Les souterrains

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Le blizzard provoqué inconsciemment par les pouvoirs d'Elsa s'était complètement dissous à mesure que la reine s'était apaisée. À présent, elle préparait avec Anna et Kristoff leur descente dans les basfonds d'Arendelle. C'était un plan plutôt effrayant et plus elle y pensait, plus elle se rappelait les histoires de fantôme que leur racontait leur mère.

Elsa ne savait pas sur quelle longueur s'étendaient les souterrains, mais heureusement, elles trouvèrent une ancienne carte dans la bibliothèque qui leur permit d'avoir une idée approximative des distances qu'ils avaient à parcourir. Anna fit une remarque cinglante à Kristoff au sujet de l'importance des livres qu'Elsa ne comprit pas tout de suite et ils commencèrent à rassembler le nécessaire pour leur expédition au centre de la terre. Des torches, des bougies, tout ce qui pouvait leur servir à s'éclairer. Elsa avait ses pouvoirs, Kristoff était muni de sa pioche et Anna mit un chandelier dans ses affaires ce qui lui vaut les remarques caustiques du garçon :

- Un chandelier ? se moqua t'il, sérieusement Anna ?

- Et alors, quoi ?

- C'est tout ce que tu as trouvé pour te défendre ? Un chandelier ?

Il se mit à rire de bon coeur et Anna l'ignora proprement. Elsa trouvait leurs chamailleries toujours très amusantes car elles ne duraient jamais longtemps et puis ils étaient si mignons, de vrais enfants !

Après une dernière vérification, ils partirent tous les trois et laissèrent le château sous la surveillance d'Olaf. Du moins c'est ce qu'ils avaient fait croire au bonhomme de neige qu'ils ne voulaient pas emmener. Non pas qu'il soit de mauvaise compagnie, au contraire, mais Olaf n'était pas toujours très discret et ils risquaient de se faire repérer par le croque-mitaine avant même d'avoir mis un pied sous terre.

L'entrée la plus proche était indiquée sur la carte comme étant sous l'arbre du crapaud. C'était un chêne centenaire, grand et plutôt lugubre qui participait largement aux rumeurs qui circulaient sur les souterrains. Elsa frissonna en le voyant. Il semblait si grand, si imposant, comme si l'arbre avait été là avant même qu'Arendelle n'existe. C'était impressionnant.

- Maintenant, trouvons l'entrée ! dit joyeusement Kristoff qui examinait attentivement les racines imposantes de l'arbre.

- Je ne suis pas certaine de son emplacement, dit Anna qui plissait les yeux en regardant la carte d'un air concentré.

- Bien sûr ! rétorqua le jeune homme en reculant, et où est-il ton discours sur l'importance des bouqu... AAAAH !

En reculant, le sol s'était affaissé sous son poids et les filles entendirent Kristoff dégringoler et pester au fond du trou.

- Ah, ben voilà l'entrée ! se contenta de dire Anna.

- Est-ce que tout va bien Kristoff ? demanda Elsa, rien de cassé ?

- Ça va, grogna le garçon avec mauvaise humeur.

Elles descendirent à leur tour. Kristoff avait déjà allumé sa torche et éclairait la galerie qui se déroulait sous leurs yeux. Les souterrains étaient froids, poussiéreux et les murs de pierre se séparaient en plusieurs dédales, si bien qu'ils ne savaient pas où aller.

- C'est un vrai labyrinthe ! murmura Kristoff, comment allons-nous faire pour retrouver le croque-mitaine là dessous ?

- Je propose qu'on suive l'odeur, dit Anna d'un air dégouté.

En effet, il régnait dans certains couloirs une puanteur incroyable, cette même puanteur qu'elles avaient senti au château, quand le croque-mitaine les avait attaqué.

- Je me demande par quelle entrée il passe ? se demanda Elsa

- Et moi, je me demande si je n'oublie pas quelque chose, répondit Anna en se grattant le cuir chevelu, un petit détail dont je n'arrive pas à me rappeler...

- Génial ! soupira Kristoff, et bien j'espère que ce n'est pas d'ordre vital parce que maintenant c'est un peu trop tard, si tu veux mon avis.

- Arrêtez de vous disputer, trancha Elsa, écoutez plutôt !

Ils se turent et tendirent l'oreille. Au fond des galeries, ils entendaient un râle sourd et régulier.

- Il ronfle un peu comme toi, dit Anna à l'adresse de Kristoff avec un clin d'oeil vengeur.

Décidément, ces deux là avaient le sens de la répartie.

- Ça suffit ! gronda Elsa

Ils suivirent le bruit à pas de loup jusqu'à l'antre du croque-mitaine. Il dormait profondément à côté d'une grande table, sur laquelle était disposés une assiette et des couverts en vrac. Elsa eut un mouvement de recul quand elle aperçut la tête hérissée du monstre mais ils continuèrent à avancer.

- Attendez, dit Anna à voix basse, comment fait-il pour se servir d'une fourchette ?

- Tu crois vraiment que c'est le moment ? s'énerva Kristoff, mais je t'en pris, réveille le et demande lui !

Elsa qui jusqu'à présent n'avait pas quitté le croque-mitaine des yeux, regarda plus attentivement l'endroit où ils étaient. Il n'y avait pas seulement une table et des couverts, il y avait un lit, une épée et un tas de vêtements froissés.

- Anna a raison, comment le croque-mitaine pourrait il porter ce... veston ? demanda t'elle en désignant un amas de tissus bleu.

- Euh... les filles, vous n'entendez pas quelque chose de bizarre ?

- Je n'entends rien du tout Kristoff...

- Justement !

Le ronflement du croque-mitaine avait disparu. Ils se retournèrent comme un seul homme et ils le virent. Le monstre se tenait devant eux et les regardait férocement mais Elsa lui envoya une gelée en pleine figure.

- Vite ! cria la reine qui en profita pour décamper, il faut l'attirer dehors !

Ils s'enfoncèrent dans les galeries en reprenant le chemin en sens inverse. Derrière eux, le monstre leur courait après toutes tentacules dehors. Il faisait de drôles de grognements excités dans leur dos, mais ils n'avaient pas le temps de se retourner.

Arrivés à l'ouverture, ils grimpèrent le plus vite possible mais le croque-mitaine attrapa la botte de Kristoff alors qu'il s'extirpait du trou. La bête cramponnait furieusement le pied entre ses dents. Anna et Elsa saisirent le garçon et tirèrent de toutes leurs forces jusqu'à lâcher prise, ils tombèrent tous. Le croque-mitaine leur roula dessus comme un ballon et atterrit à quelques mètre de l'arbre.

Il reprenait conscience peu à peu mais il gémit de douleur. Le soleil le faisait fondre sur place et au bout de quelques minutes il ne resta plus de lui qu'une flaque de poils carbonisés.

Ils avaient réussi, ils avaient détruit le croque-mitaine. Elsa était soulagée ! Le monstre était mort ! Maintenant, il ne leur restait plus qu'à retrouver les enfants et découvrir qui était le mystérieux habitant des souterrains, car Anna avait raison, comment une bête si sauvage aurait-elle pu se servir d'une fourchette ?

La Reine des Neiges, Mystère à ArendelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant