« On a deux agents morts, il faut lui mettre la main dessus ! »
La voix résonne dans ma tête. J'ouvre les yeux en me laissant éblouir par la lumière du jour. Bon, 'ai concrètement dû me prendre une bonne cuite moi. Je me lève doucement, en évitant tout gestes brusque et examine mon environnement. Je suis assise dans un canapé gris, plutôt confortable, mais ce n'est pas chez moi ici. Je repère le bureau en verre du commissaire.
Toujours un peu sonnée je balaie la sempiternelle moquette grise du regard et j'aperçois mon sac en cuir noir, adossé au canapé. Je fouille un instant puis attrape un miroir de poche pour m'examiner le visage qui me brulait. Une catastrophe.
Une blessure à l'arcade vient ternir mon regard, même si elle ne saigne plus. Ma joue est rouge, voire un peu violette dû au choc et ma lèvre inférieure, légèrement fendue.
J'examine ensuite mon bras douloureux et je pousse une exclamation de surprise : La marque rouge, qui vire au bleu, laisse deviner une emprunte de main.
- Mais merde, c'est quoi ça ? je m'exclame, interdite
Il me faut un lapse de temps afin de me rappeler la scène : La cellule, L, le choc me faisant perdre connaissance. Je disais quoi déjà ce matin, une bonne journée ? La blague.
Je décide ensuite de me faire violence pour atteindre cette satanée porte, tout en titubant. Je tourne la poignée dans un espoir presque vain, et magie ! Elle s'ouvre. Dans le couloir règne une réelle cacophonie qui doit se propager dans tout le commissariat : des agents de police courent dans tous les sens, si rapidement que mes yeux encore fatigués ne voient que des silhouettes floues, sans parler du brouhaha ambiant qui me laisse deviner qu'ils n'avaient pas trouvé L.
Le commissaire se poste devant moi, le visage découpé entre deux expressions : l'empressement et une once, vraiment toute petite, de gentillesse.
- Alors la belle au bois dormant, bien dormi ?
Je retire ce que j'ai dit. Je vais faire un meurtre.
- Vous savez que vous êtes psychologiquement dérangé Monsieur Le Commissaire le questionnais-je en me frottant la tête.
Il rit un instant (je vous le jure), puis reprend :
- Je suis content de voir que ton mauvais caractère a eu raison de L. On sait à peu près où il se cache maintenant, on a quelques pistes.
- Moi, mauvais caractère ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité ?
Il a l'air un peu plus calme que ce matin. Mais reste sur les nerfs.
- Il y a eu des morts ? lui demandais-je, anxieuse.
- Oui. Deux de nos agents, me répondit-il sur un ton grave, Il leur a brisé le cou. Ils n'ont malheureusement pas eu le temps de se défendre. J'aurai dû le garder à l'œil...
Une pointe de regret se glisse dans son regard mélancolique. Je m'imagine le spectacle sanglant, les agents morts, qui s'attendaient à une simple journée banale de plus, leur famille laissée derrière eux... Je chasse cette image en secouant la tête. Et si j'exerçais mon boulot pour la première fois de la journée ?
- Ce n'est pas votre faute, dis-je en posant ma main sur son épaule, vous êtes une équipe, vous allez vous en sortir... Je peux même m'occuper des familles des victimes si vous voulez.
Il acquiesce e me demande de m'assoir à son bureau
J'avance vers la chaise noire, et m'assied, en maudissant mon agresseur : les courbatures envahissent mon corps à chaque pas. Le commissaire se place devant moi, les bras soutenant sa tête, me laissant deviner qu'il est encombré de pensées. Je le regarde dans les yeux, ses pupilles se dilatent. A quoi pensez-vous Commissaire ? Il secoue la tête nerveusement en me voyant l'examiner.

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La Traque
FantasyLola, jeune stagiaire dans un commissariat, va se retrouver mêlée à une étrange affaire, la concernant de près. Va-t-elle pouvoir faire confiance à ses amis les plus proches où sont-ils de mèche avec ce "L", une étrange personne recherché par la pol...