thème : vous partez en voyage sans utiliser les moyens de transport habituels
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2eme prix ex equo
Toutes les oeuvres sont sur ma liste de lectures joutes wappadiennes -voyages .La brusque bourrasque moite et chaude m'arrache du sol. En observant autour de moi je constate que tous mes compagnons de voyage m'ont suivi.
Ils flottent à mes côtés, plus ou moins proches.
Le sol s'éloigne à présent à toute vitesse.
Ma vue se brouille et tout n'est plus qu'un maelström de teintes chatoillantes.Puis lentement nous nous stabilisons, la tête me tourne légèrement après ce départ mouvementé.
C'est mon premier voyage mais l'on m'avait prévenu que cela pouvait être animé. Parfois des vents contraires t'agitent en tout sens, parfois une douce brise t'emmène calmement à destination.Un courant d'air chaud nous pousse gentiment vers le sud, je profite de cette accalmie bienvenue pour observer le paysage.
Nous slalommons entre d'immenses végétaux rouges, jaunes et bleus, dans une débauche de couleurs et de formes ils s'élancent majestueusement vers le ciel.
Chez moi, les tons sont plus nuancés et les végétaux moins hauts, je contemple donc ce nouvel environnement avec curiosité, avide d'en apprendre davantage.
Mon attention se porte alors vers le bas : une procession serrée avance entre les frondaisons bigarrées. D'immense animaux couleur ébène progressent à petits pas, leur cuirasse de chitine noir luisant sous le soleil de midi.
De ma courte vie je n'ai jamais rien vu de tel. Décidément c'est un bien étrange pays que nous fait traverser la brise.Le courant se fait à présent descendant et je regarde avec anxiété le sol se rapprocher. Les autres voyageurs sont aussi inquiet que moi et un murmure sourd emplit bientôt l'air.
Notre descente nous rapproche dangereusement d'une étendue d'eau profonde. Malgré la lumière miroitant à sa surface il nous est impossible d'en voir le fond.
Alors que je vois notre propre convoi se refléter sur la surface moirée, je commence à craindre le pire.
Après tout il existe quantités d'histoires relatant des expéditions qui se serait écrasées, n'atteignant jamais leur destination finale.Mais finalement, un tourbillon ascendant nous propulse une nouvelle fois vers les hauteurs.
Je suis totalement déboussolée, mes compagnons ne semblent pas moins perdus . Je dois me faire des idées mais il me semble moins nombreux qu'à notre départ.
Je tourne mon regard dans toutes les directions et j'aperçois au loin un groupe semblable au nôtre que le vent pousse doucement en direction inverse. Leurs déplacements aériens créent un ballet céleste d'une beauté troublante.
Je me demande si le spectacle qu'offre notre expédition est aussi poétique.
De mon point de vue interne nous nous agitons dans des mouvements erratiques tel des poulets sans tête.
Mais bien sûr je ne perçois que mes mouvements propres et je n'ai pas idée de la vision d'ensemble. Il me plairait assez que notre passage puisse procurer une émotion esthétique chez celui qui le surprend.
Toutes à mes divagations j'ai perdu le fil de notre périple, je me sermonne d'être aussi peu attentif : après tout on n'accompli pas son premier voyage dans les airs tous les jours !
L'horizon est encore transformé, désormais de longs tuyaux dorés s'étendent à perte de vue, le passage de la brise entre ses majestueuses édifications déclenche un léger bruissement qui, démultiplié à l'infini, créé une symphonie grave des plus plaisantes.
Je reste tout estomaquée que pareille diversité ait pu se cacher à quelques encablures de mon foyer originel.
De quelle naïveté ai-je pu faire preuve, de m'imaginer que le monde entier puisse être à l'image de ce que ma courte vue pouvait apercevoir!
Alors que nous frôlons la cime de ses étranges constructions, un autre être volant, coupe violemment notre trajectoire. Avec ses grandes ailes duveteuses et son lourd corps il paraît de prime abord bien pataud mais un seul coup d'oeil à ses virages impeccables permet de se détromper.
Son passage en force au coeur de notre essaim, disperse bon nombre de mes camarades et je vois certains disparaître dans la forêt blondes des installations chantantes.
J'ai un pincement au coeur pour tous ses compagnons qui n'arriveront pas à destination, j'espère qu'ils pourront tout même s'établir à l'endroit de leur atterrissage forcée ou qu'un déplacement d'air plus poussé les fera redécoller.
Pour ma part, la chance me sourit et je continue mon avancée.
J'ignore la durée totale de ce périple et n'ayant aucune prise sur les événements, je me fais philosophe avant l'heure et décide de ne plus m'inquiéter pour la multitude des potentiels dénouements de cette folle équipée.
Je lève la tête vers le haut pour apercevoir le panache soyeux qui me sert de parachute ascensionnel dans ce voyage. Mes compagnons sont pareillement équipés.
Il est vrai que la fragile structure nacré et cotonneuse qui s'épanoui autour d'une fine tige possède une certaine poésie.Je reste émerveillée qu'une structure si frêle puisse nous transporter sur une telle distance. Qu'elle ploie au vent sans se rompre.
Au loin une large bande de terre brune annonce notre destination prochaine.
La vue de notre piste d'atterrissage me remplie d'allégresse. Malgré toutes nos péripéties je vais pouvoir accomplir mon destin sur cette nouvelle terre inconnue.
Mon appontage s'effectue bien plus en douceur que notre décollage.
Je m'enfonce rapidement dans le sol meuble.Une douce sensation chaude m'envahit, je suis bien, enfin à ma place.
Mon moyen de locomotion duveteux se détache doucement de mon être.Une aigrette de pissenlit, n'a droit qu'à un seul voyage dans sa vie : soufflée par un enfant j'ai pu découvrir un monde infini.
A présent il est temps pour moi de m'établir pour qu'un jour mes enfants emportés par un souffle ou la brise puissent à leur tour découvrir ce qui se cache au delà de l'horizon.
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