La première nuit

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Cette nuit là, la reine Elsa n'arrivait pas à dormir mais elle ne savait pas pourquoi. L'hiver venait tranquillement se poser sur les montagnes du royaume et les soirées étaient de plus en plus froides. Mais avec des pouvoirs comme les siens, ce n'est pas elle qui allait se plaindre, l'hiver était de loin sa saison préférée.

Assise au bord de la fenêtre de sa chambre, elle regardait le ciel qui était teinté de vert et de bleu. Elsa avait toujours aimé les aurores boréales. Quand elle était plus jeune, bien avant qu'elle blesse accidentellement sa soeur ou que les portes du château se ferment, elle rejoignait ses parents, le roi Agnarr et la reine Iduna, qui lui montraient les couleurs qui envahissaient le noir de la nuit. C'était un spectacle qu'elle appréciait et qui lui rappelait une époque révolue. Aujourd'hui ses parents n'étaient plus là, c'était elle la reine et bien qu'elle soit nostalgique en repensant à ces lointains souvenirs, les aurores la rendaient toujours heureuse, comme lorsqu'elle était une petite fille. Tellement de choses avaient changé depuis ce temps là. À présent elle n'avait plus à vivre cachée par peur d'effrayer les autres, elle n'avait plus à craindre qu'on la traite de sorcière. À Arendelle, tous s'étaient habitués aux pouvoirs incroyables qu'elle avait pourtant pris tant de soin à ne pas montrer. C'était inespéré et à vrai dire, elle n'avait jamais cru possible une vie comme celle ci, libérée du lourd secret qui pesait sur ses épaules, délivrée du regard des autres et de leurs jugements.

Elle était si heureuse, rien n'aurait pu troubler son bonheur et pourtant cette nuit là, un cri strident transperça le silence dans un écho qui percuta le flan des montagnes. Elle émergea de ses rêveries. Qui avait pu pousser un cri si aigu et pourquoi ? Une autre voix se fit entendre. Une femme pleurait, appelait au secours désespérément. Elsa sortit en trombe de sa chambre, vêtue d'une simple chemise de nuit sur laquelle elle avait enfilé un long châle. Les gardes qui veillaient sur le château avaient troqué leurs visages ensommeillés contre des yeux inquiets. Ils se regardaient, immobiles, eux aussi avaient été surpris par ce cri.

- Messieurs, ordonna Elsa, quelqu'un est en danger !

Avant même que la reine n'aie terminé sa phrase, les gardes s'exécutèrent et elle les suivit. Des lumières s'allumaient aux petites maisons de la ville, tout le monde avait été alerté par le cri et les pleurs lancinants de la femme. Quand Elsa arriva sur la place, une foule s'agglutinait autour d'une dame ronde prise d'incontrôlables sanglots, qui avait les genoux à terre et le visage rougi par les larmes.

- Madame, que s'est-il passé ? demanda doucement Elsa quand elle arriva à son niveau.

- Ma p... petite fille, s'effondra la femme, elle a... elle a été enlevée.

Les chuchotements qui agitaient la foule cessèrent aussitôt. Plus personne n'osait faire un bruit.

- Racontez nous ce qu'il s'est passé, encouragea Elsa au bout de quelques minutes.

- Quand je me lève la nuit, expliqua la femme après un autre sanglot, je veille toujours à ce qu'Hilda soit bien couverte et cette fois, en entrant dans sa chambre je...

- Qu'avez-vous vu ? demanda la reine.

- Une ombre, s'exclama t'elle, j'ai vu une ombre emporter mon enfant !

Alors que la femme était secouée par des pleurs hystériques, Elsa se releva. Tout le monde la regardait et semblait attendre qu'elle dise quoi faire, mais elle n'en avait pas la moindre idée. Elle se sentait si désarmée tout à coup.

- Elsa ! s'écria la voix d'Anna, Elsa ! Pardon...

À droite sa soeur fendait la foule, talonnée par Kristoff.

- Anna... Il se passe quelque chose de terrible...

- Elsa, coupa t'elle, il faut que tu viennes voir, viens s'il te plait.

- Raccompagnez cette pauvre femme chez elle, ordonna Elsa à ses gardes.

La reine suivit sa soeur jusqu'à un amas de neige sur lequel reposait une carotte et deux morceaux de bois. Était-ce... Olaf ?

- Qui a bien put faire une chose pareille, murmura la princesse dont les yeux s'embuaient.

- Ne t'inquiète pas Anna, la rassura Elsa, je peux lui rendre vie, c'est moi qui ai créé Olaf, rappelle toi.

À ces mots, Elsa mit ses mains au dessus du tas de neige et d'un mouvement, leur ami reprit forme. Une fois recomposé, Olaf avait un air absent. Anna s'agenouilla et lui tendit la carotte qu'il replaça gravement au centre de son visage. Jamais les soeurs n'avaient vu le bonhomme de neige dans un tel état de stupeur.

- Olaf, est-ce que tout va bien ? demanda Kristoff qui entoura Anna d'un bras protecteur.

Le bonhomme de neige restait muet.

- Qu'est-ce que tu as vu ? Qui t'a fait ça ?

- C'était... c'était un monstre, un monstre terrifiant...

Les deux soeurs se regardèrent nerveusement. Un monstre ? Olaf détruit et une petite fille enlevée... Comment était-ce possible ?

Elsa leva les yeux. Les aurores boréales avaient disparues elles aussi, seul un ciel noir infini les recouvrait, n'annonçant rien de bon.

La Reine des Neiges, Mystère à ArendelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant