Découverte

562 38 37
                                    

«L'Alter. Cette substance qu'on a découverte permettrait de développer chez l'être humain des aptitudes totalement hors du commun. Par exemple, le type sur qui on l'a testée a commencé à parler aux bestioles. On aurait pu penser qu'il était juste devenu fou, mais le plus étonnant, c'est que la vermine qui vit avec lui là où on l'a enfermé semble le comprendre et même lui obéir ! On pense qu'il faudrait faire d'autres tests. Qu'est-ce que vous en pensez ?»
Le regard d'Izuku alternait entre le sachet en plastique qui contenait les gélules artisanales et le visage de celui qui le tenait.
«Il est beau»
C'est ce qu'il pensait à chaque fois qu'il le voyait. Son charisme était captivant. Émanait de lui une sorte de grâce innée, une majesté naturelle qui forçait quiconque à fléchir l'échine sous son regard profond. Chacun de ses gestes, chacune de ses expressions, chacun de ses mots, laissaient transparaître sa noblesse.
Pourtant, le plus hypnotisant chez lui, c'était sa tête. Ses traits étaient fins, son regard doux et sa bouche rosée. Son beau visage était surmonté d'une chevelure bicolore extraordinaire : une moitié était blanche et l'autre rouge. Celle-ci cachait, presque honteusement, une peau brulée et cramoisie, dont personne ne connaissait la cause. D'aucuns auraient pu dire que les fantaisies capillaires ne siéraient guère à un homme de son rang, mais l'effet produit ne faisait que renforcer le merveilleux du jeune homme.
Il ressemblait à une créature surnaturelle de par ses mains grêles, son cou fin et ses yeux vairons. L'onirisme qui émanait de sa personne semblait unique.
Izuku mit quelques secondes avant de parvenir à formuler une réponse.
«Je ne sais pas vraiment quoi vous dire de plus. En effet, il serait judicieux de faire plus de tests. Avez-vous déjà expérimenté votre Alter sur des animaux ?
-Oui. Ils meurent sur le coup.
-Et... avez-vous à votre disposition d'autres prisonniers sur lesquels vous pourriez faire vos expériences ?
-Justement, c'est pour cela que j'avais besoin de vous, Midoriya. On est à court d'humains, alors je voulais savoir si vous en aviez en réserve.
-Je suis navré, je n'ai plus pers...
Il fut coupé par une voix assurée qui venait de derrière lui.
-En fait, on aurait bien deux types qui se sont pas très bien comportés ces derniers temps. On pourra vous les filer si vous voulez, tant que vous nous les rendez en bon état.
-Bakugou, on t'a rien demandé.
Izuku semblait exaspéré par son acolyte.
-Attendez Midoriya, ça m'intéresse ! Les effets secondaires se limitent à quelques nausées et maux de tête. Pourquoi ne pas envoyer ces deux jeunes hommes chez moi pour quelques jours ?
-Eh bien... c'est vrai que je pourrais vous les prêter. J'aimerais que vous en preniez soin, je tiens énormément à chacun de mes collaborateurs.
-Nous les traiterons comme des invités bien sûr. Je vous promets sur mes plants de marie-jeanne que vos deux hommes vous seront rendus en parfait état.
-J'espère que vous tiendrez votre promesse, Todoroki.»

Une fois l'entretien terminé, Izuku, peu rassuré par les plans à venir, retourna dans son bureau, la cervelle en ébullition. Il n'osait pas annoncer à ses chers hommes de main le dessein de son compère Todoroki.
«Bakugou, préviens Kirishima et Kaminari de ce qui est prévu pour eux. Maintenant.
-Bien, patron.»
Il commençait à se faire tard. Le jeune parrain était exténué, comme tous les soirs. Et comme tous les soirs, il allait devoir dormir avec sa fiancée, et peut-être même la baiser. Rien que l'idée l'exaspérait. Il n'aimait pas les chattes, c'était un fait. Il n'aimait pas non plus les petits gémissements misérables qu'Ochako poussait quand il accomplissait son devoir de conjoint. Il avait plusieurs fois essayé de se forcer à apprécier ces moments, mais en vain. Il restait tout à fait stoïque devant la nudité féminine. Ce qui le faisait kiffer, lui, c'étaient les grognement virils de son amant, sa main puissante qui lui maintenait les bras, ses coups de buttoir violents qui faisaient claquer leurs peaux tandis qu'il lui défonçait le cul, son putain de souffle dans son cou, ses dents aiguisées qui s'enfonçaient dans sa chair, mais surtout la brûlure de son énorme bite contre ses parois. Il aimait avoir mal après s'être fait baiser violemment. Avec Ochako, il avait juste la gerbe.
D'ailleurs, il n'avait pas vu celle-ci de la journée, et il commençait à s'inquiéter. Il avait l'habitude qu'elle s'occupe de ses affaires dans son coin, mais elle paraissait toujours une ou deux fois dans la journée. Là, il ne l'avait pas même vue le matin. Il pensa qu'elle était probablement dans la chambre qu'ils partageaient. Il se rendit donc dans ses appartements, au dernier étage du manoir.
Arrivé là-bas, il voulut prendre une grande inspiration afin de crier le nom de sa fiancée, mais se stoppa net. Ça sentait bizarre. Une moue de dégoût s'installa sur son visage tandis que l'air métallique entrait dans son nez. L'odeur était horriblement forte. Ça sentait. Partout. Il avait compris. Ça sentait le sang. Il se rua dans sa chambre. L'odeur venait de là. Une masse sphérique avait été déposée sous les draps de son lit. Il souleva l'étoffe qui couvrait le matelas. Il avait peur. Il savait.
Une tache écarlate maculait le coton, et par-dessus la tache trônait la tête coupée de sa fiancée. Ses yeux étaient écarquillés de terreur, ses cheveux enduits de sang séché, des plaies ouvertes parsemaient sa peau bleuâtre, ses lèvres blanches étaient entrouvertes et son cou délicat grossièrement tranché. Il recula, bouche bée, le visage figé en une expression d'horreur, n'arrivant à faire sortir de sa gorge qu'une affreuse respiration saccadée. Il remarqua alors que dans la bouche de la macchabée se trouvait un paquet soigneusement emballé. C'était trop. Il courut dans la salle de bain et régurgita l'intégral contenu de son estomac. Des larmes coulaient sur sa face exsangue. Il toussait, sanglotant, tandis qu'il continuait de tout renvoyer par son œsophage. La sueur qui coulait sur son visage se mêlait aux perles salées qui dévalaient ses joues, jusqu'à rejoindre un filet de bave qui se traçait se sa bouche à son menton.
Un mot se répétait dans sa tête, encore et encore, martelant son esprit.
«POURQUOI»
Il le murmura, essuyant tant bien que mal son visage du revers de sa manche. Il n'arrivait plus à réfléchir, ni même à penser, prononçant cette seule locution pour lui même. Du murmure inaudible, il passa à la parole tremblotante, aux sanglots désespérés, jusqu'à hurler tout le désarroi qu'il pouvait mettre dans ces deux syllabes. Il tomba sur le carrelage dans un bruit sourd, se recroquevillant sur lui même pour mieux convulser dans ses pleurs. Il resta au sol un temps qu'il ne put déterminer. Quelques minutes, quelques heures ou peut-être même plusieurs jours, il n'en avait aucune idée. Il se décida enfin à attraper son téléphone pour appeler la seule personne en qui il avait confiance désormais. Il décrocha immédiatement.
«Oui patron ?
-Viens.»
La voix du jeune homme était affreusement faible. Tant qu'il ne se reconnaissait même pas parler. L'appel se clôt sur une approbation de l'homme de main. Izuku se hissa jusqu'au lavabo puis activa le jet d'eau froide, d'un geste incertain. Il s'aspergea le visage, puis ferma le robinet. Se regardant dans le miroir, il constata que son visage arborait toujours cet air horrifié qui semblait fixé à ses traits pour toujours. Son teint était livide et ses yeux semblaient vides de vie. La simple vue de lui-même dans cet état le rendait encore plus figé. Il ne voulait, ne pouvait plus rien faire. Dans un dernier effort alors, il fit quelques pas jusqu'à son salon, puis s'effondra sur un de ses fauteuils. Il n'en pouvait plus.
Soudain, il entendit frapper à sa porte. Il sursauta et porta immédiatement une de ses mains au revolver miniature, qu'il gardait toujours caché dans la poche intérieure de sa veste. Il ne pouvait plus accorder sa confiance, désormais.
«Deku ! C'est moi !
-Entre.»
Le jeune parrain se décrispa en entendant la voix si familière. Il avait besoin de lui. Le blond entra dans la luxueuse pièce.
«C'est normal que ça sente le sang ?
-Vas voir dans ma chambre et tu auras ta réponse.»
L'homme de main s'exécuta, et accourut dans la fameuse pièce.
«Désolé patron.»
L'intéressé plongea d'un coup sa tête dans ses mains, puis se remit à convulser en des pleurs silencieux. Entre deux sanglots, il parvint à articuler faiblement, la bouche à peine ouverte.
«Dans sa bouche, Kacchan. Il y a un petit paquet. Apporte-le moi. J'en ai rien à foutre des empreintes digitales, la police n'a rien à faire dans cette histoire. On règlera cette histoire entre familles.»
L'homme de main revint quelques minutes plus tard, tenant l'objet. Celui-ci était étonnamment très propre, comme s'il n'avait pas été dans la bouche d'une tête coupée. C'était un parallélépipède assez plat, soigneusement emballé dans un morceau de soie bleue nuit, orné de délicates broderies dorées. Un ruban de satin ivoire noué en papillon entourait le présent.
«Donne-moi ça.» La voix du jeune veuf était froide et sèche. Tout le dégoûtait dans cet objet qui lui était destiné. Le soin mis dans l'emballage alors qu'il reposait dans une bouche humaine, le luxe du tissu, et même la simple présence du paquet. Izuku dénoua prestement le joli ruban, puis déballa le petit objet. Il s'agissait en fait d'une cassette, légendée "Pour monsieur Izuku Midoriya".
«Hein ? Une cassette ? Pour moi ? Ça a pas de sens putain. Rien n'a de sens dans ce meurtre. Pourquoi on me fait ça ? Pourquoi moi ? Pourquoi bordel ? POURQUOI ?»
Le jeune homme éclata à nouveau en sanglots. C'était trop, beaucoup trop pour son petit cœur tendre.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Apr 03, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Drugs powerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant