L'ascenseur Émotions

Agnès

Ma chère Agnès,

Nous avons embarqué lundi soir à bord du paquebot. Tes adieux m'ont manqués, j'aurais aimé t'enlacer une fois encore avant de partir. Sur le quai, de nombreux couples se sont séparés et c'était un étalage adorable d'amour et de mélancolie. Pourtant, rapidement le navire est parti, brisant des coeurs.
Malgré cela, c'est un voyage fort agréable, ponctué de delicieux repas, d'activités fort amusantes et de nombreuses heures de culture. Savais-tu, qu'il y a une salle de théâtre gigantesque et une salle de jeux formidable - dans laquelle je reste raisonnable, rassure-toi -? Tout est richement décoré et tu aurais beaucoup aimé notre cabine. En fait, il me manque plus que toi pour sublimer ce périple. Tes petits mots me manquent terriblement. Bien entendu, nous nous verrons bientôt et New-York n'est qu'à une traversée de toi.
Pour l'heure, nous nous écrirons.
J'aimerais pouvoir te décrire chaque recoin de ce splendide bateau mais il me faudrait tant et tant de papier que je ne suis pas sûr d'en trouver suffisamment ici! Mais sache que je te conterais tout par le menu lorsque nous nous retrouverons. J'ai hâte que toi aussi tu puisse me raconter d'ici peu ton voyage sur le Titanic, bien qu'il ne parte qu'en avril. Ce sera sans doute un souvenir majestueux pour toi. Je t'imagine déjà, attendant, fébrile, sur l'arrière du pont, tes longs cheveux roux baignés par le vent, habillée de vent, sublime. Comme toujours.
Toi qui aime les grands espaces cela te plaira j'en suis sûr! Imagine la mer, l'air iodé, l'horizon vide, si ce n'est quelques animaux par ci par là si tu es chanceuse.
Je pourrais te regarder des heures, assise au bord de l'eau, nouant et dénouant sans cesse ta chevelure. Je brûle que tu me rejoigne. New-york, c'est un nouveau départ et cela te plaira sans aucun doute.
Je dois te laisser, poser ma plume, car il sonne l'heure de dîner, mais je reste avec toi par le coeur.

À toi, à jamais,

Daniel.