Chapitre 9

491 49 16
                                    


Cela doit faire plusieurs longues minutes que je reste allongée, à moitié sous les draps. Mon regard est rivé sur mon bureau, faiblement éclairé par la lumière du matin qui pénètre dans la chambre. Mon esprit n'est centré que sur cette affaire. Je n'arrive pas à comprendre comment elle peut prendre de plus en plus d'ampleur, tout en restant sans le moindre indice convaincant. J'ai ramené quelques dossiers du bureau, je les ai feuilletés durant une bonne partie de la nuit, encore et encore, à l'affût du moindre détail de ce que je connais maintenant sur le bout des doigts.

Je retire mes draps brusquement et me lève. Il faut que je me vide la tête pour mieux me concentrer. Je regarde rapidement mon réveil, neuf heures. Un café et je sors courir.

Je sors dans le salon, la forte luminosité du ciel qui entre par les grandes fenêtres contraste avec celle plus légère de ma chambre. Mes yeux mettent un petit moment pour s'adapter. Mais lorsque mon regard se pose sur les gouttes d'eau qui viennent frapper les vitres, dans un rythme régulier et soutenu, mon visage se fend en un rictus mécontent. Je sens qu'aujourd'hui va être une journée qui va me faire péter un cable avant le coucher du soleil.

J'essaye de rendre mes pensées plus positives en me disant que je pourrais échanger mon jogging contre une séance de gym et d'étirements. Cela fait un petit moment que je n'en ai pas fait, et cela va faire du bien à ma souplesse, qui n'est pas l'un de mes plus grand avantages. Je suis bonne au combat grâce mon équilibre, ma rapidité et ma force. Mais ma souplesse me joue des tours lorsque je dois parer des coups plus subtils.

Le temps n'est vraiment pas de notre côté, et surtout pas de saison. Alors que la température devrait monter, le pluie et le vent froid font chuter les thermomètres.
Avec seulement un t-shirt trop long de mon université qui m'arrive aux genoux, je ne sens que peu le froid sur mes jambes nues. Je peut dire merci au chauffage et à l'isolation impeccable de l'immeuble. Ce qui n'était pas vraiment le cas dans l'ancienne maison où j'ai vécu durant mon enfance, avec ma sœur et mon père, mais on habitait plus au Sud et les basses températures étaient bien plus rares.

Pendant que je laisse chauffer l'eau pour le café, j'enfile rapidement un manteau et des chaussures. Je descends en bas pour récupérer le courriel et remonte activement les escaliers. Je referme la porte discrètement, enlève mon accoutrement et retourne à la cuisine pour finir la préparation de mon café.

Je suis calmement assise sur l'un des grands tabourets du bar qui sépare la partie cuisine de la partie salon. Je bois ma tasse tranquillement et trie les enveloppes, celles qui me sont destinées et celles qui le sont pour Alex.

Alors que j'ai presque fini, j'entends un petit déclic derrière moi et je me retourne. La porte de la chambre d'Alex s'ouvre lentement. Une grande et fine femme, au longs cheveux noirs et emmêlés, sort à reculons de la chambre. Lorsque qu'elle se retourne et m'aperçoit, elle retient de justesse un cri. Elle ne s'attendait sûrement pas à voir quelqu'un dans l'appartement, alors qu'elle fuyait discrètement le lit de son amant. Le maquillage qui avait un peu coulé, la chemise à moitié rentrée dans le pantalon, ses talons à aiguilles dans une mains et toutes ses autres affaires dans l'autre. Je suis convaincue que lorsqu'elle ne sort pas d'une soirée alcool-baise, elle doit être une femme très belle et élégante, même au naturel.

Ses yeux sont fixés sur moi, ses traits montrent sa surprise. De mon côté, rien de surprenant, j'avais pu entendre quelques-uns de leurs ébats, ce qui a renforcé mon insomnie. Avec une voix enrouée, sans pour autant bouger ou lâcher la poignée qu'elle tenait encore dans la main, elle s'exprime difficilement:

- Je... je ...

Je vois bien qu'elle se sent mal à l'aise. Je lui fais un sourire doux et lui réponds en chuchotant pour ne pas réveiller Alex.

Sanguis DracoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant