Alone (EN PAUSE)

"Des mains ne s'animent pas toutes seules"

Bon, ce n'était qu'un cauchemar. Tant mieux... Le plus inquiétant, c'est que, même dans mon rêve, j'écrivais dans ce journal! Soudain pris d'un doute, je regarde les pages précédentes...
La totalité de mon "cauchemar" y est retranscrite.

C'est impossible, inimaginable... La seule explication est que je suis devenu somnambule. Mais même somnambule, aurais-je pu écrire des faits aussi précis?
Je dois garder mon calme. J'observe l'environnement autour de moi. Ah, oui... je suis à la rue. Plus précisément, adossé à un mur entre deux bennes à ordures dans une petite ruelle (je ne tiens pas à risquer de croiser quelqu'un que je connais). Heureusement que la saison est chaude, -je peux pour l'instant me passer de couverture- mais que ferais-je quand le temps se rafraichira? J'espère que j'aurais amélioré ma situation avant...
Je me lève. Même si j'en ai honte, je n'ai plus qu'une solution. Je dois retourner... chez ma mère.

Qu'il n'y ai pas de malentendu, ce n'est pas le fait de revenir habiter chez mes parents qui me gêne, mais plutôt la personnalité implacable de ma génitrice, Isabelle Statson. En effet, lui annoncer ma déchéance sociale ne va pas être une partie de plaisir...

"-QUOI?!
Comme je m'en doutais, elle le prend plutôt mal...
-Écoutez Isabelle (je ne l'ai jamais appelé "maman"), je...
-Ça ne m'étonne pas de toi! Tu as toujours été un incapable, un bon à rien! Laisser filer une carrière aussi prometteuse! Et une aussi merveilleuse fiancée! Je vais la regretter, elle me faisait penser à moi à son âge... Vas-tu m'écouter oui? Arrête d'écrire dans ce bouquin, c'est un irrespect total!
- Si vous saviez comme j'aimerais...
-Des mains ne s'animent pas toutes seules, imbécile... Comment oses-tu te moquer de moi? Je t'ai pourtant élevé! Ingrat! Je ne veux plus voir un raté comme toi. Pars de cette maison, et ne reviens jamais! Je te déshérite!!"

C'est sans regret que je lui tourne le dos et que je décide de m'en aller. L'argent n'est peut être pas tout, finalement...? Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais je commence à penser que ce journal ne m'apporte pas que des malheurs... Et ma mère vient sans doute de répondre à mon problème de cauchemar... "Des mains ne s'animent pas toutes seules..." en est-elle certaine?

Ou je deviens complètement fou. C'est une option que je trouve à présent très plausible puisque en face de moi, en plein milieu de la route, se trouve une porte ouverte que personne d'autre ne semble voir. Et elle donne sur une salle. Blanche. Avec un miroir noir au centre.